Après une première mise en lumière en 2022 à la Galerie Roger-Viollet et au Centre Pompidou, l’œuvre de Gaston Paris (1903 – 1964) revient au premier plan. À Paris, la Galerie Roger-Viollet consacre à nouveau une exposition au photographe, dévoilant jusqu’au 17 janvier pas moins de 58 tirages contemporains exceptionnellement édités en 30 exemplaires. Une manière d’explorer l’extraordinaire cohérence de son regard, tout en célébrant un artiste trop rarement cité.

Un œil journalistique devenu signature artistique
Né en 1903, Gaston Paris se forme d’abord au journalisme avant de rejoindre, dans les années 1930, la presse illustrée en plein essor. Au sein du magazine Vu, dont il est l’unique photographe salarié, comme dans les pages de Regards ou Art et médecine, il forge une écriture visuelle précise, inventive, volontiers décalée.
Membre du Rectangle, collectif réunissant Emmanuel Sougez, Pierre Jahan et d’autres photographes publicitaires et illustrateurs, Gaston Paris développe une photographie où rigueur formelle et liberté d’observation cohabitent. Son goût pour le carré s’affirme : un format qu’il exploite avec maîtrise, construisant des clichés en noir et blanc d’une densité et d’une élégance qui deviendront sa marque de fabrique.
Un arpenteur du quotidien
L’exposition présentée à la galerie Roger-Viollet rappelle l’immense diversité de ses sujets. Gaston Paris passe avec aisance des reportages industriels (il couvre les traversées du paquebot Normandie, immortalise les souffleries aéronautiques de Meudon, côtoie les ateliers ferroviaires) mais se glisse aussi dans les coulisses des hauts lieux de la culture (de l’Opéra Garnier aux chantiers parisiens). Des paysages urbains qui l’entoure, il extrait des compositions frôlant l’abstraction.

Son sens du cadrage, toujours impeccable, évoque parfois le cinéma par la justesse des gestes saisis, l’atmosphère construite, le rapport entre personnages et architecture. Le carré de l’image devient un espace de tension et d’équilibre, un outil pour révéler la géométrie du réel.

Une nouvelle plongée dans l’œuvre d’un témoin essentiel
Moins renommé que certains de ses contemporains, tels Brassaï, Doisneau, Willy Ronis ou Roger Schall, Gaston Paris n’en demeure pas moins un chroniqueur essentiel de son époque. Son œuvre documente une France en transformation, celle de l’entre-deux-guerres puis de l’après-guerre, à travers une curiosité, parfois ironique, toujours d’une remarquable précision.
À sa mort en 1964, la quasi-totalité de son fonds (15 000 négatifs) est acquise par l’Agence Roger-Viollet. Aujourd’hui conservé par la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, ce corpus foisonnant continue de révéler une cohérence étonnante, une modernité constante, une attention sincère au monde.

Avec Gaston Paris, l’équilibre du carré, la Galerie Roger-Viollet poursuit son travail de valorisation. L’occasion de mesurer combien ce photographe occupe une place singulière dans l’histoire visuelle du XXᵉ siècle.

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Informations pratiques :
Gaston Paris, L’équilibre du carré
Galerie Roger-Viollet
du 2 octobre 2025 au 17 janvier 2026
6 Rue de Seine, 75006 Paris
du mardi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre



