Test comparatif Canon EOS R6 Mark III et R6 Mark II : quel vainqueur à hauts ISO ?

Canon a récemment lancé son nouvel hybride plein format polyvalent, l’EOS R6 Mark III. Ce dernier s’illustre par son capteur plus défini de 32,5 Mpx – mais sa plage ISO est moins étendue que celle de son prédécesseur. Sur le terrain, parvient-il à faire aussi bien que l’EOS R6 Mark II ?Suite à notre test complet, voici une analyse des performances à hauts ISO du Canon EOS R6 Mark III, comparées à celles de l’EOS R6 Mark II.

Canon EOS R6 Mark III hauts ISO

Canon EOS R6 Mark III : un capteur plus défini… mais pas rétroéclairé

Lors de son lancement, le Canon EOS R6 Mark III a fait beaucoup parler de lui grâce à son capteur de 32,5 Mpx. Soit un gain notable par rapport à ses deux prédécesseurs, qui comptaient “seulement” 20 Mpx (EOS R6) ou 24 Mpx (EOS R6 Mark II). L’idée de Canon : offrir plus de latitude de rognage, tout en conservant un poids de fichiers plus raisonnable qu’avec les EOS R5 ou R5 Mark II, au capteur de 45 Mpx.

En termes techniques, le capteur de 32,5 Mpx repose sur des photosites de 5,16 µm – contre 5,98 µm pour ceux du R6 Mark II et 4,39 µm pour ceux de l’EOS R5 Mark II. On notera aussi (et surtout) que l’EOS R6 Mark III conserve une conception “classique” (FSI, pour front-side illuminated). Il n’est donc ni rétroéclairé, ni empilé – contrairement à l’EOS R5 Mark II… et à bon nombre de ses concurrents.

Voici un tableau comparatif des caractéristiques du capteur de l’EOS R6 Mark III, de l’EOS R6 Mark II, de l’EOS R5 Mark II et de l’EOS R1 :

BoîtiersTypeTailleDéfinitionTaille photosites
Canon EOS R6 Mark IIIClassique (front side illuminated)35,9 × 23,9 mm32,5 Mpx5,16 µm
Canon EOS R6 Mark IIClassique (front side illuminated)35,9 × 23,9 mm24,2 Mpx5,98 µm
Canon EOS R5 Mark IIRétroéclairé et empilé (stacked, back-side illuminated)35,9 × 23,9 mm45 Mpx4,39 µm
Canon EOS R1Rétroéclairé et empilé (stacked, back-side illuminated)35,9 × 23,9 mm24,2 Mpx5,98 µm

Le décor étant planté, quelles performances à ISO élevés l’EOS R6 Mark III permet-il d’obtenir face à son prédécesseur ? C’est ce que nous allons voir ensemble.

EOS R6 Mark II vs EOS R6 Mark III : le clash

Première différence entre les EOS R6 Mark II et Mark III : la plage de sensibilité n’est pas aussi étendue sur les deux boîtiers.

Hausse de définition oblige, le capteur de l’EOS R6 Mark III permet d’aller de 100 à 64 000 ISO (nativement), extensible à 102 400 ISO. C’est bien, mais son prédécesseur allait de 100 à 102 400 ISO (nativement), extensible à 204 800 ISO. Canon aurait-il joué la prudence pour éviter une trop forte baisse de la qualité d’image à une sensibilité élevée ? Il n’est pas interdit de le penser.

Canon EOS R6 Mark III hauts ISO
R6 II et R6 III

De 100 à 3200 ISO, la montée ISO et le bruit numérique ne sont un problème, tant sur l’EOS R6 Mark II et que sur l’EOS R6 Mark III. De même, à 6400 ISO, les résultats obtenus avec les deux boîtiers sont analogues. Le bruit est visible, mais reste très léger.

Le bruit numérique se remarque davantage dans les zones d’ombre à 12 800 ISO. Pour autant, les deux boîtiers livrent (pour l’instant) une copie quasiment identique.

Même constat à 25 600 ISO : le bruit numérique est assez présent, mais les clichés restent exploitables, avec l’EOS R6 Mark II comme avec l’EOS R6 Mark III.

À 51 200 ISO, le bruit numérique est bien présent … et les deux boîtiers commencent à se distinguer. Car le fourmillement est plus marqué sur l’EOS R6 Mark III, la baisse de détails plus notable. L’EOS R6 Mark II, de son côté, résiste admirablement.

À 64 000 ISO, le Canon R6 III atteint sa valeur maximale. En clair : la perte de détails est plus marquée, et une légère dérive colorimétrique se fait remarquer sur nos images capturées avec l’EOS R6 Mark III, ce qui n’est pas le cas sur nos clichés de l’EOS R6 Mark II.

C’est à 102 400 ISO que le R6 II atteint sa valeur plafond – là où l’EOS R6 Mark III passe en valeur “étendue” (notée H sur le boîtier). Et les résultats sont sans appel. Oui, le fourmillement rose et vert est très marqué sur l’EOS R6 Mark II. Mais avec son successeur, le bruit et la dérive colorimétrique sont particulièrement marqués. Le bruit dessine souvent des stries assez marquées, quasiment impossibles à rattraper au post-traitement par les moyens “conventionnels”, sans faire appel à l’IA. Un phénomène que nous avions déjà noté notamment sur le Nikon Z8.

Au final, les résultats obtenus à 204 800 ISO avec l’EOS R6 Mark II sont (presque) équivalents à ceux obtenus à 102 400 ISO… avec l’EOS R6 Mark III ! Dans les deux cas, les points rose et verts ultra-présents, la perte de détails très, très marquée. Mais la dérive colorimétrique est moins marquée sur l’EOS R6 Mark II !

Retrouvez ci-dessous une sélection d’images capturées à très haut ISO avec le Canon EOS R6 Mark III :

Canon EOS R6 Mark II : un capteur moins défini… et une meilleure montée en ISO

À l’heure du bilan, les résultats sont sans appel et les lois de la physique sont immuables. De par son capteur moins défini, aux photosites (un peu) plus larges, l’EOS R6 Mark II enregistre une meilleure montée en ISO – et sa valeur maximale est d’ailleurs plus élevée.

Certes, son successeur, le Canon EOS R6 Mark III, enregistre de belles performances jusqu’à 51 200 ISO… mais à sa valeur maximale (64 000 ISO), le niveau de détails est en retrait et une petite dérive colorimétrique fait son apparition, là où ces phénomènes sont absents à cette valeur sur le R6 Mark II. Pire, à 102 400 ISO sur le nouveau venu, les photos deviennent presque (totalement) inexploitables.

La définition plus élevée du R6 Mark III entraîne donc une baisse des performances à haut ISO par rapport à son prédécesseur. D’autant plus que le choix d’un capteur “classique”, non rétroéclairé, a un certain impact sur les performances du boîtier en basse lumière.

En clair : entre un capteur plus défini et une bonne montée en ISOil faut choisir !

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à vous référer à notre test complet du Canon EOS R6 Mark III.

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Secrétaire général de la rédaction

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  1. Je voulais acheter un R6 MK II il y a 6 mois. Vu les rumeurs d’un R6 MK III,j’ai attendu. Vu que je suis photographe et pas vidéaste, j’ai été très deçu du MK III d’autant qu’avec les promotions, il y a 1000 euros de différence. J’ai donc vite acheté un R6 MK II tant qu’il est encore disponible.
    Le raisonnement peut être différent pour un vidéaste.

  2. Bonsoir,
    Je lis avec attention vos expertises et en particulier depuis la sortie du R6 Mk III.
    Je possède le R6 Mk II et je ne vais pas en changer.
    Toutefois en complément de ce dernier, vers lequel me pencher? Le 7 ou autre ?
    Merci, cordialement

  3. Test très intéressant.

    Je suis utilisateur du R6 Mark II depuis sa sortie et je dois dire que j’en suis très satisfait, pour sa très grande polyvalence et notamment pour ses performances en basse lumière.

    Cherchant toujours plus de détails dans mes images, j’ai failli craquer pour le R5 Mark II en octobre, mais mes doutes sur ses performances en basse lumière (en plus de fichiers lourds) m’ont freiné.

    J’ai donc attendu l’arrivée du R6 Mark III avec l’espoir de trouver un capteur avec plus de résolution dans un range de 30-35 mpx (c’est chose faite), pour bénéficier d’une image plus détaillée sans trop compromettre la dynamique et la montée en ISO. A l’usage, de manière générale je shoote rarement au-delà de 12800 ISO.

    Ce test révèle bien « les lois de la physique » défavorables pour le R6 Mark III (à très hauts ISO), toutefois, pour un utilisateur qui shoote à niveau ISO relativement bas – jusqu’à 12800 ISO – (ce qui représente probablement 80 à 90% des cas d’usage), je ne pense pas que cela constitue un problème pour grand nombre de photographes.

    Enfin, il serait alors intéressant de compléter le test par un comparatif avec le R5 Mark II qui bénéficie d’un BSI empilé afin de voir l’impact de cette technologie sur un capteur plus défini. Serait-il possible de le réaliser ?

  4. Bonjour, d’habitude j’apprécie lire vos articles qui sont plutôt nuancés, objectifs et pertinents, mais là ???

    Ce n’est pas à haut ISO que la différence se fait mais à très haut ISO puisque si j’ai bien lu, la différence commence au delà de 25600 ISO. Ça concerne quel usage ?
    Combien de personnes vont choisir un boitier parce-qu’il est plus performant qu’un autre au delà de 25600 ISO ? Ok, il y a une différence, mais ce que je ne comprends pas c’est l’importance que vous lui donnez par la façon de présenter l’information. Tout comme le fait que la montée du Mark III se limite à 64000 ISO alors que le Mark II permets 102000 ISO ??? C’est peut-être une information intéressante pour un commercial voir pour un scientifique mais pour un photographe?
    Par contre, ce que j’aurais aimé savoir c’est par exemple: Quel est l’impacte d’une plus grande définition avec éventuellement un peu plus de bruit sur le résultat final?
    Je ne vends pas de matériel photo, je ne travaille pas pour la NASA mais j’utilise mon matériel photo tous les jours dans la vraie vie. Si je me permets ce commentaire c’est parce-que, jusqu’ici, j’ai trouvé que votre ligne éditoriale correspondait à l’esprit de l’usage de la photographie un regard éclairé. Et j’aimerais tellement que cela continue.
    Merci,et bonne continuation.

    1. Bonjour Francis, merci pour votre commentaire. Je comprends votre question car jusque récemment (2021 environ) je me faisais la même réflexion. Et je vous rejoins : de telles valeurs ISO sont à réserver à des cas *très* spécifiques.
      Seulement voilà : dès que l’on tente d’immortaliser en basse lumière un sujet qui se déplace très rapidement, on n’a pas vraiment le choix. Baisser la vitesse d’obturation ? Dans ce cas le sujet serait.. flou. De même, impossible d’opter pour une valeur d’ouverture plus grande… que la valeur maximale ! De fait, on n’a pas vraiment d’autre choix que de pousser très haut les ISO.
      À ce titre, la 5e photo de la sélection de fin d’article est très représentative. La scène se déroulait en intérieur, dans une carrière plutôt bien éclairée. Mais vu je voulais que le cheval soit parfaitement net, j’ai opté pour une vitesse franchement rapide (1/1250s). Compte tenu de l’ouverture max. assez réduite de l’objectif (f/5,6 à cette focale), le boîtier n’a eu d’autre possibilité que de monter à 64000 ISO.
      Enfin, les outils de débruitage par IA sont venus complètement changer la donne, puisqu’ils permettent de rattraper parfaitement une photo totalement bruitée. Nous avions d’ailleurs fait un comparatif des différentes solutions, que vous pouvez retrouver juste ici.
      En clair : une photo bruitée où le sujet est parfaitement net est largement préférable à une photo à bas ISO… mais floue !