Prise en main Nikon ZR : le RAW de RED et la 6K60p dans une caméra cinéma compacte

6K60p REDCode RAW, 32-bits flottant, écran XXL et tarif "abordable"

Nikon dévoile sa première caméra vidéo plein format de la nouvelle gamme Z Cinema, la Nikon ZR. Fruit du rachat de RED par Nikon, elle incarne la première incursion réelle du constructeur japonais dans le segment des caméras cinéma professionnelles, et vise à séduire autant les créateurs de contenu que les professionnels du cinéma.

Proposée à 2349 €, la ZR combine compacité, vidéo jusqu’en 6K60p RAW avec des codecs professionnels (dont le REDCODE RAW), stabilisation 5 axes et même un enregistrement audio en 32 bits flottant. Un boîtier qui bouscule le segment des caméras cinéma compactes, avec un positionnement tarifaire plus qu’intéressant. Nous avons eu l’occasion de le prendre en main lors de son annonce.

Une nouvelle gamme Z Cinema

Depuis le rachat de RED par Nikon en 2024, la question était de savoir comment la marque japonaise allait intégrer ce savoir-faire cinéma à ses hybrides. La réponse se concrétise aujourd’hui avec la ZR, première représentante de la gamme Z Cinema. Contrairement aux RED Komodo ou V-Raptor récemment adaptés en monture Z, il s’agit cette fois d’un véritable produit Nikon.

La promesse : un boîtier vidéo run and gun prêt à utiliser dès la sortie de boîte, capable d’évoluer d’un tournage documentaire léger à un rig cinéma complet.

Ergonomie compacte et écran XXL très défini

La Nikon ZR adopte un design très compact, sans viseur électronique, centré sur la vidéo. Le petit grip intégré assure une prise en main suffisante, même si l’on reste bien loin d’un Z6 III. Si le boîtier ne dispose pas, comme chez Sony ou Canon, de pas de vis 1/4” pour y ajouter directement des accessoires, il n’en est pas moins totalement accessoirisable grâce à plusieurs partenariats, dont SmallRig et Tascam.

En termes de dimensions, le boîtier mesure environ 134 mm de large, 80,5 mm de haut et 49 mm de profondeur. Sur la balance, le Nikon ZR adopte un poids plume de 540 g nu et 630 g avec batterie et carte. Le boîtier en alliage de magnésium reste aussi robuste et tropicalisé qu’un Z6 III.

La Nikon ZR comparée au Nikon Z6 III (une semelle Peak Design Capture Clip est sous le Z6 III)

Si la ZR fait l’impasse sur le viseur, son écran LCD 4 pouces sur rotule au ratio 16:10 constitue l’un de ses points forts. Il s’agit de l’écran le plus grand du marché, avec une définition de 3,07 Mpts confortable (même si moins que le Canon EOS R3). Il est également très lumineux (environ 1 000 nits) et couvrant l’espace colorimétrique DCI-P3. C’est simple, il se rapproche de ce que l’on attend d’un moniteur externe haut de gamme.

Nikon va même plus loin en proposant un affichage natif de 10 LUTs 3D en 17, 33 et même jusqu’à 65 points, offrant aux vidéastes un aperçu fidèle du rendu final, directement sur le boîtier.

Une vidéo filmée en Log, mais avec l’assistance LUT à droite

Côté commandes, la Nikon Z R inaugure quelques nouveautés intéressantes. L’allumage se fait désormais via un bouton à pression, et un commutateur de zoom prend place juste sous le déclencheur vidéo — il pourra également servir à capturer des photos en mode Photo. Sur la partie supérieure, on retrouve trois boutons personnalisables ainsi que deux molettes crantées (avant et arrière), complétés par un bouton REC en façade.

À l’arrière, le très grand écran occupe presque toute la surface du boîtier, mais Nikon a eu la bonne idée d’ajouter un joystick, accompagné de deux autres boutons physiques pour lire les vidéos ou accéder aux réglages. Comme souvent chez Nikon, l’ensemble des commandes est entièrement personnalisable, avec ici une très large place accordée aux interactions tactiles via l’écran. Avec son format 16:10, il permet d’afficher les réglages dans la partie inférieur de l’image sans couvrir la vidéo.

La caméra intègre également des menus et boutons spécifiquement pensés pour la vidéo, ainsi que la possibilité d’enregistrer en mode vertical natif, facilitant la production de contenus pour les réseaux sociaux. Les menus s’affichent également à la verticale en vidéo, une première chez Nikon, qui jusque là ne proposait l’orientation qu’en mode Photo.

Voici la liste des caractéristiques techniques de la Nikon ZR :

  • capteur : plein format semi-stacked CMOS BSI 24,5 Mpx
  • filtre passe-bas : oui
  • processeur : Expeed 7
  • stabilisation : stabilisation 5 axes, jusqu’à 7,5 stops au centre, 6 stops sur les bords
  • viseur électronique : N.A.
  • écran : LCD tactile orientable 4” (3,07 Mpts), DCI-P3
  • autofocus : AF hybride à détection de phase / de contraste
  • nombre de points AF : 273
  • couverture AF : 88 % en vertical et 96 % en horizontal
  • détection et suivi automatiques : humains (corps, tête, œil), animaux (chiens, chats, oiseaux), véhicules (voitures, motos, trains, avions)
  • plage AF : de -10 à 19 IL
  • sensibilité vidéo : 100 à 51 200 ISO (extensible à 204 800 ISO)/ Double ISO natif : 800 / 6400 ISO
  • rafale : N.C.
  • obturation : 30 s – 1/16 000 s (électronique)
  • vidéo : 6K jusqu’à 60p, 4K jusqu’à 120p, Full HD jusqu’à 240p
  • compression vidéo : N-RAW (12 bits), R3D NE (12 bits), Apple ProRes RAW HQ (12 bits), Apple ProRes 422 HQ (10 bits), H.265/HEVC (8 bits/10 bits), H.264/AVC (8 bits)
  • profils colorimétriques vidéo : SDR, HLG, N-Log, Log3G10
  • refroidissement : passif
  • stockage : 1 CFExpress type B et 1 microSD UHS-I
  • connectivité sans fil : N.C.
  • batterie : EN-EL15c
  • autonomie : N.C.
  • rechargement par USB : oui, USB-C
  • tropicalisation : oui
  • dimensions : 134 x 80,5 x 49 mm
  • poids : 630 g (avec batterie et carte mémoire)
  • prix au lancement : 2349 €

Performances vidéo : de la 6K60p RAW en interne et du REDCODE RAW

Sous le capot, la ZR embarque le capteur plein format de 24,5 Mpx déjà vu sur le Nikon Z6 III, soit un capteur semi-empilé qui doit offrir un rolling shutter réduit et un autofocus hybride réactif (basé sur 273 points AF sélectionnables).

Ce capteur est couplé au processeur Expeed 7. L’appareil est ainsi capable de détecter et suivre les mêmes sujets que le Nikon Z6 III : humains, animaux (chien, chat et oiseaux) ainsi que les véhicules (moto, voiture, vélo, train, avion).

Fruit du rachat de RED, la ZR intègre également le REDCODE RAW (R3D NE, en 12 bits, contre 16 bits sur les caméras RED), un format inédit sur un boîtier Nikon, garantissant une cohérence colorimétrique avec les caméras RED.

On retrouve également le N-RAW HQ (12 bits), qui conserve un débit équivalent au REDCODE pour des fichiers plus légers. Nikon intègre également l’Apple ProRes RAW HQ (12 bits), très apprécié dans les flux de post-production Mac ainsi que le ProRes 422 HQ, du H.265 10 bits et H.264 8 bits pour les usages plus légers.

En termes de définitions et cadences, la caméra propose de la :

  • 6K jusqu’à 60p en RAW,
  • 4K jusqu’à 120p en RAW (crop Super35 DX),
  • Full HD jusqu’à 240p (en H.264) avec un crop de 1,05×

On notera que le boîtier, pensé pour la vidéo, fait l’impasse sur l’obturateur mécanique.

Couleurs RED et grande dynamique

La véritable signature de cette caméra est la color science RED, intégrée pour la première fois dans un produit Nikon. On retrouve le Log3G10 et l’espace colorimétrique RED Wide Gamut RGB, plus large que le DCI-P3, offrant une marge de manœuvre plus importante à l’étalonnage.

La caméra bénéficie également d’un double ISO natif (800 et 6 400 ISO), garantissant une plage dynamique supérieure à 15+ IL même en basse lumière (en Log3G10 uniquement)

Il est possible de charger jusqu’à 9 LUTs/presets vidéo supplémentaires pour adapter le rendu à différents styles (cinématique, slow-motion, portrait, astro…).

Bien sûr, on retrouve tout ce qui est l’appanage d’un boitier vidéo, comme le cadre d’enregistrement rouge, les waveforms, les zebras, le réglage de la vitesse à l’aide de l’angle d’obturation (de 5,6° à 360°), etc. Une fonction de réduction du focus breathing permet d’offrir des transitions plus fluides, même si certaines optiques Nikkor Z dotées de systèmes AF à plusieurs moteurs permettaient déjà de réduire le phénomène.

Audio : 32-bit flottant en interne et OZO Audio

Au-delà de l’image, la Nikon ZR innove également sur l’audio. Elle est la première caméra de ce segment à proposer un enregistrement interne en 32-bit flottant. Cette technologie permet de capturer un son sans saturation ni bruit excessif, offrant une grande latitude en post-production.

Le boîtier intègre trois micros internes, avec un rapport signal/bruit de 72 dB, et la technologie OZO Audio développée par Nokia, qui permet de spatialiser le son (captation directionnelle, omnidirectionnelle ou binaurale).

En parallèle, Nikon lance également un nouveau micro externe (ME-D10) compatible 32-bit flottant, qui se connecte directement à l’appareil sans câble supplémentaire, grâce à une nouvelle griffe numérique, une première chez Nikon. Il offre un SNR supérieur au micro interne, avec 77 dB.

Stabilisation 5 axes et gestion thermique

La ZR reprend la stabilisation IBIS 5 axes du Z6 III, avec un mode Focus Point VR qui améliore la stabilisation au niveau du collimateur actif. À la clé, jusqu’à 7,5 stops de compensation au centre et 6 stops sur les bordures. L’appareil dispose également de la Synchro VR avec les optiques Nikkor Z compatibles.

Côté dissipation thermique, Nikon annonce des performances élevées malgré l’absence de système de refroidissement actif. Ainsi, il devrait être possible de filmer jusqu’à 125 min en 4K60p (H.265 8 bits) en alimentation secteur, et 95 minutes sur batterie. Des valeurs qu’il faudra vérifier sur le terrain, surtout avec l’enregistrement sur CFexpress Type B qui a tendance à rapidement chauffer sur des formats plus lourds que la 6K.

Autonomie, connectivité et accessoires

La Nikon ZR propose un double slot CFexpress Type B + microSD UHS-I, une connectique HDMI Type-D, un port USB-C (3.2), des prises casque et micro, ainsi qu’une compatibilité Frame.io via l’application NX Mobile Air. A noter cependant que si vous branchez un enregistreur HDMI, il ne sera pas possible de récupérer un flux RAW selon Nikon.

Étonnamment, Nikon n’indique pas d’autonomie pour sa caméra. Celle-ci utilise les mêmes batteries EN-EL15c que les autres boîtiers photo, se recharge en USB-C et peut être alimentée (sans recharge) en USB-C. On imagine cependant que la durée d’enregistrement 4K60p de 95 min sans surchauffe sur batterie peut donner un ordre d’idée

Enfin, la monture Z assure une compatibilité large avec le parc optique Nikon, mais aussi avec les optiques Sony ou Sigma via des adaptateurs comme la bague ETZ-21 Pro+ de Megadap.

Prix et disponibilité de la Nikon ZR

La Nikon ZR sera disponible à partir du 20 octobre 2025, au tarif de 2349 €.

La Nikon ZR est disponible chez Digit-PhotoMiss NumériqueDigixoCamaraPhoto-UniversIPLN et dans les boutiques spécialisées.

Une offre de lancement permet de bénéficier de 150 € de remise immédiate, jusqu’au 31 décembre 2025, sur un accessoire vidéo compatible acheté en même temps que la caméra.

Notre premier avis sur la Nikon ZR

Avec la Nikon ZR, le constructeur japonais semble avoir réussi un pari ambitieux : offrir une caméra cinéma compacte et abordable, mais dotée d’outils professionnels jusque-là réservés à des modèles beaucoup plus chers. L’intégration du REDCODE RAW, du Log3G10 et du Wide Gamut en interne en fait une alliée idéale pour accompagner des caméras RED sur un tournage en “crash cam” tout en conservant la même colorimétrie.

Mais c’est aussi une caméra run-and-gun complète. Son écran de 4 pouces très lumineux, la captation audio en 32-bit flottant et ainsi que sa compacité en font un boîtier vidéo prêt à l’emploi pour les documentaristes, journalistes et créateurs de contenu.

À 2349 €, la Nikon ZR vient secouer un marché dominé par Sony et Canon. Un tarif agressif qui pourrait bien permettre à Nikon d’imposer une nouvelle référence dans l’univers des caméras cinéma compactes.pas