Portrait De Sebastião Salgado © Drew Forsyth 2022

Sebastião Salgado : disparition d’un photographe humaniste et engagé

"Sebastião s'est battu sans relâche pour un monde plus juste, plus humain et plus écologique"

Le 23 mai 2025, le monde de la photographie a perdu l’une de ses figures les plus emblématiques : Sebastião Salgado s’est éteint à l’âge de 81 ans. Photographe franco-brésilien, il a consacré sa vie à témoigner des réalités humaines et environnementales avec une sensibilité et une profondeur inégalées. 

Portrait de Sebastião Salgado, 2019. © Renato Amoroso

Un parcours atypique, de l’économie à la photographie

Né en 1944 à Aimorés, au Brésil, Salgado débute sa carrière comme économiste, diplômé de l’Université de São Paulo et de l’Université de Paris. C’est lors de missions en Afrique pour l’Organisation internationale du café qu’il découvre la puissance de l’image pour raconter le monde.

En 1973, il abandonne l’économie pour se consacrer entièrement à la photographie, rejoignant successivement les agences Sygma, Gamma et Magnum Photos. En 1994, avec son épouse Lélia Wanick Salgado, il fonde Amazonas Images, une agence dédiée à son œuvre.

Une œuvre humaniste et engagée

Salgado a parcouru plus de 120 pays, capturant en noir et blanc des images puissantes qui révèlent la dignité humaine dans les contextes les plus difficiles. Ses projets emblématiques incluent “Other Americas” (1986), “Sahel: l’homme en détresse” (1986), “Workers” (1993), “Exodes” (2000) et “Genesis” (2013). Son reportage sur la mine d’or de Serra Pelada, au Brésil, reste l’une de ses œuvres les plus marquantes, illustrant la condition humaine avec une intensité rare. 

Un engagement environnemental profond

Marqué par les tragédies humaines qu’il a documentées, Salgado s’est tourné vers la nature avec Genesis, un projet de huit ans visant à montrer la beauté intacte de la planète. Avec Lélia, il a également fondé l’Instituto Terra en 1998, transformant une terre dégradée du Minas Gerais en une réserve naturelle florissante, symbole d’espoir et de renaissance.

Galapagos Ecuador 2004 © Sebastiao Salgado

Une reconnaissance mondiale

L’œuvre de Salgado a été saluée par de nombreuses distinctions, dont le prix W. Eugene Smith, le prix Oskar Barnack en 1985 ou encore récemment le prix Outstanding Contribution to Photography pour l’ensemble de son œuvre. En 2016, il est élu à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France. Son parcours a également été immortalisé dans le documentaire Le Sel de la Terre (2014), réalisé par Wim Wenders et son fils Juliano Ribeiro Salgado. 

En février 2024, Sebastião Salgado a annoncé prendre sa retraite après un demi-siècle de photographie à travers le monde. Affaibli par des problèmes de santé – il avait contracté une forme sévère de malaria lors d’un reportage en Indonésie en 2010 et avait subit une explosion de mine au Mozambique en 1974. Il avait choisi de ne plus voyager mais de rester actif en tant qu’éditeur de son œuvre monumentale.

Avec son épouse Lélia Wanick Salgado, il prévoyait de continuer à publier et exposer les milliers d’images encore inédites, avec notamment une exposition monumentale prévue pour la COP30 qui se tiendra fin 2025 au Brésil.

Le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à 81 ans, a annoncé sa famille via une dépêche. « À travers l’objectif de son appareil, Sebastião s’est battu sans relâche pour un monde plus juste, plus humain et plus écologique […] Quinze ans plus tard, les complications de cette maladie [la malaria. NDLR] se sont transformées en une leucémie sévère, qui a eu raison de lui. »

Un hommage posthume au VIF 2025 ?

Salgado devait être l’invité d’honneur du festival VIF 2025 à Vincennes, avec une exposition et une rencontre animée par Nikos Aliagas. Bien que sa disparition laisse un vide immense, cet événement sera l’occasion de célébrer son héritage et de plonger dans son univers humaniste.

Sebastião Salgado laisse derrière lui une œuvre monumentale, témoin de son engagement indéfectible pour l’humanité et la planète. Son regard, empreint de compassion et de vérité, continuera d’inspirer les générations futures.

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  1. Quelle tristesse de voir partir un des plus grands photographes comptemporains. Tellement dans l’air du temps malgré ses 81 ans, un sage.
    Aucun commentaire sous l’article, il faut dire que lui ne faisait pas la promotion du matériel photographique et c’est ce qui semble intéresser les lecteurs de Phototrend. J’espère que vous continuerez de garder une place pour les artistes et leurs expositions.
    Au revoir et merci Mr Salgado.
    Pour ceux que ça intéresse, l’exposition des photos de Salgado est ouverte jusqu’au 1/06 aux Franciscaines à Deauville.

  2. Nous venons de perdre Monsieur Sebastiao Salgado, qui est selon moi le plus grand photographe de tous les temps et un très grand homme que j’ai toujours admiré.
    je suis infiniment triste.
    Je remercie Sebastiao Salgado pour l’oeuvre magistrale qu’il laisse à l’humanité.

  3. RIP. Un grand Photographe (avec un P majuscule).
    J´ai vu nombre de ses expo, autour du monde, et a chaque fois c’est une claque..
    Pensées a sa famille

  4. Salgado était un bon, voire un très bon photographe mais en quoi était-il grand ? On est loin du souffle de l’œuvre d’Albert Kahn qui a dépensé sa fortune pour conserver un témoignage des hommes et des cultures dont il avait pressenti la disparition. Le Paris Match du 28 mai consacre 10 pages à Salgado et je vous invite à regarder la double première page de l’article qui a tout d’une caricature de notre monde moderne.

    1. Cet article a été fait pour rendre hommage à un très grand photographe qui vient de nous quitter. Alors, s’il vous plait, ne commencez pas à polémiquer.
      Merci