Le nouveau portrait officiel de Donald Trump, réalisé pour son investiture en tant que 47e président des États-Unis, suscite une vive controverse. Tant par son esthétique que par les messages implicites qu’il véhicule, cette image interpelle aussi bien les amateurs de photographie que les analystes politiques.
Un éclairage dramatique et théâtral
L’un des éléments les plus remarqués de ce portrait est l’éclairage dramatique. Utilisant une lumière placée sous la ligne des yeux, le photographe officiel, Daniel Torok, a donné à l’image un aspect sombre et théâtral, avec des ombres marquées.
La photo a été réalisée avec un Nikon Z 9 et un Nikkor Z 85 mm f/1,2 S. Elle a été éclairée à l’aide de matériel d’éclairage Profoto : un D30 pour l’éclairage frontal, deux B10X positionnés au-dessus des épaules et sous la ligne des yeux et un flash A2 pour l’éclairage des cheveux, avec des boîtes à lumière et des nids d’abeilles. De nombreuses retouches ont été effectuées pour obtenir l’image finale.
Selon plusieurs photographes professionnels, cette technique d’éclairage est inhabituelle pour un portrait présidentiel officiel. « Le choix délibéré d’un éclairage par-dessous visait à attirer l’attention sur les yeux du sujet, créant un effet dramatique et intentionnel », analyse Jared Polin dans sa critique. D’ailleurs, le photographe lui a indiqué ne jamais avoir réalisé de portrait en studio avec de tels éclairages. Étonnant.
En comparaison, l’ancien portrait officiel de Donald Trump, réalisé en 2017, présentait un éclairage plus neutre et conventionnel, offrant une image plus accessible. Ce changement radical pourrait refléter une stratégie de communication visant à imposer une image de fermeté.
Une expression sévère, loin des conventions
Le visage de Trump dans ce portrait arbore une expression sérieuse, avec les sourcils froncés et un regard perçant. Shealah Craighead, ancienne photographe officielle de la Maison Blanche, a noté que cette pose est l’une des préférées de Trump, car il considère le sourire comme un signe de faiblesse. « Il cherche toujours à projeter une image de puissance, et cette pose illustre parfaitement cela, » a-t-elle déclaré au New York Times.
À cela s’ajoute une étrange similitude avec son fameux mugshot pris en 2023 en Géorgie lors de ses démêlés judiciaires. Cette association visuelle pourrait être interprétée comme un message assumé de défi face à l’adversité. D’ailleurs, Daniel Torok, à l’origine de cette photo, a confirmé que cette photo officielle était fortement inspirée du mugshot de Donal Trump, “une des photos les plus recherchées sur le web depuis 2023”.
Timothy O’Brien, biographe de Trump, décrit cette évolution comme un mélange entre le regard plissé d’un Clint Eastwood et une réminiscence de son mugshot. En ce sens, ce portrait se distingue radicalement des portraits présidentiels américains traditionnels, qui présentent généralement une image chaleureuse et accessible du chef d’État.
Un photographe a également noté que l’éclairage rappelle la série “End Times” de Jill Greenberg, connue pour ses portraits provocateurs d’enfants en pleurs.
Un choix politique délibéré
Au-delà des aspects purement esthétiques, ce portrait reflète une stratégie politique claire. Pete Souza, ancien photographe en chef de la Maison Blanche sous Obama, souligne que les portraits officiels reflètent souvent non seulement le caractère du président, mais aussi l’humeur de la nation. « Ce portrait est plus qu’une simple photo ; il est une déclaration sur la manière dont Trump se voit et veut être perçu par la nation, » a-t-il expliqué au New York Times.
En s’éloignant des conventions des portraits présidentiels, ce choix visuel renforce l’image d’un Trump combattant, en rupture avec les normes traditionnelles. Pour ses partisans, cette image incarne la détermination et la force nécessaires pour diriger le pays. Pour ses détracteurs, elle renvoie à un leader autoritaire, voire intimidant.
Le portrait officiel de Donald Trump, loin d’être un simple exercice protocolaire, constitue un véritable coup de communication. Par son éclairage dramatique, son expression sévère et ses références implicites à des événements marquants, il polarise autant qu’il fascine. Que l’on apprécie ou non cette esthétique, elle marque une étape singulière dans l’histoire des portraits présidentiels américains.
