Le Quai de la Photo, centre d’art flottant, célèbre le bicentenaire de la photographie avec une exposition exceptionnelle, retraçant l’itinéraire de Nicéphore Niépce, pionnier de la photographie. Librement accessible jusqu’au 20 décembre 2024, cette exposition conçue avec la Maison Nicéphore Niépce, met en lumière les prémices d’une invention qui a révolutionné notre façon de voir et de capturer le monde.
Sommaire
Nicéphore Niépce : un pionnier visionnaire
Né à Chalon-sur-Saône, Nicéphore Niépce (1765-1833) a développé très tôt un vif intérêt pour la science, plus particulièrement pour la physique et de la chimie. Il se lance dans l’aventure photographique en 1797.
Après d’innombrables échecs, principalement pour la fixation des images obtenues, ses efforts aboutissent en 1822 lorsqu’il réalise une copie de dessin en utilisant la lumière projettée sur une plaque de verre enduite de bitume de Judée. L’inventeur vient de mettre au point la photogravure, il ne considère pourtant pas l’étape comme décisive, visant à capturer une image plutôt qu’à sa reproduction.
En 1824, Nicéphore Niépce parvient à fixer sur des pierres lithographiques des images projetées dans sa chambre obscure. Le temps de pose requis est alors de plusieurs jours en plein soleil. Le résultat de cette expérience a depuis disparu.
En 1827, il immortalise le célèbre Point de vue du Gras sur une plaque d’étain enduite de bitume de Judée, considéré comme la première photographie permanente. Un an plus tard, Nicéphore Niépce obtient une photographie de bien meilleure qualité en employant des plaques d’argent soumises aux vapeurs d’iode.
Son association avec Louis Daguerre initée en 1829 pour réduire le temps de pose permet à ses recherches de franchir un nouveau cap, menant à l’invention du physautotype en 1832, le temps d’exposition passe dès lors à 8 heures.
Niépce meurt subitement le 5 juillet 1833, sans avoir vu ses inventions pleinement reconnues.
La Maison Nicéphore Niépce, lieu de mémoire photographique
L’exposition met en lumière la Maison « du Gras », un lieu unique, longtemps oublié, situé à Saint-Loup-de-Varennes, en Bourgogne. Nicéphore Niépce y réalisa ses premières photographies.
Grâce à des recherches approfondies et des fouilles conduites par Pierre-Yves Mahé, Jean Louis Marignier et des chercheurs du CNRS, la maison a été reconstituée dans ses moindres détails, avec notamment la redécouverte du plancher d’époque et la localisation précise de la fenêtre par laquelle l’ingénieur prit son célèbre cliché. Ce lieu présenté en images aux visiteurs du Quai de la Photo est aujourd’hui labellisé « Maison d’Illustre ».
Les procédés de Nicéphore Niépce reconstitués
Les visiteurs auront l’opportunité d’observer des répliques des procédés originaux de Nicéphore Niépce, dont l’héliographie, reconstitués à l’identique par Pierre-Yves Mahé et les chercheurs du CNRS.
Approfondir sa découverte en mots et en images
Un documentaire projeté durant l’exposition permet de revivre la rénovation et les découvertes scientifiques autour de la Maison Niépce, donnant vie aux recherches menées par l’école de photographie Spéos et le CNRS.
En complément, l’ouvrage « Niépce, Correspondance et Papiers », rassemblant la riche correspondance de l’inventeur, offre une immersion dans ses pensées et découvertes traduit dans une scénographie hommage aux mots et à la caligraphie de Nicéphore Niépce.
Véritable chasse au trésor qui mena Pierre-Yves Mahé jusqu’en Russie, la recherche de ces courriers a permis d’attester du succès de Niépce de 1824 grâce à une lettre écrite à son frère Claude, exposée au Quai de la Photo. Le livre, rédigé par Manuel Bonnet, descendant de Nicéphore Niépce, et Jean-Louis Marignier, est consultable en ligne gratuitement pour prolonger l’exploration au-delà de l’exposition.
Regards d’artistes sur l’œuvre de Niépce
Imaginée autour d’un panneau d’affichage, la section « La Maison de Nicéphore Niépce vue par… » invite les visiteurs à découvrir les interprétations des quelques photographes contemporains ayant passé la porte de la maison Niépce. C’est le cas de Paolo Roversi, Janine Niépce mais aussi de Daido Moriyama, grand admirateur de Niépce.
L’atelier de Petiot-Groffier : un trésor exhumé
L’exposition offre un accès inédit à l’atelier de Joseph Fortuné Petiot-Groffier, découvert en 2007 après avoir été scellé pendant 152 ans. Cet atelier, le plus ancien du monde, contient une collection unique d’objets et de produits chimiques d’époque, permettant de recréer les conditions de travail des tout premiers photographes.
Cette curiosité est une immersion dans la première chambre noire du XIXe siècle. Depuis, cet atelier-laboratoire est conservé au sein de la Maison Niépce. Ce sont 450 flacons, 500 livres, et de nombreux outils de prise de vue et de développement qui y sont disposés, comme du temps du photographe.
L’exposition à découvrir au Quai de la photo est autant un hommage à l’esprit pionnier de Nicéphore Niépce qu’à l’invention révolutionnaire que fut la photographie. Ce voyage dans le temps captivant offre l’occasion de redécouvrir l’art de l’image pour revenir aux origines d’un médium en constante réinvention depuis désormais deux siècles.
Informations pratiques :
Bicentenaire de l’invention de la photographie
Du 16 septembre au 20 décembre 2024
Quai de la Photo
9 port de la Gare, 75013 Paris
Ouvert tous les jours, de 12h à 2h
Accès libre
Un grand merci à Pierre-Yves Mahé, directeur de l’école de photographie Spéos et associé du Quai de la Photo, pour son temps et ses précieuses explications.