Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois d’octobre 2024, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Les regards photographiques sont à l’honneur ce mois-ci. Celui de Vivian Maier, qui rejoint la collection Photo Poche. Celui de Robbie Lawrence sur les Highland Games en Écosse. Celui de Franck Landron, dans son bel ouvrage In-Time. Et, bien sûr, ceux de Brassaï à Martin Parr, au cœur de l’ouvrage des éditions Gallimard autour des collections de la Fnac. Sans oublier celui que pose avec justesse Me Joëlle Verbrugge sur les enjeux juridiques, éthiques et politiques posés par l’intelligence artificielle générative.
Bonne lecture.
Sommaire
Regards. Un siècle de photographie, de Brassaï à Martin Parr
Débutée en 1978, la collection photographique de la Fnac est impressionnante à plus d’un titre. Le nombre de clichés qui la constituent (plus de 1800 à ce jour) fait sa force. Mais surtout, sa diversité la rend unique en son genre. Les clichés de guerre de Robert Capa ou de Gilles Caron côtoient les photos de mode de William Klein ou Franck Horvat. Les reportages de Raymond Depardon sont mis en dialogue avec ceux de Brassaï ou de Cartier-Bresson.
C’est toute la richesse de cette collection que met en lumière l’ouvrage Regards, publié en marge de la grande exposition du Salon de la Photo 2024. Dirigé par Quentin Bajac, ses quelque 304 pages offrent une plongée spectaculaire dans ce corpus singulier, conservé au musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône, et qui explore toutes les facettes du medium photographique.
« Collectionner des photographies, c’est collectionner le monde », écrivait Susan Sontag. C’est véritable portrait photographique du XXe siècle que propose ce beau livre des éditions Gallimard.
Regards. Un siècle de photographie, de Brassaï à Martin Parr, Quentin Bajac
Éditeur : Gallimard
45 €, 304 pages, format relié, 26 x 29 cm
Acheter le livre : Gallimard / Fnac
Vivian Maier – Photo Poche
L’entrée de Vivian Maier dans la collection Photo Poche était une nécessité. Une fois passée la surprise de la découverte, les milliers de négatifs trouvés et le travail dantesque qu’il a fallu accomplir pour exposer, éditer… il fallait y revenir pour faire entrer son travail dans le format imposé. C’est chose réussie, avec ce numéro 179 introduit par Anne Morin, historienne de l’art et commissaire d’exposition.
C’est l’occasion idéale de redécouvrir son travail à la croisée entre la photographie humaniste et la photographie de rue. Ce « fantastique social » que cite Anne Morin dans son introduction, cette magie du réel qui surgit et que la photographe a toujours su saisir avec brio, intelligence et sensibilité.
74 reproductions, autant en noir et blanc qu’en couleur, autant d’autoportraits que de scènes de rue, de portraits d’enfants ou de passants… L’œuvre de Vivian Maier, d’une densité impressionnante, est ici résumée, coupée, sélectionnée, mais pour le meilleur. Toutes ses thématiques sont là, même ses photographies plus formelles et abstraites arrivent à se faire une place parmi une photographie plus vernaculaire ou documentaire.
Vivian Maier, Anne Morin
Éditeur : Actes Sud
14,50 €, 144 pages, format broché, 12,6 x 18,9 cm
Acheter le livre : Actes Sud / Fnac
IA et image : guide juridique
L’intelligence artificielle générative est sur toutes les lèvres… mais ses implications éthiques et juridiques restent globalement méconnues. C’est en réponse à cette situation paradoxale que Me Joëlle Verbrugge, avocate et artiste photographe, a pensé cet ouvrage fondateur.
En se basant sur de nombreux exemples concrets (et récents), l’autrice apporte un éclairage bienvenu sur les enjeux techniques, sociologiques et politiques autour de l’IA. Droit d’auteur, droit à l’image et respect de la vie privée, utilisation de l’IA pour les arts visuels : autant de thématiques abordées dans un langage accessible à tous, en se fondant sur les différentes législations françaises et européennes.
Me Joëlle Verbrugge livre ainsi un ouvrage fondateur, qui permettra au grand public comme aux professionnels d’approfondir leurs connaissances sur les nombreuses notions juridiques entourant l’IA générative.
IA et image : guide juridique, Me Joëlle Verbrugge
Éditeur : Auto-édition
48 €, 636 pages, format broché, 17 x 24,4 cm
Acheter le livre : Bookelis / Fnac
Long Walk Home
Les éditions Stanley Barker publient le travail de Robbie Lawrence avec un coffret double ; deux livres qui se répondent et se complètent pour le même projet artistique. En couleur et en noir et blanc, le photographe a capturé de nombreux instants des Highland Games, des compétitions sportives traditionnelles écossaises. Portraits posés, portraits pris sur le vif, scènes de vie ou scènes de luttes permettent de composer un panorama de ce folklore unique au monde.
Entre tradition et modernité, la photographie de Robbie Lawrence présente cette compétition sportive sous un autre œil, plus ou moins guidé par ses cadrages et ses compositions, desquels ressort souvent une certaine volonté de montrer ce qu’on ne voit pas d’ordinaire. C’est tout un vocabulaire en certaine contradiction avec le sujet photographié qui ressort : des luttes viriles entre hommes se dégagent un homoérotisme indéniable.
Et c’est là toute la force de sa photographie, symbolique, voire mythologique, dans sa manière de mettre en valeur détails et mouvements corporels ; une belle mise en lumière d’une pratique culturelle elle-même en proie à un registre mythologique. Si son travail – notamment en tant que photographe sportif – bénéficie d’une visibilité outre-Manche, il gagnerait à obtenir une certaine popularité en France.
Long Walk Home, Robbie Lawrence
Éditeur : Stanley Barker
98 €, volume 1 de 120 pages, volume 2 de 48 pages, format relié et format cousu dans un coffret sérigraphié, 23 x 30,5 cm
Acheter le livre : Stanley Barker / Fnac
IN-TIME
C’est une flopée d’images qui se livre à nous avec la dernière publication de Franck Landron aux éditions Loco. Près de 400 pages sur lesquelles les photographies couleur, noir et blanc, et plus ou moins datées, s’enchainent dans une logique artistique et narrative singulière. Au plus près de l’émotion de son auteur, presque d’une expérience de vie qu’on semble voir défiler à mesure qu’on fait défiler les pages.
La photographie de Franck Landron est polymorphe, tantôt argentique, tantôt numérique, tantôt spontanée, tantôt posée, lorgnant même parfois vers le documentaire. Toute la beauté et la poésie résident dans les photographies elles-mêmes, bien entendu, mais surtout dans la manière dont l’artiste les fait dialoguer dans un sens du montage, de l’association et de la succession d’une grande qualité.
Le temps passe, certaines photographies témoignent d’une perte – de la perte de quelqu’un, d’autre d’une arrivée, d’une enfance : c’est là que tout le titre prend son sens. Son double sens, in time, l’intime divisé en deux en français, et le sens du rythme dans sa version anglophone, on pourrait dire : « dans le temps ».
Intemporelle, sensible, la photographie de Franck Landron fait partie de celle que l’on n’oublie pas, et l’objet-livre se distingue dans cette direction : d’une grande beauté de fabrication, avec sa reliure à la suisse, ses bords arrondis, on croit ouvrir un cahier personnel… et c’est bien de quelque chose de personnel dont il s’agit.
IN-TIME, Franck Landron
Éditeur : Loco
50 €, 384 pages, format relié, 19,50 x 25,00
Acheter le livre : Loco / Fnac
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