Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de septembre 2024, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Du road trip américain avec Stephen Shore à l’exploration des groupes singuliers par Neal Slavin, en passant par l’histoire des femmes photographes japonaises, cette sélection propose un large éventail de sujets et d’approches. Vous retrouverez également une réédition des clichés olympiques de Raymond Depardon, ainsi qu’un hommage au glamour du cinéma avec l’imposante publication LIFE. Hollywood. Bonne lecture.
Sommaire
Véhiculaire & vernaculaire
Véhiculaire & Vernaculaire de Stephen Shore accompagne l’exposition éponyme à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Dirigé par Clément Chéroux, cet ouvrage explore l’œuvre du photographe à travers la « photographie véhiculaire ». Depuis les années 1960, Shore immortalise le paysage américain depuis divers moyens de transport—voitures, trains, avions et plus récemment, drones.
Structuré en une dizaine de séries chronologiques, le livre débute avec des clichés en noir et blanc de Los Angeles en 1969. Il inclut ses travaux phares American Surfaces et Uncommon Places, qui l’établissent comme un pionnier de la photographie couleur. À travers ces images, Shore dévoile la poésie des objets ordinaires et des scènes banales, révélant la profondeur du quotidien.
L’ouvrage est enrichi d’un entretien entre Shore et Clément Chéroux, replaçant son travail dans le contexte du road trip photographique. Le véhiculaire devient ainsi un prétexte pour explorer le vernaculaire, chaque voyage offrant une nouvelle vision de la société américaine. Un livre incontournable pour appréhender la singularité artistique de Stephen Shore.
Véhiculaire & Vernaculaire, Stephen Shore
Éditeur : Atelier EXB
49 €, 190 pages, relié, 22 x 27 cm
Acheter le livre : Atelier EXB / Fnac
When Two or More Are Gathered Together
Le ton est donné dès la couverture : une photographie frontale, un éclairage appuyé, et un groupe d’hommes qui regardent directement l’objectif. Qu’est-ce qui unit toutes ces personnes dont on fait le portrait collectif ? Chaque photographie est accompagnée d’une légende : tantôt club d’échec, tantôt associations plus ou moins caritative… Depuis les années 1970, Neil Slavin photographie ces groupes avec un regard humoristique mais jamais moqueur.
When Two or More Are Gathered Together – littéralement « Quand deux ou plus sont réunis ensemble – explore tout ce qui peut (ré)unir des personnes. Association des conducteurs de DeLorean, association internationale des jumeaux, collectionneurs de bible… Avec ces portraits collectifs, c’est finalement le portrait de toute une Amérique qui est représenté au fil des pages.
Martin Parr n’est pas loin : là aussi, les couleurs sont souvent criardes, les compositions travaillées, le ton entre réalisme et humour, avec quand même une certaine volonté de dépeindre la vie des gens et la société. Le travail va même un peu plus loin, puisque la fin de l’ouvrage présente toutes les associations et groupes pris en photo, avec toutes les informations (statuts, nombre de membres, présidents…).
When Two or More Are Gathered Together, Neal Slavin
Éditeur : Damiani Books
40 €, 160 pages, relié, 16,8 x 23 cm
Acheter le livre : Damiani Books / Fnac
Femmes photographes japonaise – Des années 1950 à nos jours
Après Une histoire mondiale des femmes photographes, les éditions Textuel se penchent cette fois-ci plus particulièrement sur les femmes photographes japonaises avec une publication ambitieuse. Sous la direction de Pauline Vermare et Lesley A. Martin, cet ouvrage rassemble le travail de près de 25 photographes japonaises, des années 1950 à nos jours, accompagné de contributions d’historiennes de l’art ou de conservatrices.
Apport considérable à la recherche sur l’histoire de la photographie féminine, le livre se veut également comme un point de départ pour des recherches plus précises. Une mention spéciale pour la bibliographie illustrée, unique en son genre, qui occupe près d’un tiers du volume et dresse un panorama exhaustif des publications consacrées aux photographes japonaises au cours des 70 dernières années
Cette mise en lumière était cruciale nécessaire : alors que la photographie japonaise peine à s’imposer à l’international, celle qui parvient à franchir les frontières est souvent perçue à travers un prisme occidental réducteur, limité à des thèmes esthétisants et stéréotypés – des fleurs, des panneaux en papier qui laissent passer un peu de lumière… À rebours des clichés, ce livre constitue un enrichissement tout autant nécessaire que critique et lumineux.
Femmes photographes japonaise – Des années 1950 à nos jours
Éditeur : Textuel
69 €, 440 pages, relié, 21 x 28 cm
Acheter le livre : Textuel / Fnac
J.O.
Tokyo, Mexico, Munich, Montréal, Moscou. 5 éditions des Jeux Olympiques couverts par Raymond Depardon, de 1964 à 1980 sont rassemblés dans ce petit livre, sobrement intitulé « J.O. ». Paru à l’origine en 2004, les éditions Points publient une édition, bilingue, augmentée et actualisée. L’occasion de (re)découvrir les clichés de celui qui est devenu l’une des légendes vivantes de la photographie contemporaine.
Car ce n’est pas « que » de sport dont il est question : Raymond Depardon, avec un sens de l’à-propos ô combien aiguisé, capte les « à-côtés », tous ces petits moments qui font les Jeux Olympiques. Mais aussi, bien sûr, tous ceux où la petite histoire rejoint la grande : le poing levé des athlètes noirs à Mexico (1968), la prise d’otage de la délégation israélienne (1972).
Chaque photo est agrémentée d’un court paragraphe de contexte, bien utile pour (re)plonger au cœur de la scène. Sans oublier, bien sûr, un entretien entre Raymond Depardon et l’ancien journaliste et commissaire d’exposition Philippe Séclier, qui permet d’en savoir plus sur l’exercice complexe auquel s’est livré le photographe sur ces terrains exigeants.
J.O., Raymond Depardon
Éditeur : Points
11,40 €, 316 pages, broché, 11 x 17,7 cm
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LIFE. Hollywood
Avant le triomphe de la télévision, la presse magazine était une porte ouverte sur le monde dans chaque foyer américain. Aucun autre titre n’illustre mieux ce phénomène que Life, véritable symbole de cette époque. De 1936 à 1972, l’hebdomadaire a consacré plus de 200 de ses Unes au monde du cinéma : ce sont ces clichés – et bon nombre de documents inédits – qui sont rassemblées dans ce très bel ouvrage publié par les éditions Taschen.
Divisé en deux volumes, il offre une plongée exceptionnelle dans les archives du journal. Le premier volume couvre le Golden Age de Hollywood, allant du premier numéro dédié au cinéma (avec un portrait de Jean Harlow, à peine un mois avant son décès) au début des années 1950. Le second s’attarde sur les mutations profondes qu’a connues Hollywood jusqu’aux années 1960 : la fin du « studio system », l’apparition de films indépendants, laissant une place à de nouveaux tons, de nouveaux visages.
Durant ces deux périodes, Life Magazine avait souci constant : être au plus près des techniciens, réalisateurs et acteurs. Le but commercial était évident : il s’agissait avant tout de donner envie aux lecteurs d’aller voir le film. Mais les clichés de Life – et ce double volume des éditions Taschen – sont un magnifique hommage à cet univers aux couleurs Technicolor. Ils forment une superbe galerie, que ne manqueront pas d’apprécier tous les fans de cinéma et de photographie.
LIFE. Hollywood
Éditeur : Taschen
200 €, 2 volumes sous coffre, 708 pages, relié, 26,5 x 36 cm
Acheter le livre : Taschen / Fnac