Photographe, journaliste et historien de la photographie, Jean-Claude Gautrand fait partie des pionniers de la « photographie subjective ». Au tournant des années 1960, il mène plusieurs expérimentations, caractérisées par des partis-pris graphiques forts. Les séries « Forteresse du dérisoire » et « Métalopolis » sont le fruit de ce travail avant-gardiste : elles font l’objet d’une exposition à la Galerie des Douches, à Paris, avec une sélection de tirages d’époque à découvrir jusqu’au 13 juillet.

Né en 1932, Jean-Claude Gautrand s’intéresse à la photographie dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Da rencontre avec Otto Steinert, chef de file de la photographie subjective, sera décisive dans son appréhension du médium. L’utilisation excessive du grain, du flou, de la surimpression et du contraste n’est plus considérée comme un défaut mais comme un moyen de faire de la photographie autrement, avec des partis pris graphiques forts.

Il faut attendre 1964 pour que Jean-Claude Gautrand réalise son premier projet devenu emblématique : Métalopolis. Le périphérique est alors en pleine construction, et le chantier est pour le photographe le terrain idéal afin d’expérimenter les cadrages, l’esthétique qui se dégage des structures métalliques devant sous son regard de grands aplats noirs. Il réitère deux années plus tard avec Gazoville – à nouveau, la modernité est au cœur de ses préoccupations : une modernité à la fois technique et esthétique.

Tirage gélatino-argentique d’époque, réalisé par l’artiste

Tirage gélatino-argentique d’époque, réalisé par l’artiste
La dimension avant-gardiste de Jean-Claude Gautrand réside à la fois dans son élaboration de séries photographiques – l’heure est alors plutôt à l’image solitaire qui se suffit à elle-même qu’au concept de pluralité d’images qui se répondent les unes entre elles –, et dans son approche tout à fait plastique du médium. Sa façon de strier et diviser l’espace avec des éléments du réel est alors tout à fait novatrice, tout autant que sa binarité, l’absence totale de nuance au sein de ses images : noir, blanc, et c’est tout.

Tirage gélatino-argentique d’époque, réalisé par l’artiste

Tirage gélatino-argentique d’époque, réalisé par l’artiste
L’exposition se concentre sur ses premiers travaux, sans pour autant occulter ses séries tardives (Les grotesques, plage de Saint Malo réalisée en 2006, ou encore Le jardin de mon père réalisée jusqu’en 2010). Jean-Claude Gautrand est décédé en 2019, laissant derrière lui une œuvre d’une grande exigence, une approche esthétique à laquelle il est resté fidèle pendant toute sa carrière photographique.

Notez que la Galerie des Douches avait déjà consacré une première exposition à Jean-Claude Gautrand, autour de la série « L’assassinat de Baltard », réalisée en 1971 lors de la destruction des Halles de Paris.
Son travail fait aussi l’objet d’une grande rétrospective, « Libres expressions », organisée par le Musée Réattu dans le cadre des Rencontres de la Photographie d’Arles. Enfin, un ouvrage intitulé Recompositions (104 pages, broché, 17×23 cm, 30 €), est paru en avril dernier aux éditions Contrejour, permettant de poursuivre la (re)découverte de ce photographe pluriel.
Informations pratiques :
Le temps irrémédiable, Jean-Claude Gautrand
Galerie Les Douches
Du 30 mai au 13 juillet 2024
5 rue Légouvé, 75010 Paris
Du mercredi au samedi de 14h à 19h
Entrée libre et gratuite