Thomas Meurot a remporté le premier prix de la catégorie Sport dans la compétition Professional des Sony World Photography Awards 2024 avec Kald Sòl (soleil froid). Cette série, réalisée lors d’une expédition de surf en Islande en hiver, a également abouti à un documentaire vidéo. Ces clichés en noir et blanc illustrent le froid, même en plein soleil, et contribuent au projet No Palm Tree voulant montrer que le surf ne se pratique pas uniquement sous les tropiques.
Nous avons pu échanger avec Thomas Meurot lors de la remise des prix à Londres. Dans cette interview, il revient sur ce projet documentaire et sa passion pour la nature, le surf et les pays froids.

Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Thomas Meurot, je suis photographe et vidéaste. J’ai commencé avec la photographie de surf, car le surf et les paysages sont ce qui me tient le plus à cœur. Je souhaite montrer le surfeur dans son environnement, pas seulement en plan serré.

En photographie, j’essaie d’avoir une approche journalistique. Mes photos intègrent un peu de surf, mais elles capturent également tout ce qui l’entoure : le transport, la marche, tout ce qui peut ramener au paysage et au « lifestyle ».
Ensuite, je me suis mis à la vidéo, l’idée du documentaire me plaisait beaucoup. La vidéo est une autre manière de documenter le surf, avec peut-être moins de paysage, mais plus d’action.

Pour la série Kald Sòl, je suis parti pour réaliser mon premier documentaire, et j’ai réussi à obtenir quelques sponsors. Bien sûr, en tant que photographe, je me suis senti obligé de prendre quelques photos. Et voilà le résultat.
Est-ce que vous êtes parti avec un appareil photo et une caméra ?
Non, j’avais investi dans un Sony A7 IV pour ce projet car je savais qu’il y aurait très peu de lumière entre mi-janvier et fin-janvier. Je filmais 90 % du temps et, de temps en temps, je passais en mode photo pour capturer quelques images.

Pourquoi avoir choisi le noir et blanc pour cette série ?
Avant tout, pour rappeler ce côté froid. C’est pour cela que le documentaire s’appelle Kald Sòl. Même les rares jours où nous avons eu du soleil, il faisait très froid.
Le noir et blanc ajoute aussi un aspect intemporel et met en valeur les détails. Pour moi, c’était important car l’Islande regorge de petits détails que l’on pourrait ne pas voir en couleur. Le noir et blanc permet de révéler ces subtilités.

En hiver, l’Islande c’est beaucoup de gris et de noir par nature ?
Oui, il y a beaucoup de gris et de noir, mais nous avons eu quelques jours de beau temps. Même les jours de neige, le noir et blanc confère un aspect intemporel à ces paysages.
Pouvez-vous nous parler de la No Palm Tree Surfing Association ?
La No Palm Tree Surfing Association est une association assez récente que j’ai rejointe. Elle guide les gens pour surfer en eau froide. Nous ne nous adressons pas uniquement aux professionnels. Aujourd’hui, les films de surf en Islande mettent en avant des professionnels, mais très peu d’amateurs. Le but du film Kald Sòl était de montrer cela.

Nous voulons encourager les amateurs, ceux qui pensent ne jamais pouvoir surfer en Islande à cause de leur niveau. Il y a des vagues pour débutants. Les surfeurs sur ces photos ne sont pas tous des professionnels.
L’objectif est d’amener les gens à surfer en eau froide et de les aider. L’association a été créée par des passionnés d’eau froide, et c’est pourquoi je l’ai rejointe.
De plus, il y a un aspect aventure que l’on ne retrouve plus dans le surf aujourd’hui. Les gens vont généralement là où il fait chaud, avec des palmiers, où ils peuvent séjourner à l’hôtel le soir.
C’est vrai que c’est plus difficile de se mettre à l’eau ?
Avec les combinaisons modernes, la technologie permet de ne pas avoir trop froid, mais cela reste une expérience rude.
Avez-vous rencontré des difficultés ou des défis lors de ce documentaire ?
J’ai une anecdote amusante du premier jour de surf. Je n’avais jamais fait de photos sous la neige, et je venais de recevoir mon appareil quelques jours avant, donc je n’avais pas eu trop le temps de le prendre en main.

Il y avait de fortes chutes de neige, à tel point que je ne voyais pas les surfeurs. L’appareil faisait la mise au point sur les flocons, ce qui était frustrant. Mais au final, j’ai réussi à obtenir deux bonnes images de cette session.
Oui, il y a eu des difficultés, comme le froid, car on ne peut pas porter de gros gants pour filmer. Je n’avais jamais été dans une eau aussi froide, même avec une combinaison.
Nous avons eu la chance d’avoir des vagues pendant 15 jours sur les 17. Cela ne se produit pas toujours, comme cette année où l’association a emmené des gens et ils ont eu des vagues seulement 4 jours sur 15. C’est vraiment aléatoire.
Qu’est-ce que ce prix représente pour vous ?
C’est trop cool. Je ne m’attendais pas du tout à gagner. C’est la première compétition de photos que je remporte, surtout dans une catégorie Professionnel.
J’étais un peu abasourdi quand ils m’ont appelé. Je ne sais pas quoi dire d’autre.

Quels sont vos prochains projets ?
Il y a d’autres séries en cours. Bien sûr, il y a le film qui est en train de terminer sa diffusion dans plusieurs festivals, notamment internationaux. Ensuite, je le mettrais probablement sur YouTube.
L’idée est de continuer à monter des projets documentaires, nous avons déjà quelques idées. Peut-être un projet sur la highline, ou sur l’environnement, un sujet qui me tient à cœur, essayer de sensibiliser les gens à la nature. Mais l’idée est de rester dans les pays froids, car c’est ce qui me plait.
Merci Thomas d’avoir répondu à nos questions. Vous pouvez retrouver le travail de Thomas Meurot sur son site internet et sur Instagram.