Mario Renzi
© Mario Renzi

Mario Renzi : pour l’amour de la Formule 1

Depuis 20 ans, Mario Renzi capture avec brio les monoplaces de F1. Photographe officiel du Championnat du monde, il est parvenu à donner une réelle esthétique à ce sport mécanique extrême.

Comment s’organise-t-il pour capturer ses clichés ? Quel matériel utilise-t-il ? Nous avons eu l’occasion de lui poser nos questions, en marge des courses Championnat du monde de F1. Il nous raconte son parcours, sa passion pour la F1, et nous livre quelques précieux conseils pour la photographie sportive automobile.

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Quel est ton parcours et quand as-tu commencé la photographie ?

J’ai une licence en communication et je suis un pur photographe autodidacte. J’ai découvert la photographie tardivement, à l’âge de 23 ans. Lors d’un stage universitaire, j’ai eu l’opportunité de rencontrer un photographe qui m’a proposé de l’accompagner en reportage et m’a prêté un premier boitier Nikon. La photographie m’est alors apparue comme quelque chose d’instinctif. Cette fausse facilité a vite laissé place à beaucoup de travail pour présenter un premier book.

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Qu’est-ce qui t’a amené à la photographie automobile, et surtout de F1 ?

Un jour, Soheil Ayari, un ami d’enfance, espoir du sport automobile français et qui évoluait en Formule Ford, m’a demandé de faire des photos de lui en piste. À l’époque, j’étais l’assistant d’un photographe d’architecture et d’urbanisme et je n’avais photographié que des bâtiments avec mon Nikon FM2 et mon 34 mm Nikkor. Je l’ai accompagné ensuite au fil de ses promotions, et jusqu’aux portes de la Formule 1. C’était il y a vingt ans… Vingt saisons de Formule 1 plus tard, je suis le photographe officiel du Championnat du monde.

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Que faut-il pour obtenir une photo de F1 réussie ?

Il faut qu’elle retranscrive une émotion, une force, une fureur propre à ce sport.

Comment décrirais-tu ton style photographique ?

Graphique et coloré.

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Peux-tu partager avec nous une journée type lors d’un Grand Prix ?

Le déroulement de la journée du Grand Prix se passe comme suit:

Je me rends sur la grille de départ au moment où les formule 1 quittent chacune leur box. Lorsque les voitures sont sur la grille, les pilotes se réunissent pour l’hymne national. Ces quelques minutes avant le départ sont un moment privilégié pour capturer toute l’intensité de la concentration de chacun d’eux.

Ensuite, en fonction du circuit, je décide de l’endroit où me placer pour le départ. Pendant la course, on a à disposition des navettes qui nous permettent librement de passer d’une position à une autre en piste. 

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Environ 15 tours avant la fin du GP je rentre au paddock pour être présent dans le parc fermé, l’endroit habituellement sous le podium où les trois premiers seront réunis avec leur voiture pour la célébration de la victoire. Enfin je me rends sur le podium avant que les pilotes n’y accèdent, je me fais discret dans un coin pour dernière étape : la remise des coupes et le champagne.

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Suit une présélection de mes fichiers Raw. C’est seulement le lendemain que je procède au développement de ces fichiers, ce qui me prendra environ une journée pour un travail final de quelque deux cents photographies.

En tant que photographe officiel du Championnat du monde de Formule 1, disposes-tu de beaucoup de liberté pour réaliser tes images ? Quelles images dois-tu ramener/produire ?

Je dispose d’une grande liberté et d’accès privilégiés qui sont le fruit et le résultat de la confiance qui m’est accordée par la F1.

En définitive, j’ai l’ensemble de la saison – cette année 23 Grand prix sont au calendrier – pour produire des images qui seront utilisées pour promouvoir la F1 à travers le monde. 

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Peux-tu partager avec nous l’un de tes meilleurs souvenirs photographiques ?

Peut-être pas le meilleur, mais après coup le plus drôle. Cela s’est passé pendant le Grand prix de Russie 2017 à Sochi. Le dimanche Vladimir Poutine devait remettre le trophée au vainqueur sur le podium. Le matin même, je rencontre le chef de la sécurité du président russe pour qu’il valide la position que j’aurai sur le podium lors de la cérémonie.

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Je lui explique qu’en plus d’être sur le côté a environ deux mètres du président russe, j’ai fixé un boitier contrôlé à distance au-dessus du podium. Je lui ai proposé de déclencher le boitier pour qu’il puisse s’assurer que tout était correct d’un point de vue sécurité. À ma surprise il m’a dit qu’à partir du moment où je  serai sur le podium en même temps que son président,  pas besoin de test. J’ai pensé alors que c’était une façon de me dire que si j’avais l’intention de nuire au président russe, je serais moi-même en danger .

La célébration a eu lieu après la course, tout se passe comme prévu. J’ai pu en même temps déclencher mon boitier à distance et shooter depuis le podium a quelques mètres de l’un des hommes les plus puissants de la planète.

Quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai pu récupérer mon boitier au-dessus du podium… En contrôlant ma série d’images sur l’écran, j’ai vite compris la réaction du chef de la sécurité russe. J’avais seulement une série de photos des trois pilotes sur le podium avant l’arrivée de Vladimir Poutine pour la remise du trophée et après son départ.

J’ai très vite compris ce qui s’est passé : d’une manière assez prévisible, des brouilleurs d’onde, placés à l’intérieur des valides de la gare rapprochée du président, ont fait que je n’ai pas pu déclencher mon boitier à distance en sa présence…

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Quel matériel photo utilises-tu ? A-t-il évolué ces dernières années avec l’arrivée des systèmes hybrides ?

Je suis fidèle à Nikon depuis mes débuts de photographe. Au fil des années, j’ai noué des liens forts avec Nikon France, un partenariat qui a donné le jour a une grande exposition numérique au Nikon Plaza à Paris l’année passée ainsi qu’à l’Automobile Club de France place de la Concorde.

La deuxième partie de la question est plus d’actualité avec l’annonce du nouveau Nikon Z 9, le futur hybride pro de la marque. Je pense que ce sera un tournant pour moi et le réel moment d’opter pour cette nouvelle génération de boitiers. J’ai hâte de pouvoir le tester.

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En quoi ce matériel photo te permet-il de faire des images uniques selon toi ?

La photographie de sport – et particulièrement la F1, qui est le pinacle des sports mécaniques — requiert une concentration visuelle importante. Aussi lorsqu’on peut avoir une confiance totale en son matériel on peut librement être créatif.

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Photographier le Championnat du monde de F1 t’amène à beaucoup voyager. Comment gères-tu cela dans ton quotidien ?

L’important, c’est de savoir s’accorder un temps de pause entre chaque Grand Prix et chaque voyage.

À l’heure du Covid, qu’est-ce qui a changé dans la pratique de ton métier ?

Nous passons des tests PCR tous les cinq jours et sommes regroupés en bulles sanitaires, sans possibilité d’avoir des interactions entre les bulles… Ce qui se traduit par plus de distance et plus de restrictions et surtout des voyages beaucoup plus complexes. Mais je dois dire que je suis extrêmement chanceux de pouvoir travailler et je pense à tous ceux que la pandémie a stoppés dans leur activité. C’est une preuve de la force de la F1 qui a été le premier sport à relancer son championnat l’an passé.

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As-tu un conseil pour qui souhaiterait débuter la photographie de sport automobile ?

Photographier tout ce qui a des roues et un moteur, préparer un book avec des images personnelles. Faire preuve d’humilité et de persévérance. Utiliser les réseaux sociaux avec le souci d’une cohérence et d’une signature pour valoriser son travail.


Merci Mario d’avoir répondu à nos questions.

Vous pouvez retrouver le travail de Mario Renzi sur son compte Instagram.