La photographie de mode décortiquée avec les photocollages de Deborah Turbeville

Avec une impressionnante collection de tirages et de collages d’époque, l’exposition « Photocollage » consacrée à Deborah Turbeville au Musée de la Photographie Huis Marseille (Amsterdam) est la première véritable rétrospective de cette photographe encore trop confidentielle. Articulée autour de ses premiers travaux et de ses séries plus tardives et connues, la sélection présente une carrière entière consacrée à la photographie de mode et à la réinvention de ses conventions esthétiques. À découvrir jusqu’au 16 juin 2024.

Il est intéressant de constater que Deborah Turbeville (1932 – 2013) ne se considérait pas comme une photographe de mode, bien qu’elle ait principalement travaillé avec la presse et des marques de ce domaine. Sans doute voulait-elle alors se démarquer comme artiste à part entière, et pas seulement comme sujette à répondre aux commandes commerciales – et la découverte de ses photographies, au style marqué d’une grande originalité, fait pencher en ce sens.

Il est frappant de constater à quel point elle détonne de ses contemporains qui travaillaient dans le même secteur, alors dominé majoritairement par des hommes. Que ce soit dans l’esthétique de ses images ou la manière dont elle fait poser ses modèles. Les poses, d’ailleurs, sont plutôt lascives, le regard empreint d’une certaine poésie qui semble vouloir aller au-delà des apparences.

La singularité du travail de Deborah Turbeville se situe également dans la façon dont elle fait usage du découpage et du collage pour transformer ses photographies, dans un geste artistique sans cesse renouvelé. L’altération apportée à ses images parait les déplacer dans un autre temps, une autre époque impossible à situer. Et, les collages, constitués de photographies de différents formats aux bords parfois carrément déchirés, appellent à un vocabulaire presque cinématographique, narratif à la manière d’un story-board.

Je détruis l’image après l’avoir faite. L’idée de désintégration est véritablement au cœur de mon travail.

Deborah Turbeville

« Photocollage » présenté au Musée de la Photographie Huis Marseille d’Amsterdam prouve à nouveau que la photographie de mode ne se cantonne pas à la publicité et aux magazines. Elle est dorénavant reconnue à sa juste valeur – c’est-à-dire considérée comme une expression artistique légitime – et elle peut être poreuse aux autres pratiques plastiques. À noter qu’un livre éponyme (26 x 30,5 cm, 240 pages, 75 €) est disponible aux éditions Thames & Hudson.

Informations pratiques :
Photocollage, Deborah Turbeville
Du 16 mars au 16 juin 2024
Huis Marseille, Museum for Photography
Keizersgracht 401
1016 EK Amsterdam
Pays-Bas
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h, jusqu’à 21 h le jeudi.
Tarif : 12,50 € (réduit : 6,50 €)