Adobe Firefly aurait utilisé des images créées par des IA génératives concurrentes

Difficile de s'entraîner sans sparring-partner ?

Présenté par Adobe comme « plus responsable » que ses concurrents, Firefly se retrouve au cœur d’une controverse. En effet, le journal Bloomberg accuse Adobe d’avoir entraîné son IA générative à partir d’images générées par ces mêmes rivaux, Midjourney en tête.

Dans le petit monde des intelligences artificielles génératives, des solutions comme Midjourney, Dall-E ou Stable Diffusion se sont rapidement imposées. Problème : les modèles d’IA qu’ils utilisent sont basés sur des millions d’images glanées sur Internet – donc potentiellement protégées par le droit d’auteur.

Un point qu’Adobe entendait éviter avec sa propre IA générative, nommée Adobe Firefly. Ainsi, cette dernière devait (en théorie) utiliser exclusivement un jeu de données composées d’images libres de droits et d’images dont Adobe a la propriété. Malheureusement, la réalité semble quelque peu différente.

Comme le rapporte le journal Bloomberg dans un article publié le 12 avril 2024, le modèle Adobe Firefly se serait aussi basé sur la marketplace Adobe Stock, où les utilisateurs du monde entier peuvent proposer des photos à vendre. Problème : environ 5 % des images présentes sur Adobe Stock proviennent en réalité d’IA génératives concurrentes – Midjourney et Dall-E en tête.

Ceci place Adobe dans une « zone grise ». Car les conditions générales d’Adobe Stock n’interdisent pas aux internautes de déposer des images générées par une IA. En outre, Adobe n’a pas directement enfreint le droit d’auteur américain – puisque les œuvres créées par l’IA ne sont pas protégées.

Mais en entraînant sa propre IA avec des visuels issus de Midjourney et autres, Adobe a (indirectement) utilisé des images protégées par le droit d’auteur. Si un artiste reconnaît son œuvre dans l’un des visuels ayant servi à alimenter Firefly, le géant américain risque ainsi de se retrouver en fâcheuse posture.

Cette affaire fournit un nouvel exemple des nombreuses questions qui se posent autour des contenus ayant servi à l’entraînement des IA génératives. L’an dernier, Adobe aurait octroyé un « bonus » allant de 70 à 1000 $ aux créateurs dont les travaux seraient passés à la moulinette de Firefly. Une intention relativement louable… mais qui semble bien peu par rapport aux millions de dollars de revenus que pourrait dégager Adobe grâce à son IA générative.