The Cousins, 2005 © Alessandra Sanguinetti : Magnum Photos

Une série au fil de la vie : Alessandra Sanguinetti à la fondation Henri Cartier-Bresson

Certains projets semblent accompagner des vies sans qu’ils ne puissent toucher à l’achèvement. C’est le cas de la série réalisée par Alessandra Sanguinetti depuis 1999 aux côtés de ses deux modèles, Guillerma et Belinda. Membre de l’agence Magnum depuis 2007, Alessandra Sanguinetti expose jusqu’au 19 mai sa série phare Les Aventures de Guille et Belinda enrichie de films et nouvelles images à la Fondation Henri Cartier-Bresson.

Exposition Alessandra Sanguinetti — Les Aventures de Guille et Belinda

Une rencontre décisive

Née en 1968 à New York, Alessandra Sanguinetti a grandi en Argentine. C’est là qu’elle aperçoit pour la première fois en 1999 celles qui deviendront les muses de sa création photographique. Enfants singulières, les deux cousines Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz ne sont alors que deux silhouettes dans le lointain. Depuis, les figures de Guille et Betina qui avaient attiré le regard de leur ainée se sont précisées pour devenir le centre de toutes les images façonnées par la photographe.

D’abord publiées en 2010 dans The Adventures of Guille and Belinda and the Enigmatic Meaning of their Dreams, les photographies prises des deux cousines continuent de s’enrichir de nouvelles productions pour témoigner avec une véracité rare du passage de l’enfance à l’âge adulte.

Couverture de l’ouvrage The adventures of Guille and Belinda and the enigmatic meaning of their dreams, éditions Mack/art Paper, 2021

Jouer la vie ?

Avec la campagne Argentine pour toile de fond, son univers de gauchos et sa masculinité, les photographies d’Alessandra Sanguinetti prennent une tournure documentaire. Les scènes créées par les trois complices sont pourtant mises au point à grand renfort d’accessoires et avec un sens de la mise en scène qui semble prolonger indéfiniment les jeux qui occupaient ces deux fillettes à l’aube des années 2000.

Entre imagination et réalité, fantasmagories psychanalytiques et poésie, les portraits d’Alessandra Sanguinetti ne cessent, non sans une certaine signature portée sur l’étrangeté, de redécouvrir les traits de celles qui grandissent devant son objectif

Dépasser les rôles de la création artistique 

De la photographie à la peinture, le lien entre l’artiste et son sujet n’a de cesse d’attiser la curiosité du public. À quoi tient cette rencontre éveillant l’inspiration ? Quelle est la part de création et qu’est-ce qui est apporté à l’œuvre par le modèle ? Au fil des images, Alessandra Sanguinetti redistribue les cartes pour prolonger une narration qui s’appuie nécessairement sur les clichés précédemment réalisés. Changements de vie et évolution, comme la grossesse et la maternité des jeunes femmes, font entrer de leur vérité dans le corpus. 

Oriana, First Day, 2009 © Alessandra Sanguinetti : Magnum Photos

Appelées à prolonger ces tableaux collectifs initiés il y a désormais 25 ans, Guillermina, Belinda et Alessandra ont peut-être aussi rendu floue la ligne de démarcation entre le penseur et faiseur de l’image et son sujet. Projet appelé à ne jamais cesser de s’enrichir, Les Aventures de Guille et Belinda ont précédemment été exposées à Arles en 2006 puis au BAL en 2011. Enrichie de 52 nouvelles images et de 3 films, la série est proposée au public de la fondation Henri Cartier Bresson jusqu’au 19 mai prochain.

Publié aux éditions Mack Books, le livre Au fil du temps. Conversations sur les documents et les rêves rassemble des entretiens d’Alessandra Sanguinetti. La sortie de l’ouvrage bilingue français / anglais (12,5 x 19,5 cm, 60 pages, 17 €) prolonge l’expérience de l’exposition.

Informations Pratiques
Alessandra Sanguinetti, Les Aventures de Guille et Belinda
Du 30 janvier au 19 mai 2024
Fondation Henri Cartier Bresson
79, rue des Archives 75003 Paris
Du mardi au dimanche, de 11h à 19h
Plein tarif 10 €, Tarif réduit 6 €