1000 ans pour une photo : un projet expérimental en Arizona

Jonathan Keats, un philosophe expérimental, a fait installer un « appareil photo » rudimentaire pour surveiller l’évolution d’une localité d’Arizona sur… mille ans ! Son installation sténopé serait en effet capable de réaliser une image à très (très) longue exposition. Une expérience destinée à poser d’intéressantes questions sur l’avenir de l’humanité. Voici la Millenium Camera.

millenium camera
 La Millenium Camera © Christopher Richards, University Communications

Et si votre appareil photo pouvait tenir la pose pendant 1000 ans ? C’est évidemment impossible pour un boîtier numérique et même argentique – le temps aura raison de lui. C’est pour cela que Jonathan Keats, enseignant à la faculté des beaux-arts de l’Université d’Arizona, a opté pour un sténopé bien original dans le cadre d’une expérience de philosophie expérimentale.

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 © Christopher Richards, University Communications

La plus longue pose de l’histoire ?

M. Keats a alors fait installer près de Tumamoc Hill à Tucson, Arizona, un petit cylindre de cuivre monté sur un poteau en acier. Ce cylindre est percé d’un trou de la taille d’une tête d’épingle laissant passer un fin rayon de lumière. Sur la face intérieure, est installée une feuille d’or de 24 carats. Le rayon vient frapper cette surface sensible qui est recouverte d’une fine couche de « rose madder » un type de pigment de peinture à l’huile.

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Le fameux cylindre de cuivre.

Observer l’évolution d’un quartier sur un millénaire

Ainsi, sur une période de mille ans, le paysage de ce quartier de Tucson va lentement se développer à l’intérieur du cylindre, baptisé la « Millenium Camera ». Et, au bout de 1000 ans, (si le poteau est toujours en place) nos lointains descendants, s’ils ouvrent le boîtier, pourront observer l’évolution du paysage sur 10 siècles. Vertigineux.

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 © Christopher Richards, University Communications

Le philosophe estime que sur 1000 ans, les montagnes ne bougeront pas et resteront nettes – tandis que la ville évoluera ou disparaîtra, laissant des « traces » plus ou moins floues. Pour lui, cela permet de s’interroger sur la place actuelle de l’homme et donnera aux générations futures l’occasion d’observer l’impact des décisions des humains sur le (très) long terme.