5 livres photo à ne pas manquer – novembre 2023

Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de novembre 2023, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.

Ce mois-ci, notre sélection vous fait découvrir la richesse des déserts de 4 continents avec Léo Coulongeat. À l’opposé, Les particules de Manon Lanjouère mêle science et art autour des océans du monde. Jean-François Spricigo livre une œuvre emprunte de poésie avec Nous l’horizon resterons seul, primé lors de la dernière édition du Prix Nadar. Come Out de Sunil Gupta revient sur 10 ans de marche pour les droits des minorités en Grande-Bretagne. Enfin, dans Le portrait d’art, Pauline Petit dévoile les coulisses de ses portraits à l’univers monochrome singulier.

Bonne lecture.

Déserts

Par son infinité, son (apparente) absence de vie et son aridité, le désert est un sujet aussi riche que fascinant. Photographe autodidacte, Léo Coulongeat parcourt les étendues désertiques du globe depuis 7 ans. Ce très beau livre, paru aux Éditions du Chêne, rassemble 115 photographies.

Il nous emmène ainsi à travers 12 tableaux d’une grande variété, de la Vallée de la Mort aux steppes désertiques de Gobi. Mais, loin d’être une simple collection de souvenirs ramenés de ses voyages, l’ouvrage ouvre une véritable réflexion autour des déserts et de leurs habitants. La spiritualité, les techniques traditionnelles, mais aussi l’exploitation minière, la désertification sont autant de thématiques développées par Léo Coulongeat au fil de ses rencontres – et de cet ouvrage.

Vastes étendues sablonneuses que l’on ne se lasse de contempler, photographies animalières et portraits intimistes se succèdent harmonieusement dans ce bel ouvrage de 192 pages à la couverture très sobre. Il vient ainsi compléter – ou parachever – les Carnets de voyage que l’auteur avait publié au fil de ses pérégrinations.

Déserts de Léo Coulongeat
Editeur : Chêne
40 €, 192 pages, format broché, 22,2 x 27,7 cm
Acheter le livre : Éditions du Chêne / Fnac

Come Out, Protest & Pride 1985-1995

Les éditions Stanley/Barker publient le grand livre Come out. Grand dans tous les sens du terme, autant par son format qui permet de découvrir les photographies noir et blanc dans toute leur splendeur, que dans le propos qu’elles portent. Justement sous-titré Protest & Pride 1985-1995, le livre de Sunil Gupta retrace dix ans de marches et manifestations, à partir de 1985, en Grande-Bretagne.

Dès la couverture, mate et cartonnée, qui reprend l’esthétique des fanzines de la communauté queer, le thème est annoncé – et au travers du livre, les images parlent d’elles-mêmes. Car la période n’est pas anodine : de 1985 à 1995, la Grande-Bretagne vit au gré des lois répressives du gouvernement Thatcher, notamment sur la classe ouvrière et les communautés homosexuelles (alliées un temps, comme le montrent certaines photographies, et comme on peut le découvrir dans le film Pride de Matthew Warchus).

Sans pour autant renier les difficultés vécues en ces temps-là, le livre de Sunil Gupta célèbre la joie de protester, de manifester, et de se regrouper autour d’une même cause, en nombre… Et, mine de rien, rappele quelques pans de l’histoire politique britannique, lorsque bannières et slogans s’intercalent au milieu des portraits.

Come Out de Sunil Gupta
Editeur : Stanley/Barker
59 €, 112 pages, format relié, 24 x 33,5 cm
Acheter le livre : Éditions Stanley/Barker / Leslibraires.fr

Nous l’horizon resterons seul

Les éditions du Bec en l’air continuent leur travail de grande qualité avec la publication de « Nous l’horizon resterons seul« , un titre à lire en deux groupes de mots distincts. Pas de hasard si l’ouvrage de Jean-François Spricigo a reçu le Prix Nadar Gens d’images le mois dernier – tant cette publication, résolument originale, se distingue par l’attention apportée aux photographies sélectionnées, ainsi qu’à la facture générale, avec notamment sa couverture cartonnée imprimée sur toile. 

Avec Jean-François Spricigo, on n’est jamais loin du conte, de l’imaginaire, voire du mythologique. Toujours sur ses images, la nature semble reprendre ses droits – plus que la nature, le sauvage et tout ce qu’il rassemble, faune comme flore. La forêt, particulièrement, où se croisent humains et d’autres formes animales sur le même pied d’égalité, sans s’opposer mais bel et bien en cohabitation. L’artiste se positionne en observateur, parfois observé, mais toujours attentif à la poésie de chaque situation, de chaque être vivant qu’il photographie. 

C’est ainsi que se compose une œuvre en évolution permanente, une œuvre vivante au rythme de ses projets et de ses pérégrinations – ici, c’est l’île de La Réunion, Mayotte et la Guyane qui lui ont servi de terrains d’explorations géographiques et intimes.

Nous l’horizon resterons seul de Jean-François Spricigo
Editeur : Le bec en l’air
45 €, 128 pages, format relié, 28,5 × 22,5 cm
Acheter le livre : Éditions Le bec en l’air / Fnac

Le portrait d’art

Pauline Petit s’est fait un nom parmi la nouvelle génération de portraitistes en proposant des clichés très travaillés en noir et blanc de personnages atypiques.

Avec ‌Le portrait d’art, Plus qu’un style, un univers photographique ! publié aux Éditions Eyrolles, la photographe normande détaille son parcours, son univers et sa démarche artistique. On peut ainsi découvrir comment ses œuvres s’inscrivent dans un processus plus complexe que celui de la simple capture d’image.

Le cheminement est minutieux et demande à la photographe des talents de dessinatrice, maquilleuse et retoucheuse pour donner vie à ses personnages. Soit autant de chapitres qui viennent structurer cet ouvrage didactique. Très complet (168 pages), ce petit livre à la couverture souple permet de mieux appréhender le travail et la technique de Pauline Petit.

Préparation du modèle, matériel, studio, développement… elle n’omet rien à travers cet ouvrage. Richement illustré en mises en situations, exemples et captures d’écran, il pourra servir de guide à qui voudrait un jour aussi voir ses portraits encadrés ou exposés.

Le portrait d’art de Pauline Petit
Editeur : Eyrolles
25 €, 168 pages, format broché, 17 x 23 cm
Acheter le livre : Librairie Eyrolles / Fnac

Les particules

Avec Les particules, Manon Lanjouère signe un ouvrage aux images aussi belles qu’inquiétantes. À première vue, ses photographies révèlent autant de créatures méconnues peuplant le fond des océans. Hélas, la réalité est tout autre. Au lieu de créatures, ce sont ici des déchets plastiques colonisant les mers du monde qui sont mis en lumière par la photographe.

Employant diverses techniques (le cynanotype, notamment), l’artiste reprend les codes de l’iconographie des plantes du début du XIXe siècle. Un choix qui n’a rien d’anodin, comme le souligne Michel Poivert – qui signe la préface de l’ouvrage. « Le merveilleux scientifique et ses fictions littéraires promettaient à la fois la connaissance et l’illusion d’une maîtrise de la nature. Voilà désormais que les déchets constituent eux-mêmes une espèce », explique-t-il.

Dans une démarche à la fois poétique et documentaire, Manon Lanjouère signe un bel ouvrage de 56 pages aux clichés envoûtants, où cotons-tiges et fonds de bouteilles servent à mettre en lumière ce que notre esprit peine à mesurer. Profondément engagé, Les particules mêle contemplation et appel à l’action.

Les particules, le conte humain d’une eau qui meurt de Manon Lanjouère
Editeur : The Eyes
35 €, 56 pages, format broché, 20 x 28 cm
Acheter le livre : The Eyes Publishing / Leslibraires.fr