©Thomas Boivin

Le Belleville personnel de Thomas Boivin

La photographie de rue est à l’honneur à la Galerie Le Château d’Eau. Avec son exposition « Belleville », Thomas Boivin nous propose un portrait de son quartier parisien autant qu’un hommage aux photographes du réalisme poétique des années 1950. A découvrir à Toulouse jusqu’au 27 août 2023.

©Thomas Boivin

Comme le rappelle justement Christian Caujolle dans sa présentation de l’exposition, le quartier populaire de Belleville a fait l’objet d’une publication qui fait date, signée Willy Ronis. Comment passer après tout cet imaginaire construit par les membres de l’« école française de photographie » ? Après Robert Doisneau – et d’autres –, qui ont vu dans ce quartier alors très populaire l’occasion de brosser un certain portrait de la capitale ? Tout le talent de Thomas Boivin a été précisément de montrer son quartier tel qu’il le voit, tout en usant d’une esthétique qu’on pourrait facilement qualifier de désuète.

Car il y a quelque chose d’anachronique dans ses noir et blanc ; au premier coup d’œil et sans contexte, on pourrait croire à des tirages « d’époque »… puis un téléphone apparaît, un vélib’ moderne ou autre indicateur d’une modernité. Thomas Boivin réalise ses tirages argentiques lui-même, ajuste l’équilibre entre les nuances de gris et produit ainsi ces images peu contrastées, où ni le noir ni le blanc ne prédominent. Des photographies qu’on pourrait penser légères, sans pour autant être fades : des photographies poétiques.

La plus grande force de la poésie réside souvent dans le fait qu’elle est contenue.

Christian Caujolle, directeur artistique de la Galerie du Château d’Eau
©Thomas Boivin

Malgré les larges rénovations entreprises depuis des années, le quartier de Belleville reste habité par des espaces de mixité. Pas de photos volées pour Thomas Boivin, mais plutôt des images qui suivent une rencontre – c’est en tout cas ce que l’on perçoit immédiatement quand on les découvre. L’impression d’une certaine lenteur, d’une longue errance dans les rues de son quartier pour établir un réel dialogue avec ses habitants, celles et ceux qui ne font que passer, et ses lieux emblématiques qui donnent des paysages ou des natures mortes renouvelées.

©Thomas Boivin

Avec sa série, Thomas Boivin se situe bien là, dans son quartier, dans ses images – allant jusqu’à y apparaître, une ombre sur le trottoir. Comme il le dit lui-même, ses photographies ne sont pas sur Belleville, mais avec et dans Belleville. Pas d’artifices, pas de mises en scène, mais bel et bien un portrait authentique, personnel et sensible d’un quartier.

La douceur de ce contact humain, lisible dans les regards, visible dans les attitudes, interpelle autant qu’elle réjouit. Elle bat en brèche l’idée qu’il serait devenu difficile de photographier ses contemporains dans l’espace public : le Belleville de Thomas Boivin redonne ainsi vie à la photographie de rue.

Michaël Houlette, directeur de la Maison de la photographie Robert Doisneau
©Thomas Boivin

Informations pratiques : 
« Belleville », de Thomas Boivin
Galerie le Château d’Eau 
Du 2 juin au 27 août 2023
1, place Laganne, 31300 Toulouse
du mardi au dimanche, de 13h à 19h
Tarifs : 4 € / réduit 2,5 €