Les éditions Filigranes publient le dernier livre de Benjamin Deroche, Sur-Nature. Il continue ainsi naturellement le travail qu’il avait initié en 2020 avec son projet La lumière du loup, une recherche photographique et plastique sur le paysage. Avec Sur-Nature, Benjamin Deroche travaille pour la première fois avec des sculptures en papier installées en bord de mer, une mise en scène aux contraintes fortes qui nous permettent de découvrir des images à l’esthétique irréprochable.
Depuis 2012, Benjamin Deroche photographie inlassablement les marées, les mouvements périodiques de l’eau sur le sable et l’estran, cette partie du littoral que la mer recouvre avant de se retirer avec une constance immuable. Benjamin Deroche se situe en équilibriste dans l’entre-deux : entre deux marées, entre deux pratiques (l’une plastique, l’autre photographique), entre deux environnements, deux éléments qui parfois se rejoignent, eau et forêt.
« C’est un jeu de patience », comme le dit Benjamin Deroche, une patience nécessaire pour photographier les sculptures fragiles en papier froissé, une patience qui devient la condition même de la pratique photographique pour ce genre d’image.
Il se situe en opposition à l’idée d’appréhender l’environnement qui l’entoure avec son regard et, en quelque sorte, d’imposer sa vision des choses sur la nature. Selon ses mots, ce n’est pas son regard qui lui permet de photographier, mais bien l’espace environnant qui conditionne sa façon de voir les choses.
Photographier la nature correspond pour moi à un espace de libération. Au cœur d’une forêt ou au bord d’un lac, il n’y a pas de perfection ni d’imperfection, tout est déjà là et je suis en quelque sorte sans objet, d’où ce besoin de non-altérité. Il y une sorte de dilution de soi avec la nature et l’on peut effectivement parler de communion.
Benjamin Deroche
Avec ses installations, Benjamin Deroche dépasse l’idée d’une nature simple, pure et inaltérée, en nous proposant de voir concrètement l’incidence de l’homme sur celle-ci – dont les conséquences sur l’environnement, peut-être à l’inverse du papier froissé, ne seraient pas si simple à défaire.
Sur-Nature (88 pages, 56 photos couleur, texte d’Agathe Cancellieri) est publié aux éditions Filigranes. Il est disponible au tarif de 27 €.