Le service EyeEm, mélange entre Instagram et Getty Images, dépose le bilan

EyeEm, la plateforme de photographie basée à Berlin, a déposé le bilan. La startup, qui a une époque pouvait se vanter de faire trembler le réseau social Instagram, est ainsi sur le point de disparaître, selon Business Insider Deutschland. Décryptage.

Clap de fin pour EyeEm

Fondée en 2011 par Florian Meissner et Lorenz Aschoff, EyeEm (« Je suis » en anglais) avait pour objectif de créer une communauté en ligne pour les photographes du monde entier, où ils pourraient partager et vendre leurs photos. La plateforme avait rapidement gagné en popularité grâce à sa technologie de reconnaissance d’image et à son engagement envers les photographes, offrant des outils et des services pour les aider à monétiser leur travail.

Signe qui ne trompe pas : Markus Spiering, Head of Product chez Flickr, avait décidé de rejoindre les équipes de EyeEm en 2014 après avoir passé 4 ans chez Flickr. Il est aujourd’hui chez Adobe.

L’annonce de la faillite possible de EyeEm a surpris de nombreux photographes et utilisateurs enthousiastes envers le service, même si les dernières années n’ont pas été un long fleuve tranquille pour la startup berlinoise. En effet, au fil des années, EyeEm a connu des défis financiers et a dû faire face à une concurrence de plus en plus féroce sur le marché de la photographie en ligne. Malgré des levées de fonds importantes (plus de 24 millions de dollars) auprès d’investisseurs, dont Intel Capital et Valar Ventures, et des partenariats avec des marques bien connues comme Airbnb, EyeEm n’a pas réussi à atteindre la rentabilité.

Le code au service de la monétisation des photos

Sur la plateforme, lancée en beta exclusivement sur iPhone – plusieurs dizaines de millions de photographes avaient répondu à l’appel. Pour partager leurs photos, mais aussi et surtout pour monétiser leur créativité visuelle, en participant à des « missions » sponsorisés par des marques. Au fil des années, EyeEm est ainsi passé d’une plateforme de partage à une véritable solution de vente de photos – type photo stock.

Le service a notamment été précurseur dans l’utilisation de l’intelligence artificielle afin d’analyser les photos de ses utilisateurs et leur attribuer un score esthétique, pour les aider à découvrir quelles images avaient le plus de potentiel. L’objectif, à peine caché, était toujours orienté vers la monétisation des clichés.

En 2017, EyeEm allait même jusqu’à faire appel à une IA pour sélectionner les meilleures photos d’un concours, à grand coup de Computer Vision :

Restructuration et rachat par Talenthouse

Pour autant, l’histoire d’amour n’a pas duré longtemps. Fin 2020, la plateforme EyeEm restructurait ses équipes, avec notamment le départ de ses fondateurs Florian Meissner, Lorenz Aschoff et Gen Sadakane. Simon Cox, ancien VP Media Management chez Getty Images, avait rejoint l’équipe pour structurer la startup. Ramzi Rizk, également co-fondateur, devenait président.

En 2021, la société suisse New Value AG, désormais appelée Talenthouse AG, rachète EyeEm pour un montant estimé à 40 millions de dollars, selon TechCrunch.

Cependant, depuis le rachat, la situation financière de la plateforme ne semble pas s’être améliorée, bien au contraire. De nombreux photographes vendant leurs images sur la place de marché EyeEm se sont ainsi plaint de ne pas avoir reçu à temps le paiement de ces ventes. Pour Talenthouse, le problème était d’ordre comptable et lié au rapprochement des équipes financières suivant le rachat.

Aujourd’hui pourtant, EyeEm aurait déposé le bilan après avoir omis de payer les photographes pendant toute l’année selon Business Insider Deutschland

Pour l’heure, EyeEm n’a pas encore répondu suite à la publication de l’article de Business Insider du 4 avril 2023. Faisant partie de Talenthouse, il se pourrait que l’équipe soit repartie sur d’autres projets. Pour autant, reste à savoir si les photographes ayant vendu des images seront payés à la fin de l’histoire.

Mise à jour : le 5 juin dernier, la maison mère Talenthouse a diffusé un communiqué aux investisseurs indiquant que « la société continue de travailler sur une solution définitive pour restructurer Talenthouse et ses filiales, et est en contact avec les principaux actionnaires, les prêteurs et l’investisseur susmentionné à cette fin. »