Le 21 avril, le Nikon Film Festival annonçait les lauréats de sa 13e édition lors d’une cérémonie de remise des Prix organisée au Grand Rex, à Paris. Plus de 2200 court-métrages de 2 minutes 20 sur le thème du nombre 13 ont été proposés. Parmi eux, 12 films ont été récompensés par le jury, présidé cette année par Alexandre Astier. Voici les courts-métrages primés.
Grand Prix du Jury et Prix International
« Tears come from above » réalisé par Margaux Fazio et Manon Stutz remporte à la fois le Grand Prix du Jury et le Prix International. Dans ce court métrage émouvant, les réalisatrices mettent en scène un survivant d’Auschwitz, tatoué du chiffre 13 013, un chiffre qui lui aurait porté chance et permis de sortir vivant du camp de la mort. Le 13 septembre 2007, il prend son courage à deux mains et décide d’aller enfin recouvrir son tatouage. Alors qu’il tourne cette page importante de sa vie, il se remémore des événements de son passé, alors qu’un triangle rose était cousu sur ses vêtements. Avec ce film, les réalisatrices ont souhaité « mettre en avant des minorités trop peu représentées », abordant un sujet sensible et peu évoqué de la Seconde Guerre mondiale.
Prix de la mise en scène et Prix de la critique
Anna Apter a reçu le Prix de la mise en scène ainsi que le Prix de la critique pour « /Imagine », un court-métrage qui aborde l’adolescence, l’âge de 13 ans, le besoin de se construire et de se trouver, dans un monde basé sur les réseaux sociaux, le superficiel et surtout l’artificiel. « Imagine un enfant qui fête ses 13 ans dans un monde où tout est faux, rien n’est réel, les gens sont seuls et les intelligences, artificielles. »
Pour réaliser son court-métrage, Anna Apter a d’abord réalisé un scénario – décliné en un monologue qu’elle récite en voix off. Elle a ensuite imaginé des enfants, des plans et des compositions, qu’elle a décrit très précisément à une IA générative telle que Midjourney. Elle a ensuite animé, assemblé et monté ces images pour en faire un court-métrage. Une démarche originale qui a plu à la critique, qui a affirmé vouloir « creuser cet univers », mais qui a néanmoins suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux.
Prix du scénario
Dans les vestiaires pendant la mi-temps d’un match, un entraineur essaye de remotiver son équipe, menée à 13-0. Les joueuses craquent, abandonnent, et souhaitent arrêter le match. Mais l’entraineur va faire une confession qui suscitera l’empathie des joueuses et qui les ramènera sur le terrain. Drôle et émouvant à la fois, « La Grinta » remporte le Prix du scénario.
Prix d’interprétation féminine
Shirine Boutella remporte le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans « La maintenance », réalisé par Enzo Croisier. Elle y joue une employée dans un open-space parisien. Lorsque 13h sonne, le monde autour d’elle se met en pause, y compris ses collègues, avant qu’une équipe de maintenance rentre dans le bureau. Elle assiste alors à une réalité effrayante. Une performance réalisée à la perfection dans un court-métrage entre comédie et science-fiction.
Prix d’interprétation masculine
Bertrand Goncalves remporte le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « 13 euros ». Il y joue un membre d’une bande d’amis qui, au moment de payer au bar, se rend compte qu’il manque 13 euros à payer. Le jeu d’acteur a plu au jury, qui a décidé de lui octroyer ce Prix.
Prix de la photographie
Et si Rose et Jack se retrouvaient dans une autre vie, des années après le naufrage du Titanic ? Si « Réincarnés » réalisés par Hugo Brunswick et Camille Charbeau n’a pas remporté le Prix du scénario, il repart avec le Prix de la photographie, dirigée par Simon Noizat. Filmé de nuit, le court-métrage fait preuve d’une réelle maitrise des lumières et de la composition. Un court-métrage plein d’humour qui fait preuve d’un véritable sens du détail et du professionnalisme.
Prix du meilleur montage
Deux amis prennent la route après une soirée. Sur le chemin, ils tomberont sur la police, et pris de panique, multiplieront les erreurs. La mise en scène et les jeux de lumière apportent un grand dynamisme à court-métrage, qui offre un savant mélange entre film à suspense, polar et comédie. « Dommage » d’Alice Isaaz remporte le Prix du meilleur montage.
Prix du meilleur son
Mélanie est entrainée dans une routine quotidienne rythmée par la sonnerie de son téléphone. Chaque jour, elle sort de chez elle, passe devant la même ruelle et presse le pas jusqu’à son travail. Mais dans cette ruelle se trouve un mystérieux seau, posé au sol, et marqué d’un chiffre.
Tintement des clés, claquement des talons dans la rue, sonnerie de l’ascenseur… le quotidien de Mélanie est rythmé par les sons qui donnent une atmosphère angoissante au court-métrage. La sonnerie de téléphone, telle un leit motiv, revient de plus en plus régulièrement, faisant monter la tension d’un cran à chaque retentissement. Mais un jour, épuisée, Mélanie s’arrête enfin pour découvrir ce qu’il se trouve dans ce mystérieux seau.
Par le son, « Etreinte », réalisé par Axel Zeltser, transmet une histoire, une atmosphère, des émotions, et dénonce le harcèlement de rue à travers une métaphore saisissante.
Prix des écoles
Le Prix des écoles revient à « Linguine n°13 », réalisé par Béranger. Extravagant et perturbant à la fois, ce court métrage retrace le destin tragique… d’une pâte. À travers un excellent jeu d’acteur, Léon, sans aucun mot, se livre à une performance théâtrale unique, basée sur le mime et les bruitages. Aucun décor, aucun dialogue, mais une performance jouée jusqu’au bout et un scénario pour le moins original.
Prix SensCritique
Cette année, un nouveau prix fait son apparition : le Prix SensCritique, remis par le partenaire du Festival. SensCritique a donc sélectionné « Ecroma teio », réalisé par Frederic Uran et Kevin Poezevara. Dans ce court-métrage, une détective se rend sur une scène de crime, où elle rencontre son nouveau collègue. Celui-ci semble très (voire trop) bien connaître les intentions du meurtrier…
Distinction du Prix Alice Guy pour une cinéaste
Le Prix Alice Guy, crée par Véronique Le Bris en hommage à la première réalisatrice et productrice au monde, vise à récompenser le talent de réalisation des femmes, souvent absentes des grands palmarès annuels. Pour la deuxième année consécutive, une distinction du Prix Alice Guy a été remise au Nikon Film Festival. Cette récompense revient donc à « Countdown » de Laura Thiébaux.
Lili est enfermée dans une maison remplie de sulfure d’hydrogène, l’empêchant de s’enfuir et bloquant toute personne qui souhaiterait l’aider. Trois de ses amis tentent tout de même de venir la sauver. Pour cela, ils ne doivent pas rester plus de 13 secondes dans la maison, sans quoi le produit les tuerait. Un thriller de 2 min 20 où chaque seconde est comptée.
Prix du public : 13 ans
Une opératrice au centre 18-112 prend un appel d’urgence pour un suicide dans un collège de Paris. Mère d’un enfant de 13 ans, elle pense immédiatement à son enfant, scolarisé dans ce même établissement. S’en suit une conversation téléphonique haletante, durant laquelle la femme devra malgré tout tenter de garder son froid.
Par son excellent jeu, l’actrice apporte une tension palpable au court métrage et rend hommage au travail des pompiers et des opérateurs téléphoniques. « 13 ans », réalisé par la Brigade de sapeurs pompiers de Paris, remporte le Prix du Public.
Tous ces court-métrages – ainsi que l’ensemble des films de cette édition 2023 sont à retrouver sur le site du Nikon Film Festival.