Mizuwari, ivresses tokyoïtes de Bruno Labarbère en financement participatif chez Hemeria

Bruno Labarbère se partage entre la photographie de rue et le journalisme. Il découvre le Japon en 2011 et n’a depuis cessé de prendre la route de l’archipel pour en saisir les contrastes et les subtilités. Son livre Mizuwari, actuellement en campagne de financement participatif chez Hemeria, distille à travers ces errances nocturnes en noir et blanc, un amour empreint de curiosité pour la vie à Tokyo.

Mizuwari, Bruno Labarbère
© Bruno Labarbère

Génèse d’un projet

Né au nord-est de la Thaïlande en 1987, Bruno Labarbère grandit en France et découvre la photographie en 2007. Il se détourne alors du design industriel auquel il se destinait tout en en conservant la technique et la minutie à même de révéler le dessein artistique d’une forme, d’une image.

Mizuwari nait d’une idée, celle d’un documentaire consacré aux distilleries japonaises. Ce sera finalement une errance spontanée dans les rues et les venelles de Tokyo. Bruno Labarbère décide de côtoyer non pas ceux qui font l’alcool, mais ceux qui s’en délectent ou s’y perdent. Le photographe se fait lui aussi goûteur, s’installant derrière les microbars de Golden Gai, les comptoirs des bistrots nippons (izakayas), les lounges animés de Roppongi ou les bars à cocktails du très branché quartier Ebisu.

Mizuwari, Bruno Labarbère
© Bruno Labarbère

Dilutions nocturnes

Le service mizuwari « coupé avec de l’eau » est propre au Japon. Le whisky (comme le saké ou d’autres alcools locaux) est servi accommodé d’eau fraîche et de glaçons pour plaire au palais japonais. Le rituel reste populaire et rassemble toujours les Japonais de toutes classes et de toutes origines. Le mizuwari prolonge l’ivresse, mais révèle aussi la palette aromatique du saké ou de l’umeshu.

Mizuwari — Bruno Labarbère

Le temps d’un verre, d’une « réunion pour boire » (nomikai) l’alcool se dilue et la tempérance nippone avec lui. Mais Bruno Labarbère n’est pas dupe, derrière la façade festive la réalité demeure, seul le feu de l’alcool est atténué. Mizuwari c’est aussi être « seul ensemble« .

Mizuwari, Bruno Labarbère
© Bruno Labarbère

Ivresses tokyoïtes

Salarymen allongés à même le bitume, ruelles abandonnées à l’ivresse, élégantes dont le verre reflète la skyline tokyoïte, silhouettes aux contours flous comme diluées par les vapeurs de l’alcool : la série explore la nuit, sa banalité comme sa singularité.

 Ce livre n’est pas un livre sur l’ivresse, mais plutôt sur les ivresses. (…). C’est avant tout un éloge de la vie, du chaos si ordonné et des ombres de Tokyo.

Mizuwari, Bruno Labarbère
© Bruno Labarbère

Bien que minimalistes, les images mettent en exergue la complexité de la vie urbaine, sa tension. Les structures des bâtiments. L’eau et l’asphalte jouent avec l’éclairage urbain et donnent aux images une intemporalité poétique. Le grain de l’image, ses noirs profonds absorbent le regard, enivrant à leur manière le spectateur.

Le livre contient également des clichés diurnes, réalisés dans les rues de la ville. Une façon de montrer que malgré l’ivresse, la vie ne s’arrête jamais dans cette mégalopole riche de plus de 37 millions d’âmes.

Mizuwari, livre objet

Pour contenir ce travail photographique, le livre Mizuwari dispose d’une fabrication avec un système de volets et rabats qui permettent de faire dialoguer les photos entre elles, comme des inconnus qui se rencontrent dans les lieux visités par le photographe. Une reliure à spirale, peu commune, vient ici briser les codes du livre photo et donne à cet ouvrage un côté carnet qui désacralise le livre photo.

Soucieux du détail, le photographe propose à son lecteur de parcourir le livre à l’occidentale ou bien de droite à gauche, à la japonaise. Les photos sont à découvrir sur du papier Munken Print White 115 g avec une main 1.8.

Mizuwari, Bruno Labarbère

Pour voir le jour, le livre Mizuwari de Bruno Labarbère est actuellement en cours de financement participatif sur la plateforme Hemeria. Le livre (17 x 24 cm, 79 photos) est ainsi proposé au tarif de 45 € (au lieu du prix public de 55 € à sa sortie). Différentes contributions sont également proposées, avec des tirages signés et numérotés dans différents formats.

Ce projet est soutenu par la Galerie Écho 119 (qui représente Araki Nobuyoshi en France) et Leica Camera.

A l’heure où nous publions cet article, plus de 30% du financement a déjà été rassemblé. La campagne se termine le 31 mars 2023.

Rédactrice

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  1. Il manque la couleur !
    J’ai été trop frustré de ne pas pouvoir tirer mes photos en couleurs étant jeune.
    Aujourd’hui c’est facile et je ne comprend pas que l’on ne l’utilise pas.
    Bonne chance.

    1. Bonjour Claude,

      Disons qu’il ne manque pas de couleur, mais plutôt que c’est compliqué de faire de la couleur quand on photographie avec se la Kodak Tri-X 😉
      D’ailleurs, je n’ai pas fait volontairement du noir et blanc, pour l’obsession du noir et blanc. La petite histoire, c’est que l’écrasante majorité des photos viennent d’un voyage au Japon en 2017, où je n’avais pour seul appareil photo qu’un Leica M2 (argentique tout mécanique et sans cellule). Adopter une pellicule noir et blanc pardonnait donc mieux les erreurs d’exposition qu’une pellicule couleur, et la contrainte technique a mené au rendu esthétique.

      « Mais pourquoi faire de l’argentique en 2017 ? » me direz-vous ? Parce qu’à ce moment là, j’étais encore Chef de la Rubrique Photo du site LesNumeriques.com, et qu’à ce titre je manipulais mes boitiers (numériques) les plus récents et modernes (et parfois un poil trop complexes) à longueur de journée. Donc, pour ma pratique personnelle, je voulais quelque chose aux antipodes, pour ne pas avoir l’impression d’être « au travail ».

      Ceci dit, je dis ça, je dis rien, mais il y aura bien quelques photos en couleur dans le livre MIZUWARI, mais elles seront bien cachées:)