© Giles Duley

Expo : Le monde sous nos yeux, quand les reporters témoignent de la guerre en images

Jusqu’au 30 juillet 2023, le Centre international du photojournalisme organise un cycle d’expositions consacré à la représentation de la violence. Intitulée Le monde sous nos yeux, cette série d’expositions organisée au couvent des Minimes à Perpignan vise à mettre en avant les photoreporters et leurs images prises à travers le monde – et témoignant toutes de la violence des conflits d’un monde en ébullition.

Le monde sous nos yeux
Blace, Frontière Yougoslavie-Macédoine, avril 1999 © Alexandra Boulat

Crée en 2015 par l’Association Visa pour l’Image-Perpignan, le Centre International du Photojournalisme (CIP) a pour missions principales la conservation de documents photographiques mais également l’organisation d’expositions à caractère journalistique et de résidences de photojournalistes.

Dans cet objectif, l’établissement organise jusqu’au 30 juillet 2023 Le monde sous nos yeux, un ensemble de trois expositions – visant chacune à représenter les violences de notre monde contemporain, leurs conséquences pour les populations et la manière dont les photoreporters les ont capturées.

Le monde sous nos yeux
© Alizé Le Maoult

Le monde sous nos yeux : 3 regards sur les violences du monde

Ce que leurs yeux ont vu… d’Alizé le Maoult, rassemble ainsi une série de diptyque mettant en miroir les portraits de reporters et les clichés les plus marquants de leur carrière. « Je leur ai demandé de choisir une photo parmi tous les conflits qu’ils ont couverts qui représenterait « la guerre », car eux seuls savent ce qu’ils ont vu », explique-t-elle dans un entretien avec le curateur J.L. Soret en 2022. Par son travail de curation, la photographe rend hommage à de grands témoins tels que Robert Capa, Patrick Chauvel, Eric Bouvet, Benedicte Kurzen, David Seymour ou encore Véronique de Viguerie.

Le monde sous nos yeux
© Alizé Le Maoult

Legacy of War de Giles Duley réunit plusieurs corpus d’images, témoignant chacun des impacts des guerres sur le temps long. Il apporte ainsi un nouveau regard sur « l’après-guerre », en donnant une voix aux habitants et communautés ayant subi les conflits. Par cette démarche, il s’éloigne de la représentation de la plupart des médias, souvent orientée sur l’impact économique et politique à court terme, et effectue un véritable travail documentaire autour de l’humain.

Ses travaux présentés au couvent de Minimes se concentrent sur deux zones géographiques : l’Ouganda et l’Angola. S’inspirant du concept japonais du kintsugi, il symbolise la résilience des victimes à travers une céramique brisée, dont les morceaux ont été réparés avec de l’or.

Le monde sous nos yeux
Kintsugi : Deborah © Giles Duley & Toni Hollis

Dans Éclats de guerre, Alexandra Boulat partage ses clichés capturés entre 1991 et 1999 en Yougoslavie, et témoignant des séries de guerres qui ont dévasté le pays. « J’ai couvert ce conflit jusqu’à l’écœurement. J’ai vu à l’œuvre, toujours et encore la même hystérie lorsque les Serbes s’efforçaient de mettre leur emprise sur les Républiques désireuses de se séparer de la Yougoslavie » témoigne-t-elle . Elle s’attache dès lors à illustrer l’absurdité des guerres.

« Pourquoi se faire la guerre ? C’est une question que je me suis toujours posée. […] Je pensais, sûrement utopiquement, que l’Histoire nous avait déjà montré l’atrocité des conflits, et que nous en aurions tiré des leçons. C’est triste de voir l’Histoire se répéter, ça nous dépasse et ça serre nos gorges à tous », ajoute celle qui fut frappée par la similarité entre les images qu’elle a capturées en Yougoslavie et celles de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.

Kosovo, Macédoine, avril 1999. Transport en bus de réfugiés Kosovars- albanais d’un camp à l’autre © Alexandra Boulat

Une interview de Jean-François Leroy ainsi qu’une lecture de Nous, l’Europe : banquet des peuples et de De sang et de lumière de Laurent Gaudé par Agnès Sajaloli sont également proposées dans le cadre de cette série d’expositions.

Toutes les informations quant à l’exposition Le monde sous nos yeux sont disponibles sur le site Internet du Centre International du Photojournalisme.

Informations pratiques :
Le monde sous nos yeux

Couvent des minimes
Du 19 janvier au 30 juillet 2023
24 rue François Rabelais, 66000 Perpignan
Du mardi au dimanche, de 11h30 à 17h30 (jusqu’au 31 mai), de 10h30 à 18h30 (à partir du 1er juin)
Entrée libre et gratuite