© Julia Pirotte/ Mémorial de la Shoah.

Julia Pirotte, photographe et résistante, au mémorial de la Shoah

Le mémorial de la Shoah accueille une exposition autour de l’oeuvre de Julia Pirotte, photojournaliste résistante d’origine polonaise. Figure des mouvements ouvriers et syndicaux des années 1930, elle photographie la Seconde Guerre mondiale, la Résistance et la Libération, avant d’aller capturer l’après-guerre en Pologne. Une centaine de ses clichés sont à découvrir jusqu’au 30 août 2023.

Julia Pirotte
Un combattant. Marseille, France, 21 août 1944. © Julia Pirotte/ La contemporaine, Bibliothèque, Archives, Musée des mondes contemporains

Julia Pirotte, née Gina Diament, naît à Lublin en 1907 dans une famille juive pauvre. Elle est victime très jeune des régimes autoritaires mis en place dans son pays. En 1924, alors qu’elle n’a que 17 ans, elle est condamnée à 4 ans de prison pour activités communistes.

Menacée une nouvelle fois en 1934, elle fuit la Pologne pour rejoindre sa sœur réfugiée en France. Elle tombe malade en Belgique ; soignée par le Secours rouge international, elle travaille comme ouvrière. La jeune femme participe à la vie syndicale et participe à de nombreuses grèves et manifestations en 1936.

Julia Pirotte
Insurrection de Marseille du 21 août 1944. Marseille, France, 21 août 1944. © Julia Pirotte/ La contemporaine, Bibliothèque, Archives, Musée des mondes contemporains.

C’est également à cette époque qu’elle rencontre l’ouvrier et du syndicaliste Jean Pirotte, qu’elle épouse en 1935. Elle se lie également d’amitié avec la future résistante Suzanne Spaak. Cette dernière l’encourage à se consacrer au photojournaliste, et lui offre un Leica III. Elle réalise notamment un reportage sur les mineurs polonais de Charleroi, et se rend dans les Pays Baltes en 1939, alors que la Pologne est envahie par l’Allemagne nazie.

En 1940, l’armée allemande déferle sur la Belgique, contraignant une nouvelle fois Julia Pirotte à fuir. La photojournaliste s’installe alors à Marseille, où elle travaillera pour la presse locale. Par sa photographie, elle défend de nombreuses causes : les conditions de vie précaires des habitants du Vieux-Port, le quotidien des femmes, les enfants juifs du camp de Bompard, les maquis de la Résistance.

Julia Pirotte
Enfants faisant la ronde au camp de Bompart, Marseille (Bouches-du-Rhône). France, 1942. © Julia Pirotte/ Mémorial de la Shoah.

4 ans plus tard, la photojournaliste immortalise la Libération de Marseille. Après la guerre, elle continue de mettre son travail photographique au service des causes qu’elle défend et retourne en Pologne. À travers un reportage poignant, elle rend compte de la reconstruction du pays mais également de l’antisémitisme encore bien présent. Elle est la seule photographe à avoir documenté le progrom de Kielce, le 4 juillet 1946.

Elle continuera la photographie jusqu’en 1968, en capturant des clichés profondément humanistes, fenêtres vivantes sur l’Histoire du 20e siècle. En 1996, la photographe est faite Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, une ultime récompense pour ses nombreux reportages réalisés en France, en Pologne, dans les pays de l’Est ou encore en Israël.

On me demande comment je fais avec cet appareil pour capter des images qui sont exposées dans le monde entier (…). Quand je ressens un battement de coeur, je sais que ce sera une bonne photo

Julia Pirotte

Julia Pirotte, grand témoin du XXe siècle

Une centaine de clichés de Julia Pirotte sont exposés au Mémorial de la Shoah jusqu’au 30 août. Les tirages, qu’ils soient modernes ou d’époque, rendent hommage au travail de la photojournaliste, active jusqu’en 1968.

En effet, l’exposition revient sur la carrière de la photographe en mettant en avant ses clichés les plus marquants, mais également en revenant sur les valeurs et les combats qui étaient les siens. Ainsi, qu’elles soient engagées, militantes ou qu’elles aient eu un impact sur la vie et la carrière de la photographe : les femmes occupent une place importante au sein de ses clichés.

L’exposition présente ainsi des photographies du fonds du Mémorial de la Shoah, de La contemporaine de Nanterre, de l’Institut historique juif de Varsovie et du Musée de la Photographie de Charleroi.

Toutes les informations quant à l’exposition sont disponibles sur le site Internet du Mémorial de la Shoah.

Informations pratiques :
Julia Pirotte, photographe et résistante
Mémorial de la Shoah
Du 9 mars au 30 août 2023
17 rue Geoffroy–l’Asnier, 75004 Paris
De 10h à 18h du dimanche au vendredi et de 10h à 22h le jeudi. Fermé le samedi.
Entrée libre et gratuite