Visite d’usine : découverte des nouveaux ateliers de Négatif+ à Gennevilliers

Le labo photo parisien Négatif+ nous ouvre les portes de ses nouveaux ateliers de production, inaugurés il y a quelques mois. L’occasion de découvrir les coulisses du développement et du tirage de nos images argentiques (ou numériques), et de rencontrer celles et ceux qui donnent vie à nos clichés.

Négatif+ : de Paris à Gennevilliers, un laboratoire incontournable de la scène photo parisienne

Fondé en 1992, Négatif+ est sans doute l’un des laboratoires photo les plus connus de la région parisienne. Destinées aux particuliers comme aux professionnels, ses prestations vont du développement au tirage photo en passant par l’agrandissement, ou l’encadrement

2022 fut sans doute une année de transition pour Négatif+. Quittant ses locaux historiques de la rue Lafayette, devenus exigus et peu pratiques, le laboratoire photo parisien dispose depuis quelques mois d’un atelier flambant neuf. Situé à Gennevilliers, au Nord-Ouest de Paris, ce dernier permet aujourd’hui à Négatif+ d’offrir une capacité de traitement accrue de nos films argentiques – et de nos fichiers numériques, grâce à de nouvelles installations plus modernes.

Nous sommes accueillis par Philippe Lopez, PDG de l’entreprise, et par Gérard Jean, directeur du service numérique. Ils reviennent avec nous sur le déménagement du laboratoire. « Nous avons dû quitter nos anciens locaux car rester dans le 10e arrondissement (près de la gare du Nord, NDLR) devenait très compliqué », nous explique Philippe Lopez.

À droite, Philippe Lopez, PDG de Négatif+ ; à gauche, Gérard Jean, directeur des services numériques

Les quelques 600 m² du laboratoire n’étaient sont pas sur un seul plateau unifié, mais subdivisés en différents espaces disjoints, compliquant les opérations de développement et de tirage des clichés. En outre, les locaux n’étaient pas en mesure d’accueillir une nouvelle table de découpe Zund, que l’entreprise était alors en train d’acquérir.

Dès lors, Négatif + a choisi de s’implanter dans une zone industrielle en grande banlieue parisienne. Coïncidemment, ses nouveaux ateliers sont situés à quelques pas de ceux de Picto, autre grand nom de la photographie. 

Pour ne pas perdre le lien de proximité avec ses clients, la marque conserve cependant ses 2 boutiques au 100 et 106 rue La Fayette. L’une est consacrée à l’argentique – et a d’ailleurs été refaite avec un esprit vintage il y a 4 ans. L’autre est dédiée aux commandes de tirages depuis des fichiers numériques. « L’essentiel de la production est effectuée à Gennevilliers », indique Philippe Lopez : la marque conserve cependant plusieurs traceurs afin de répondre aux demandes spécifiques de tirages numériques dans des délais très courts.

Les nouveaux ateliers de Négatif+ : gains de place, de productivité… et de qualité

À l’instar de ceux de Whitewall (à Cologne) que nous avions eu l’opportunité de visiter au printemps 2022, les nouveaux ateliers de Négatif+ sont divisés en trois grandes zones. La première est dédiée au développement, au tirage et à la numérisation des pellicules argentiques. C’est là que sont situées les fameuses chambres noires, dont les portes nous sont évidemment restées closes. « Le déménagement a été l’occasion d’acquérir 2 nouvelles développeuses de films », nous indique Philippe Lopez.

En effet, les anciennes machines avaient largement fait leur temps (générant parfois des rayures sur les négatifs) et leur réinstallation dans les nouveaux locaux aurait été très complexe et peu rationnelle, nous explique-t-il. « Nos nouvelles développeuses sont fabriquées par Hostert, une marque allemande : ces temps-ci les installateurs croulent sous les demandes, tant les commandes des clients en matière d’argentique ont explosé ces dernières années ! ».

L’entreprise a également investi dans de nouvelles machines destinées à la numérisation des pellicules argentiques, qui est également en très forte croissance. « Nous avons une clientèle souvent assez jeune, qui nous commande le développement et la numérisation de leurs clichés – parfois même sans passer par la case tirage – afin de pouvoir les partager sur les réseaux sociaux », nous explique Gérard Jean. Chaque scan prend à peine plus d’une seconde, avec un traitement antipoussière et anti-rayures. 

Une deuxième zone est consacrée au tirage des fichiers numériques. Ces derniers peuvent être imprimés sur différents supports (plexiglas, dibond) de grandes dimensions, qui sont ensuite découpées sur la nouvelle table de découpe Zund. Sans surprise, le laboratoire est en mesure d’exécuter des tirages de grandes dimensions, allant jusqu’à 1,5 x 3 mètres. Le laboratoire est également doté de machines « classique » à jet d’encre.

Enfin, une dernière partie est réservée à l’encadrement des tirages. Le laboratoire propose plusieurs solutions : encadrement « classique » et passe-partout, mais aussi la caisse américaine, toujours très appréciée. Petite particularité : l’atelier est également en mesure d’encadrer bien d’autres objets. Récemment, ce sont ainsi une coiffe indienne ou encore une veste en cuir qui ont profité du savoir-faire du personnel.

Globalement, l’emménagement au sein de ce nouvel espace à Gennevilliers s’avère très positif pour Négatif+ (excepté un certain allongement du temps de trajet pour certains membres du personnel). Plus lumineux, plus spacieux, ils ont permis au laboratoire de déployer une organisation beaucoup plus rationnelle de ses processus de traitement des images, qu’ils soient argentiques ou numériques.

Les prochaines étapes pour Négatif+ 

Aujourd’hui, le laboratoire semble bien armé pour les prochaines évolutions du marché. « Actuellement, nous traitons jusqu’à 800 films par jour, mais nous avons des pointes à 1000 films par jour », nous indiquait Gérard Jean lors de notre visite (qui précédait la période de Noël).

Les demandes des clients sont assez variées ; cependant, plusieurs grandes catégories de demandes sont visibles. « Aujourd’hui, notre clientèle est à la fois composée d’amateurs avertis et de professionnels« , nous expliquent les dirigeants de l’entreprise. Plus concrètement, Négatif+ génère environ 60 % de son chiffre grâce aux professionnels. « Des galeries, des administrations, des mairies, des expositions… nous confient leurs fichiers pour des travaux d’impression et d’encadrement », nous explique-t-on.

Si le nombre de professionnels recourant à l’argentique de nos jours a largement diminué, le laboratoire a été impressionné par le retour en force du support analogique, particulièrement chez la jeune génération. « Les jeunes veulent avoir un appareil entre les mains, et ont un vrai goût pour l’argentique. Ils ont envie de ne pas être que dans le numérique », nous explique Philippe Lopez. « C’est aussi une population qui, dans nos boutiques, est très demandeuse de conseils ».

L’enseigne doit également être capable de répondre à des demandes très spécifiques. Comme pour la pochette d’un récent album de Maître Gims, réalisée à l’argentique (avec un Contax G2) : pour cette commande, le laboratoire a dû traiter pas moins de 50 films en moins d’une journée – contre 2 à 3 jours habituellement.

L’entreprise a également dû faire face aux pénuries de nombreuses pellicules argentiques. « Mais nous réussissons malgré tout à avoir toutes les références en rayon », précise Philippe Lopez. Interrogé à ce sujet, le PDG du laboratoire nous cite l’exemple de Fujifilm : « la marque semble s’ouvrir à produire un peu plus, mais d’un autre côté, elle ne semble pas vouloir consentir à de nouveaux investissements. Elle rationne, en même temps qu’elle prend conscience de la nécessité de relancer la production de films ». En clair : l’entreprise joue la carte de la prudence. « S’ils voient une demande de plusieurs milliers de films par mois, ils remonteront sans doute une usine », conclut-il.

Côté tirage, l’enseigne nous présente, non sans une certaine fierté, son papier « Negpaper« , développé en interne sur une base coton conçue suivant le cahier des charges de Hahnemühle. « Le fait d’éliminer tous les intermédiaires nous permet d’obtenir des coûts 20 % moins élevés par rapport aux papiers historiquement réputés et ainsi proposer à nos clients une gamme de papier qualitative à coûts moindres », nous indique Gérard Jean. D’un grammage de 300 g/m2, il est décliné en deux finitions, l’une perlée et l’autre « ultra-mat ». Ces derniers visent à proposer des contrastes prononcés et une excellente restitution des couleurs vives – tout en évitant les reflets parasites. Un point qui nous rappelle d’ailleurs le rendu obtenu avec les papiers barytés.

C’est ainsi que s’achève notre découverte de l’atelier de Négatif+. Nous tenons à remercier toutes les équipes du laboratoire pour l’avoir rendu possible, notamment à Philippe Lopez, Gérard Jean de Négatif+, et à Ève de Rothiacob pour l’organisation de cette visite.

Pour en savoir plus sur Négatif+, rendez-vous sur leur site internet.