Le constructeur Xiaomi vient de dévoiler un concept de smartphone tout droit sorti du futur… et du passé. Avec le 12S Ultra Concept, le chinois, qui a récemment signé un partenariat stratégique avec Leica, présente un smartphone à capteur 1 pouce compatible avec des objectifs interchangeables Leica M. Rêve ou réalité ? Retour sur cette annonce étonnante.
Un smartphone Xiaomi à objectifs interchangeables ?
Imaginez un instant : vous sortez votre smartphone de votre poche, aussi fin que léger, et vous lui ajoutez un objectif photo tout ce qu’il y a de plus traditionnel, afin de réaliser des clichés de qualité. Plutôt que de vouloir réinventer la photographie au smartphone avec des systèmes compacts, Xiaomi présente aujourd’hui un concept de smartphone compatible avec des optiques Leica M. Attention, il ne s’agit pas d’un produit final prêt à arriver sur le marché, mais d’un concept, comme les concept cars présentées par les constructeurs automobiles, pour montrer une vision du futur.
Derrière le 12S Ultra Concept, on retrouve la base du smartphone premium Xiaomi 12S Ultra dévoilé en juillet dernier. Doté d’un capteur photo principal 50,3 Mpx de type 1 pouce assisté par une lentille imposante avec 8 éléments conçus, la majorité des caractéristiques de ce smartphone sont reprises ici, sauf un point.
Sur ce concept de smartphone, l’objectif principal disparaît, laissant apparent le capteur 1 pouce, placé derrière une vitre de protection en saphir ultra-résistant.
Sur le pourtour du bloc optique géant circulaire, une bague permet de découvrir une monture pour objectif interchangeable. Après avoir placé un adaptateur – pour le tirage mécanique – il devient possible d’y monter des optiques Leica M 100% manuelles.
Le résultat ? Un smartphone capable, selon Xiaomi, de rivaliser avec les plus grands appareils photo professionnels – et pourquoi pas les hybrides Leica – grâce notamment à des images de haute qualité et des fichiers RAW 10 bit. A la clé, des capacités photo supérieures, sans sacrifier la portabilité du smartphone lors de son usage premier.
Voilà pour le discours marketing de Xiaomi, qui nous livre une vidéo très séduisante. à retrouver ici :
Mêler l’électronique du smartphone à de véritables objectifs, du déjà vu dans le passé
Si cette idée vous dit déjà quelque chose, c’est parce que Xiaomi n’est pas le premier à avoir pensé à combiner un smartphone avec une unité optique dite « traditionnelle ». On pense notamment à Sony avec ses modules photo QX1 qui venait greffer un capteur APS-C à son smartphone, connecté via Bluetooth, avec une monture E pour y placer n’importe quel objectif. Ou encore à Samsung et ses appareils Galaxy NX, qui proposaient une sorte d’appareil photo connecté à l’interface d’un smartphone. Ou encore le smartphone Samsung Galaxy S4 doté d’un zoom optique x10
On pense également au Lumix CM1 de Panasonic, un smartphone photo doté d’un capteur 1 pouce et d’une véritable focale fixe – en 2014 !
Xiaomi, sûrement poussé par son partenariat avec Leica, semble ici très inspiré pour développer un produit similaire qui semble très séduisant, sur le papier du moins.
Un système loin d’être parfait
En effet, plusieurs limites nous poussent à considérer davantage ce smartphone comme un concept qu’un produit véritablement finalisé et utilisable.
La première limite s’appelle… Leica. Acheter un smartphone haut de gamme à plus de 1000 € et vouloir y greffer une optique coûtant environ 5 000 € n’entre clairement pas dans l’équation pour de nombreux utilisateurs, sauf peut-être ceux qui possèdent déjà un appareil photo Leica – et une optique Leica M comme un 28 mm ou un 35 mm f/1,4.
La seconde limite, et pas des moindre, est l’absence d’autofocus. Le monde du smartphone peut-il s’accommoder d’un système à mise au point manuelle, même si le focus peaking (via l’écran du smartphone) peut assister le photographe ? Le smartphone a été pensé depuis le début pour simplifier la photographier, et l’absence d’autofocus est un no go pour de nombreux utilisateurs, biberonnés à l’AF depuis leur plus tendre enfance.
N’oublions pas également que monter des optiques plein format sur un capteur 1 pouce entraîne un coefficient multiplicateur qui vient influencer la focale réelle. Avec un capteur 1 pouce, il faut multiplier par 2,7x la focale pour obtenir la focale réelle. Ainsi, des optiques Leica standard grand angle, comme un 28 mm ou 35 mm se transforment en 76 et 95 mm, autant dire des focales adaptées au portrait, moins au paysage. Difficile donc d’opter pour un plan large, même avec un 16 mm, la focale la plus large en optique Leica M, qui donnera un équivalent 43,2 mm en 35 mm.
Et lorsque vous n’utilisez pas d’objectif, le capteur 1 pouce reste inutilisé, alors que c’est justement l’atout majeur de ce smartphone.
Enfin, il reste une véritable inconnue : la qualité d’image obtenue avec un tel système « bricolé » : est-ce que le verre protégeant le capteur – qui devra être parfaitement propre avant chaque montage – ne vient pas réduire la qualité d’image. Le capteur 1 pouce n’utilisant qu’une partie congrue au centre de l’optique, les aberrations comme le vignetage devraient être cependant assez faibles et le piqué assez homogène, mais ici encore ce ne sont que des suppositions.
Xiaomi, sur la bonne voie ?
Malgré tout, on peut dire que les ingénieurs de Xiaomi – sûrement accompagnés de Leica – se sont creusés la tête pour réfléchir de manière différente la photographie sur smartphone. Est-ce une façon de dire que les objectifs de nos appareils photo conservent une longueur d’avance par rapport aux micro-lentilles présents sur nos smartphones ? Oui.
Reste donc à voir comment Xiaomi, qui semble considérer fortement les atouts d’un système optique complexe par rapport aux algorithmes de traitement d’image – la fameuse photographie computationelle – va tirer partie de sa collaboration actuelle avec Leica.
Wait and see.
En attendant, dites-nous dans les commentaires ce que vous pensez de ce concept.
