© John Batho, SAIF, Crédit photographique : Guy Gendraud

Le Pavillon Populaire de Montpellier montre les métamorphoses de la photographie, de 1968 à 1989

En plein cœur de Montpellier, le Pavillon Populaire accueille jusqu’au 15 janvier 2023 « Métamorphose, la photographie en France 1968-1989 », une vaste exposition sur les transformations de la pratique photographique dans les années 1970 et 1980. À l’initiative de Michel Poivert, commissaire et grand théoricien de la photographie contemporaine, l’exposition se présente comme un tour d’horizon des artistes français qui se sont inscrits dans ce tournant historique de l’écriture photographique.

Quelque chose s’annonce à la fin des années 1960 : d’un côté, le reportage perd de sa prestance et n’incarne plus la seule manière de pratiquer la photographie, de l’autre, l’esthétique américaine et ses codes propres s’imposent en modèle… Les artistes français assistent à l’entrée de la photographie dans les musées, à une véritable transformation culturelle : après la couverture d’un magazine ou d’un journal, la photographie s’encadre, s’accroche sur un mur, et se regarde attentivement.

Bernard Plossu, Françoise et Joaquim, 1987, Epreuve gélatino-argentique, 24 x 30 cm, Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, ©Bernard Plossu / Signatures / Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI/ Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAC-CCI
Alain Fleischer, Le Dos de la cuillère, 1984, Tirage argentique noir et blanc, 55,3 × 38,6 cm. Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, © Alain Fleischer / Adagp, Paris, 2022, Crédit photographique : Julien Vidal – Parisienne de photographie

La photographie n’est plus l’affaire de journalistes mais bel et bien d’auteurs. De plus en plus, l’intime s’immisce dans les images, les scènes de la vie quotidienne, les inévitables autoportraits (où l’appareil s’efface) et parfois, les choses les plus banales – dans une démarche que Francis Ponge qualifiait de Parti pris des choses. Quant à la forme, les injonctions propres au médium éclatent et permettent aux photographes de varier les formats et de venir progressivement à la couleur, qui est de plus en plus estimée à sa juste valeur.  

John Batho, Quatre parasols rouges et la plage, Parasols Deauville III (Porfolio de 10 photographies couleur indissociables), 1981-1982, Photographie couleur, procédé Fresson, 24 x 36 cm / 20 x 30 cm, Collections Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, Limoges, © John Batho, SAIF, Crédit photographique : Guy Gendraud

Le commissaire d’exposition Michel Poivert opère un choix éclectique dans les images exposées, composant un florilège de photographes qui ne laisse personne sur le côté ; c’est de cette manière que de grands noms comme Bernard Plossu ou John Batho avoisinent des personnalités plus confidentielles, redécouvertes aujourd’hui avec un œil nouveau, et des œuvres sans concession passées parfois inaperçues – ou, tout simplement, exhumées des tiroirs de la MEP après un certain temps.

Alix Cléo Roubaud, Sans titre, de la série Si quelque chose noir, 1980-1982, Épreuve gélatino-argentique, 23,8 x 30,2 cm, Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Jacques Roubaud / Hélène Giannecchini / Fonds Alix Cléo Roubaud/ photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Guy Carrard 

Les artistes français des années 1970 et 1980 opèrent un virage décisif, et n’hésitent par à laisser derrière eux la spontanéité et l’authenticité de la situation photographiée, jugée auparavant indispensable, pour mettre en scène des décors volontairement irréels, au service d’une image plus radicale dans la transmission d’un sentiment.

La modernité réside dans l’apparition du procédé photographique et son élaboration à travers l’image même ; quand Bernard Faucon met en place ses mannequins dans un agencement calculé, on devine immédiatement la fausseté et l’absence de vérité dans la photographie, et pourtant, la sensation d’étrangeté – voire de malaise – est bien là, réelle, et ne laisse pas indifférent.

Bernard Faucon, La 13ème chambre d’amour : le vitrail, 1985, Tirage au charbon en quadrichromie (procédé Fresson), 60,2 x 60 cm / 70,2 x 65,2 cm, Paris, Collection Maison Européenne de la Photographie, © Bernard Faucon / Agence Vu’

Informations pratiques :
Métamorphose. La photographie en France, 1968-1989
Pavillon Populaire de Montpellier
Du 26 octobre 2022 au 15 janvier 2023
Esplanade Charles-de-Gaulle, 34000 Montpellier
du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h
Entrée libre