© Vron Ware / Atlas Gallery

The Black Triangle, réconcilier un monde en noir et blanc

Alors que le mois d’octobre est déclaré Black History Month au Royaume-Uni, la galerie londonienne ATLAS invite son public à découvrir sa nouvelle exposition The Black Triangle.  

La galerie photo du quartier de Baker Street inaugure son nouvel accrochage dédié au souvenir des luttes pour l’égalité des droits civiques et au combat contre le racisme. A découvrir jusqu’au 26 novembre 2022.

Mandela in Cell. © Jürgen Schadeberg

La puissance d’une exposition collective

Les tirages argentiques sélectionnés nous replongent au cœur de l’action. Tous nous mettent face à la réalité de la ségrégation qui a divisé le Royaume-Uni, mais aussi les États-Unis et l’Afrique du Sud, soumise à l’injustice de l’apartheid. Ce triangle géographique (Europe – Amériques – Afrique) a figuré dans le viseur de nombreux photographes internationaux dont le travail est célébré et mis en parallèle pour en enrichir la lecture. 

I am a Man, Memphis, Tennessee, 1968. © Steve Schapiro
 

Si leurs images dénoncent la violence physique et morale de la ségrégation, elles sont aussi d’une déroutante sincérité, dénuées de la moindre mise en scène. The Black Triangle permet de remettre en pleine lumière ces clichés nécessaires, témoignages d’une ère divisée dont la porte n’est jamais tout à fait close.  

En parallèle des tirages proposés par la galerie, un exemplaire original de House of Bondage publié par Ernest Cole en 1967 complète la sélection d’œuvres photographiques.

House of Bondage publié par Ernest Cole – © Justine Grosset

Réunissant le travail du photographe mené sur l’apartheid dans les années 60, le titre a valu à son auteur d’être dépossédé de son passeport sud-africain, devenant ainsi apatride. Disparues des années 70 jusqu’en 2017, ses archives sont un témoignage précieux de cette période de l’Histoire.

Rassembler héros et anonymes

Aux côtés d’anonymes immortalisés dans leur vie quotidienne ou au centre de manifestations, apparaissent aussi les héros de la lutte pour l’égalité. Martin Luther King devant l’objectif de Steve Schapiro, Malcom X capturé par Eve Arnold en 1961 avant de prendre la parole devant les membres du parti nazi américain ou Nelson Mandela ont donné leurs vies à leur engagement.

Plus encore que ces visages devenus symbole de la résistance, ce sont ces deux mains noires anonymes, menottées pour s’être aventurées dans une zone réservée aux blancs, qui restent en tête bien après que l’on se soit détournée de cet émouvant tirage d’Ernest Cole

South Africa, 1960s. Handcuffed men were arrested for being in a white area ille- gally. © Ernest Cole/Magnum Photos

Sur les images d’Armet Francis ou de Vanley Burke les régiments de bobbies semblent prêts à faire régner « l’ordre », une réalité dépeinte par Jürgen Schadeberg sur les trottoirs de Johannesburg. Charlie Phillips immortalise dans les années 60 le visage de l’amour en noir et blanc tandis qu’Ernest Withers suit la courageuse grève pour l’égalité organisée à Memphis. 

Notting Hill Couple, The sitters Anita Santiago and Osmond (Gus) Philip, 1967 © Charlie Phillips 

Plongée au cœur d’une société à deux vitesses, ces tirages attestent aussi du rôle qu’ont joué les photographes pour donner de l’écho à ces révoltes et offrir des visages à ceux tenus dans l’ombre. Bruce Davidson, Danny Lyon, Bob Adelman et Neil Kenlock font partie de la vingtaine d’artistes exposés.

© Justine Grosset

Une large sélection d’images est également proposée sur le site internet de la Galerie ATLAS.

Informations pratiques : 
The Black Triangle
Galerie ATLAS
Du 7 octobre au 26 novembre 2022
49 Dorset Street, Londres
du lundi au vendredi de 10h à 18h, le samedi de 11h à 17h
Entrée libre