I am folding the land : Catherine Cattaruzza trace les failles du Liban

En parallèle d’une exposition dans le cadre du Grand Arles Express cet été, Catherine Cattaruzza a récemment auto-édité le livre I Am Folding the Land. Ce travail vise à offrir une vision différence du Liban, que la photographe a traversé le long des trois failles sismiques qui parcourent le pays.

Aidée de cartes militaires et de relevés géologiques, un appareil photo argentique à la main, des pellicules couleurs périmées dans les poches, mais surtout, en tête, les bouleversements de son pays d’origine qui semblent ne jamais cesser, Catherine Cattaruzza a commencé cette écriture photographique.

Si les séismes provoquent indubitablement des effondrements, l’artiste considère que le système politique et économique mis en place à la fin de la guerre est tout autant responsable de la ruine actuelle du pays – et donc, de son exil. C’est pourquoi elle s’est attachée à fixer par la photographie les sols, arides ou arborés, les roches, les routes… tout ce qui recouvre les failles et habille les terres de son pays.

L’artiste trace les lignes de blessure de la terre, qu’est la faille sismique de son pays, avec des pellicules mourantes.

Ryoko Sekiguchi

I am folding the land, littéralement « Je plie la terre ». Les photographies de Catherine Cattaruzza sont présentées dans un format atypique durant l’exposition : d’étroits panneaux rétro-éclairés qui, à l’image de la faille, semblent creuser les murs de l’exposition, du sol jusqu’au plafond. Enfermé dans ce gabarit, le paysage se révèle au travers d’une esthétique contradictoire, opposée à la norme – avec Errance, Raymond Depardon avait déjà renversé ses paysages pour créer une autre vision des choses, une autre manière de voir ; Catherine Cattaruzza poursuit ce travail artistique en y mêlant son histoire et celle de son pays.  

Tachées ou striées de couleurs, toutes les photographies de Catherine Cattaruzza sont fixées sur des pellicules périmées depuis exactement 1992, l’année où elle a décidé de retourner vivre au Liban après son premier exil. À la chimie altérée, ces « pellicules mourantes » – comme l’écrit la poétesse Ryoko Sekiguchi – semblent incarner à elles-seules le passage du temps ressenti par l’artiste, le passé qui ressurgit dans le présent, la mémoire qui revient… et, bien sûr, le besoin de les représenter avant le départ nécessaire.

L’ouvrage I am folding the land, regroupant 33 photographies de Catherine Cattaruzza et les textes de Ryoko Sekigu et Jean-Michel Vecchiet sur 96 pages est disponible au prix de 29 euros.

Livre I Am Folding the Land De Catherine Cattaruzza

Retrouvez le travail photographique de Catherine Cattaruzza sur son site internet.