À partir du samedi 27 août, la ville de Perpignan accueille la 34e édition du festival Visa pour l’Image. Une édition encore une fois marquée par l’importance de plus en plus capitale des photojournalistes sur les zones de conflit, et dans les pays autoritaires où la liberté de la presse est de plus en plus contrainte, réduite, bafouée. Tour d’horizon des temps forts de cette 34e édition.
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34e édition de Visa pour l’Image : un contexte géopolitique particulièrement chargé
Si le festival met à l’honneur la nécessité du travail des photojournalistes, il permet également de découvrir, en grand format, de nombreux tirages de photographies aperçues çà et là dans un journal ou un magazine. L’occasion de redécouvrir l’Image en dehors de son actualité, avec le recul que le photojournalisme de la presse quotidienne et de l’immédiat ne permet pas.
L’occasion, aussi, de retracer une année forte en actualité : la sortie de la crise sanitaire, le conflit ukrainien, la situation en Afghanistan… les terrains d’actualité sont nombreux, mais le festival est attaché à ne pas en privilégier un plutôt qu’un autre, à ne pas hiérarchiser les causes.
Crise migratoire au nord de la France
Après la Méditerranée, la Manche est devenue l’un des enjeux de la crise migratoire. Les traversées se multiplient, et les naufrages ne sont pas moins nombreux dans la mer du sud.
Avec « Les routes la mort », le photojournaliste Sameer Al-Doumy éclaircit les zones d’ombres de cette situation : système des passeurs, la sécurisation de plus en plus renforcée de l’Eurotunnel, les politiques migratoires sécuritaires et les conséquences qu’elles entraineraient sur la précarisation des trajets. Son travail a débuté juste après la première vague du virus, en août 2020, pour s’achever en mai 2022.
L’écologie et l’environnement à bras le corps
Pêche industrielle, effets du changement climatique et de la surexploitation des ressources sur la biodiversité, disparition d’espèces vivantes… l’écologie et la préservation de l’environnement sont devenues un sujet pour quasiment tous les politiques et les organisations gouvernementales et non gouvernementales, avec des positionnements divers et variés.
C’est pourquoi le festival a choisi de consacrer deux expositions à cette question : « La Sixième Extinction » d’Alain Ernoult, et « Pêches mondiales » de George Steinmetz. Ce dernier a travaillé pendant six ans, sur de gros chalutiers qui appartiennent à de grands groupes commerciaux comme sur des bateaux de pêche de petits producteurs.
Alain Ernoult vient encore plus près des espèces menacées. Il les photographie de près, les humanise pour mieux montrer les similitudes entre les différents êtres vivants – notamment l’iguane et son anthropomorphisme troublant. On pourrait rapprocher sa démarche à celle du travail de Sebastião Salgado, avec cette volonté d’aller au plus près du vivant, ses contrastes forts et l’usage quasi exclusif du noir et blanc.
Ukraine : la guerre au quotidien
Le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonce le lancement de son opération militaire contre l’Ukraine. Loin des images spectaculaires de missiles et de destruction, Lucas Barioulet, en reportage pour le journal Le Monde, s’attache à témoigner des retentissements individuels de millions de personnes dont la vie a basculé du jour au lendemain. Des portraits d’autant plus nécessaires, afin de témoigner d’une réalité constamment niée côté russe. Face à l’impudence, l’image et sa véracité comme seuls remèdes.
À Marioupol, Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka d’Associated Press sont restés pendant plus de quinze jours. Ils ont été les seuls journalistes indépendants à être présents dans cette ville devenue rapidement un symbole de la résistance ukrainienne. Les images de ce duo ont dépassé l’usage journalistique : une de leur photographie a été utilisée par l’ambassade de Russie, barrée du mot FAKE, une autre a été brandie par un diplomate au conseil de sécurité de l’ONU en affirmant qu’elles avaient été falsifiées. Finalement, traqués par le Kremlin, les photojournalistes ont été contraints de quitter la ville.
Correspondant au New York Times, Daniel Berehulak s’est rendu en Ukraine après la retraite de l’armée russe. Il y a attesté la découverte par les combattants ukrainiens des crimes de guerre perpétrés durant des semaines d’occupation. « Des gens vivent ici », voici la phrase qui avait été inscrite sur les façades des habitations pour signaler que les occupants étaient des civils, et qui a donné son nom à l’exposition de cette édition de Visa pour l’Image
Visa pour l’Image : mettre en lumière l’invisible
Visa pour l’Image sera aussi l’occasion de retrouver nombreux et éclectiques travaux des photojournalistes exposés : Ana María et Arévalo Gosen sur la condition des femmes en Amérique latine, Maéva Bardy sur la douzième expédition scientifique de la goélette Tara, Valerio Bispuri sur les hôpitaux psychiatriques en Afrique
De même, le Festival met à l’honneur les travaux Acacia Tour d’horizon des temps forts de cette 34e édition. sur les pilotes d’avion dans les plaines glacières de l’Alaska, de Selene Magnolia sur le plus grand ghetto gitan d’Europe, de Siegfrief Modola au cœur de la rébellion birmane – et plein d’autres encore. La programmation complète est à retrouver sur le site du festival.
Le festival Visa pour l’Image se déroule du samedi 27 août au dimanche 11 septembre inclus, ouvert tous les jours de 10h à 20h. Les expositions sont également à retrouver en ligne sur le site Internet du Festival jusqu’au 30 septembre 2022.