Rencontres d’Arles 2022 : découvrez les lauréats des prix du livre d’auteur, livre historique et livre photo-texte

Durant la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles, les lauréats des Prix du livre 2022 ont été dévoilés par le jury lors de la soirée du 5 juillet au Théâtre Antique. Voici les livres distingués, parmi 78 ouvrages présélectionnés, qui reçoivent les Prix du livre d’auteur, du livre historique et du livre photo-texte.

Dès la création des Rencontres, les Prix du livre récompensent et soutiennent l’inventivité et l’innovation dans les filières de l’édition photographique, en partenariat avec la fondation Jan Michalski et la Fnac. Dans un contexte où l’édition peine à rebondir suite à la crise sanitaire (fermeture des librairies, hausse du prix des papiers…), et après l’annulation de l’édition 2020 du festival, le prix semble cette année être revêtu d’une importance supplémentaire. Tour d’horizon des lauréats des Prix du livre des Rencontres d’Arles 2022.

Lauréat du Prix du livre d’auteur : Strike, Strajk de Rafaƚ Milach & collectif (Jednostka Gallery)

Édité à Varsovie par la Jednostka Gallery, Strike, Strajk (littéralement « la grève », ou « frapper ») a reçu cette année le Prix du livre d’auteur. Mêlant les photographies de Rafal Milach et des collaborations extérieures d’artistes, écrivains, journalistes et militantes, le livre met en lumière les revendications et les manifestations survenues en Pologne depuis 2020 en réaction aux mesures conservatrices prises par le gouvernement.

En première ligne de ces mouvements protestataires, la contestation du durcissement de la politique en matière des droits des femmes et des personnes LGBT, la demande expresse d’une réaction appropriée face aux questions climatiques, mais également l’appel à une intervention directe et à une solidarité militante.

Lauréat du Prix du livre photo-texte : Desiderea Nuncia de Smith, Lucien Raphmaj & Diplomates (Palais Books)

Récipiendaire du Prix du livre photo-texte, Desiderea Nucia rassemble dans un livre à l’esthétique soignée et novatrice des photographies de SMITH et des textes de Lucien Raphamaj ; présents l’année dernière dans l’espace Monoprix du festival, toujours force de proposition d’expositions à la croisée des pratiques artistiques.

Le terme équivoque « désidération » signifierait la sensation d’un manque, le manque de quelque chose indéterminé qu’on ressentirait uniquement à sa perte sans vraiment en identifier les raisons. Ce livre nous invite à faire un parallèle avec nos sociétés, comme une tentative de capter ce sentiment de plus en plus grand d’avoir dépassé un stade civilisationnel, une étape qui empêche tout retour en arrière.

Dans la même catégorie, mais avec une approche plus sociale voire documentaire, mention spéciale pour Nos prisons de Maxence Rifflet, résultat d’un travail de trois ans présenté comme une enquête sur les conditions de vie de détenus.

Le livre comporte, en plus des photographies de Maxence Rifflet, des documents anonymes compilés par l’artistes, des œuvres produites par les détenus eux-mêmes… un récit construit de manière collaborative — et c’est ce qui fait de Nos prisons un livre photo à part entière, parce qu’il évite l’écueil d’enfermer ces détenus à travers de fausses représentations du milieu carcéral dans lequel ils vivent.

Lauréat du Prix du livre historique : Quitting your day job, Chauncey Hare de Robert Slifkin (Mack)

Zoom sur le photographe américain Chauncey Hare pour le Prix du livre historique avec Quitting Your Day Job. Robert Slifkin, professeur à l’Université de New York, s’est attelé à l’écriture biographique de ce photographe injustement oublié, malgré une exposition au MoMA en 1977 et trois bourses Guggenheim.

Une piste abordée par l’auteur à propos de cette absence de Chauncey Hare de l’histoire de la photographie se dessine autour de sa vision extrêmement critique des aspects commerciaux de l’art, allant jusqu’à renoncer à son statut et à son identité d’artiste. Peut-être aussi que sa conception du monde de l’entreprise et la manière dont, pour lui, elle entachait la vie quotidienne, ne résonnait pas particulièrement dans une Amérique empreinte d’idéaux libéraux et capitalistes. Il fera don de l’intégralité de ses archives, en exigeant seulement que les reproductions de son travail portent systématiquement la mention suivante : « Mes photographies existent pour protester et mettre en garde contre la domination croissante des travailleurs par les multinationales. »

C’est le travail de la photographe allemande Anne Biermann qui a été mis à l’honneur cette année avec la mention spéciale du Prix du livre historique avec Up Close and Personal. Bien connue dans son pays, considérée comme l’une des figures de la photographie avant-gardiste d’entre-deux-guerres, ce livre qui lui est consacré est pourtant le premier à être aussi consistant : plus de cent photographies couleur et noir et blanc sont reproduites, dont la plupart pour la première fois.


À noter que les 78 ouvrages présélectionnés parmi les 700 candidatures sont exposés à l’Espace Van Gogh à Arles durant les Rencontres.