Interview d’Eric Lenoir, directeur du Salon de la Photo : « nous voulons devenir le plus grand studio photo jamais créé »

Cette année, le Salon de la Photo fait peau neuve, avec un nouveau lieu et de nouvelles dates. Le rendez-vous est donné du 6 au 9 octobre 2022 à la Grande Halle de La Villette pour renouer avec cet événement photo incontournable. En pleine préparation, nous avons eu l’occasion d’interviewer Eric Lenoir, directeur du Salon de la Photo. Il nous parle de tous ces changements, de la nouvelle vision pour le Salon de la Photo comme le plus grand studio photo éphémère et des changements attendus avec ce nouveau format.

Eric Lenoir, directeur du Salon de la Photo – © Stéphane Laure

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Le Salon de la Photo revient en France après deux éditions annulées en raison du Covid, votre première impression ?

Eric Lenoir : Cela montre l’unanimité sur la pertinence du projet et la nécessité de relancer l’événement. À part le Salon de la Photo, il n’y a pas d’événement aussi important pour les pratiquants de la photo. Au fil des éditions à la Porte de Versailles, beaucoup de questions ont cependant émergé sur la date, le lieu, ce qu’on y fait, à quoi cela sert. On a eu le temps de réfléchir, un peu trop longtemps même (rires).

Pour les exposants, le sujet est bien sûr le budget. Deux années sans une ligne budgétaire dédiée au salon, il faut la retrouver. Dans notre approche du projet, on a justement travaillé avec les marques, quasiment de manière individuelle, pour identifier leurs objectifs et pouvoir proposer des solutions. C’était un travail assez sympa à faire d’ailleurs.

Ce salon apporte plusieurs nouveautés, dont le passage de Porte de Versailles à la La Grande Halle De La Villette : pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

EL : L’idée est venu d’un premier constat en observant les visiteurs et les photographes, professionnels comme amateurs, évoluer dans le salon. Ce sont des pratiquants de la photo, des gens qui aiment la photo ou dont c’est le métier de produire des images. Or, sur le Salon de la Photo, il y avait peu d’occasions de faire de la photo.

La deuxième chose, c’est que les parcs d’expositions comme la Porte de Versailles sont très bien pour faire un certain nombre de salons. Mais dans le monde de la photo, on parle aussi d’esthétique, de lumière et on ne peut pas dire que la Porte de Versailles soit formidable, ne serait-ce qu’en termes de conditions de prise de vue.

Et, comme il y avait moins de nouveaux produits à découvrir que par le passé, l’aspect prise en main et expérience passait un peu à côté. Ainsi, de nombreux aspects de la pratique pour un photographe n’était pas suffisamment traité, comme la formation, la prise en main, l’expérience. Assez rapidement, on s’est rendu compte qu’on pouvait ajouter un certain nombre de choses et faire évoluer le Salon, mais pas à la Porte de Versailles.

Avec la Cité de la Musique, la Philharmonie, la Cité des sciences et de l’industrie, la Grande Halle, le Parc de la Villette c’est le paradis du photographe.

Pourquoi la Grande Halle de La Villette ? Ça a été un flash : en allant à un concert à la Philharmonie, je suis sorti du métro Porte de Pantin et je me suis dit “c’est le lieu pour faire cette évolution du Salon de la Photo”. Avec la Cité de la Musique, la Philharmonie, la Cité des sciences et de l’industrie, la Grande Halle, le Parc de la Villette c’est le paradis du photographe. Le lieu est un établissement géré par l’Etat et le ministère de la Culture, ce qui offre un lien avec la photo, puisque le ministère de la Culture est le ministère de tutelle de cette profession. La Villette est un espace qui associe la technologie et l’art, ce qui est aussi le propre de la photo.

Crédit Photo : Christophe Cham © EPPGHV – La Villette

Avec son architecture Baltard, l’intérieur de ce lieu est assez protéiforme. Typiquement, pour la salle des grandes rencontres, on disposera d’un amphithéâtre de 300 places très bien équipé et confortable alors qu’il fallait jusque là que l’on construise une salle obscure à Porte de Versailles. Il y a également plein de petits studios pour les ateliers. Bref, il y a toute une infrastructure qui fait que l’on peut vraiment intégrer ce que l’on avait l’habitude de trouver Porte de Versailles mais de façon totalement harmonieuse dans le lieu.

Est ce que ce changement de lieu aura selon vous un impact sur le public attendu ?

EL : Avant de lancer ce projet, nous avions regardé la proportion de visiteurs franciliens de l’ouest et de l’est parisien : on est à 50/50. Cela ne risque donc pas de créer un déséquilibre. Notre visitorat est également réparti à 75/25 entre la région parisienne et le reste de la France. Nous souhaitons développer notre rayonnement en France, avec notamment une action à mettre en place au niveau des clubs photo.

Salon de la Photo 2019

Cet espace à l’est parisien est également en train d’acquérir un petit côté Arty et tendance, ce qui est en accord avec une cible de visiteurs que nous souhaitons développer, les créateurs de contenu. Ce lieu correspond davantage à leur vision d’un événement. Porte de Versailles est connoté Salon et je pense que ce sera ici un peu plus facile. Et surtout, par la diversité des lieux, on peut proposer un certain nombre d’activités ou d’expériences qui étaient compliquées à mettre en place sur l’ancien lieu.

Le changement de date est aussi important, avec une édition prévue début octobre plutôt que mi-novembre.

EL : Pour faire de la photo, il faut un peu de lumière. On s’est dit que mi-novembre ce n’était plus possible : rentrer dans le salon et en sortir alors qu’il fait nuit et qu’il pleut toute la journée. Début octobre, c’est l’été indien depuis 15 ans à Paris et il fait beau, avec des journées plus longues. Cela déconnecte aussi l’événement de Paris Photo. Ce n’était pas gênant en soi pour le salon, puisque ce sont deux événements très différents mais c’était surtout pour l’aspect culturel où il était difficile de faire venir la presse à Porte de Versailles, et encore moins pendant Paris Photo.

Ces nouvelles dates seront normalement pérennes. On s’éloigne aussi de Montier-en-Der, ce qui une bonne chose pour certains constructeurs.

Vous parlez désormais du plus grand studio Photo installé pour le Salon. Dites-nous en plus.

EL : Notre objectif est de passer d’un showroom à un studio photo éphémère grand format, un lieu dans lequel on va pratiquer la photo dans tous ses aspects. Que ce soit au niveau du test des nouveautés, de la prise en main, mais aussi de la formation, d’ateliers, de workshops, d’inspiration avec toute la partie exposition photo ou encore les Grandes Rencontres.

Et du côté des marques, il y aura une organisation différente de ce qu’elles proposent. C’est tout bête : pour les obliger à faire cette démarche, nous avons limité les surfaces des stands à un maximum de 200 m², pour être sûr qu’ils n’essaient pas de tout caser sur leur espace.

Notre objectif est de passer d’un showroom à un studio photo éphémère grand format, un lieu dans lequel on va pratiquer la photo.

En 2019, le Salon de la Photo avait mis en place les « Photo Spots ». Est-ce que cette approche « pratique » de la photo va être encore plus développée avec ce nouveau lieu ?

EL : Très clairement oui, via le lieu mais aussi la démarche entamée avec chacune des marques. Les “photo spots”, ces lieux qui sont destinés à proposer des scénographies ou mises en condition pour tester tel ou tel matériel, ou bien des animations qui permettent de se perfectionner sur une pratique de la photo en particulier vont être multipliés par 2. Nous avions 4 photo spots, il y en aura donc 8 cette année sur des thématiques un peu plus large.

Exemple de réglages pour le Photo Spot sur la Macro lors du Salon de la Photo 2019

On inclut par exemple la photo d’architecture. L’idée, et on revient au côté expérientiel et interactif, est d’organiser des promenades dans le Parc de la Villette, accompagné d’experts qui vont accompagner de petits groupes pour tester du matériel ou se perfectionner en photo d’architecture. Nous souhaiterions également – c’est en cours de discussion – donner accès à des lieux auxquels le visiteur n’aurait pas accès en temps normal. C’est pour moi le plus du Salon de la Photo par rapport à ce qu’un photographe peut trouver par ailleurs sur le web, en s’inscrivant à un atelier ou encore en allant voir une exposition.

L’objectif du Salon de la Photo c’est de ne pas être un visiteur passif mais un vrai acteur, où tout est organisé autour du moment passé sur le salon. L’idée est aussi d’apporter des services et des contenus qui répondent à ces envies et ces attentes. Cela va bien entendu se déployer à moyen terme, car vu tous les projets nous ne pourrons pas tout faire cette première édition.

Cela passe aussi par des nettoyages de capteur, des lectures de portfolio, des conseils plus artistiques pour les créateurs de contenu dont la pratique de la photo/vidéo est un outil pour exprimer autre chose. Nous allons ainsi leur proposer des ateliers adaptés.

Justement, l’événement s’appelle toujours Salon de la Photo mais quelle est la place de la vidéo aujourd’hui ?

EL : Je vais lancer un concours : la personne qui trouve ou crée un nom pour parler de photo/vidéo gagne un stand à vie au salon ! (Rires) Plus sérieusement, c’est vrai qu’à chaque fois on parle aussi de vidéo, mais la vidéo passe de toute façon par les appareils photo.

On n’a pas envie de parler d’image, parce que cela devient trop généraliste. Et “photo/vidéo” je n’aime pas trop. Dans tous les cas, la vidéo a sa place, notamment pour les créateurs de contenu, puisque c’est un support incontournable. On a pu se rendre compte, que ce soit du côté des professionnels que des amateurs, qu’un petit peu de technique ou de conseils ne leur fait pas de mal, même s’ils sont très connus.

L’affiche de l’édition 2019 du Salon de la Photo

On veut que le salon soit un grand terrain de jeu, que les visiteurs repartent heureux d’avoir fait de la photo au salon. On va voir si le nom évolue. Pour moi, ce n’est pas tellement un sujet, peut-être que quelque chose va émerger du projet, pour davantage qualifier l’action et le mouvement. Pour faire simple, et pas non plus trop perturber nos habitués, cela s’appelle encore Salon de la Photo.

On veut que ce soit un grand terrain de jeu, que les visiteurs repartent heureux d’avoir fait de la photo au salon.

Mais notre objectif est de présenter ce lieu comme le studio éphémère grand format : les visiteurs vont devoir participer et être acteur. Ce n’est plus un showroom et les marques vont vraiment jouer le jeu. La plupart des grandes marques vont prendre des studios où elles vont elles-même monter leurs workshops et ateliers, les partenaires presse également.

Je souhaite que tout exposant et partenaire qui souhaite participer au salon se sente libre de proposer quelque chose en plus de sa présence de stand, que ce soit une prise de parole, une petite expérience ou autre.

Historiquement on sait que c’est un salon très grand public, avec plus de 85 % de photographes amateurs / passionnés. Est-ce que les pros de l’image vous intéressent et si oui comment les séduire ?

EL : Au même titre que les amateurs experts, les photographes professionnels (dont c’est le métier) sont pour nous sur le même pied d’égalité en termes d’intérêt et de traitement, même si en volume ils sont moins importants.

Pour moi, il est important que le Salon de la Photo puisse aussi contribuer à valoriser, mettre en avant et aider cette profession qui est quand même un peu bousculée depuis quelques années. Ce sont bien entendu des utilisateurs de matériel, donc rien que pour cela ils ont intérêt de venir. Il y a également toute la partie entrepreneuriale qui est importante : on travaille avec l’ensemble des syndicats de professionnels.

L’idée dans ce nouveau Salon de la Photo c’est que les professionnels qui, à la Porte de Versailles, se sentaient un peu mélangés et pas suffisamment reconnus, aient accès à des espaces privilégiés, du point de vue de l’offre et des relations, tout en étant dans le salon. Ainsi, certains balcons de la Grande Halle vont servir pour créer une zone pour les professionnels avec certaines sociétés, le forum des pro et les syndicats. Tout en étant intégré au salon, ils ont quand même leur espace.

Je voudrais également aller plus loin, en permettant à des photographes professionnels de se trouver des commandes ou des débouchés à l’occasion du salon, puisqu’on sait qu’un certain nombre de donneurs d’ordres visitent aussi le salon. Je souhaite ainsi organiser la mise en relation entre des photographes et visiteurs et les agences ou des personnes qui peuvent passer des commandes.

Ce sera pour nous notre petite contribution tout en ayant un dispositif de conférences, de contenus et de partenaires pour accompagner les photographes, notamment les plus jeunes sur la création d’entreprise. Pourquoi ne pas également accompagner les syndicats dans une démarche de lobbying auprès du ministère de la Culture pour tout ce qui est des droits et de l’organisation de la profession. Ça tombe bien, on est hébergé par le ministère de tutelle. On va essayer d’avoir Madame la Ministre qui viendra nous voir, avec un accent sur les professionnels.

L’idée est aussi, en termes de format, d’essayer de voir au maximum ce qui peut se tenir pendant le salon, avant ou après. Pourquoi pas des conventions d’acheteurs, comme des centrales d’achat ou des chaînes qui font leur journée professionnelle, qu’elles aient lieu en parallèle. Il y a d’autres endroits dans le parc où il peut se passer des choses, en intérieur ou en extérieur, pour des durées plus longues.

Quelle place donnerez-vous à la photo avec un grand P ? Expos, conférences, etc.

EL : On l’aborde de plusieurs façons. On garde les fondamentaux du Salon de la Photo, avec une grande expo dédiée à un photographe ou à un collectionneur avec à peu près 200 œuvres. On maintient évidemment le concours des Zooms. En raison du Covid et des deux dernières éditions annulées, on va pouvoir présenter et exposer les lauréats 2020. C’est un peu notre mission de révélation et d’identification de talents.

Les Grandes Rencontres restent également un moment d’échange assez passionnant : on a des stars de la photo qui viennent et qui ont un dialogue incroyablement simple et direct avec le public. Ce sont les piliers du salon.

Ensuite, par thématique ou pratique de la photo, on continue de développer des partenariats avec des gens légitimes pour traiter certaines thématiques et qui nous apportent un contenu avec des expos photo ou des ateliers. En l’occurence, nous aurons la photo culinaire avec le Festival International de la Photo Culinaire, ainsi que la photo sportive avec le festival Paris Sport Photo qui est hébergé au sein du Salon. Les lauréats du concours professionnel auront leur grande expo et le festival mettra également en place des animations, dans le cadre de “Photo Spots”, pour traiter la photo en mouvement.

Exposition Paris SportPhoto 2019

Cette année et pour la première fois, on traitera également du photojournalisme avec Visa pour l’Image qui nous rejoint. On continue de traiter la photo de nue avec Normal Magazine. Avec Montier-en-Der, nous étions en discussion avant Covid pour pouvoir traiter de la photo nature et animalière. L’objectif est d’agréger petit à petit autour du salon ces types de photo. Ainsi, en termes de contenu et d’images le salon est très riche.

Je rêverai de faire une nuit de la photo à la Géode ou un concert de photos à la Philharmonie de Paris.

Au-delà des quatre jours du salon, et ce sera sûrement pour dans quelques années, nous souhaitons envahir complètement le Parc de la Villette avec un Salon de la Photo en point d’orgue, mais en amont et en aval pouvoir exprimer la photo et la vidéo dans d’autres établissements, avec peut-être des événements plus grand public. Je rêverai par exemple de faire une nuit de la photo à la Géode. Pourquoi pas également un concert de photos à la Philharmonie…

Progressivement, l’idée pourrait être d’arriver sur une notion de festival, au milieu duquel il y a le Salon de la Photo. On peut aussi imaginer des rencontres professionnels B2B. Bien sûr, tout cela et à envisager sur le moyen terme,

Plein d’idées pour les prochaines années donc

EL : Oui, il faut ! Ce n’est pas qui allons inventer les contenus mais je souhaite vraiment que chacun puisse profiter de ce moment de renaissance pour repenser les choses.

Parlons d’un point qui fâche : la fréquentation du Salon diminue depuis 2013. Est-ce une mauvaise chose, et comment attirer un public plus nombreux ?

EL : Avant, le salon durait 5 jours. Par prudence, le comité de pilotage du salon a souhaité le maintenir sur 4 jours. Si cela fonctionne, nous reviendrons à 5 jours. Quand on a pris la décision de relancer le salon pour le go final, tous les salons grand public n’avaient pas encore réouvert. On ne savait pas trop comment cela allait se passer. Depuis, on a eu la validation avec le Salon de l’Agriculture, la Foire de Paris ou Retromobile que le public, quand il aimait un salon, revenait.

L’estimation de 40 000 visiteurs que j’annonce, même si j’ai horreur d’annoncer les chiffres avant l’événement, mais c’est demandé, est faite de façon raisonnable.

Aussi, quand on creuse un peu au niveau des exposants, on se rend compte qu’ils veulent un visitorat qualitatif. Mais il faut aussi du volume, ne serait-ce que parce que si l’on veut évangéliser de nouveaux utilisateurs il faut renouveler notre visitorat, puisqu’à un moment donné il ne sera plus en capacité de faire des photos (rires). Et puis justement, par la vidéo ou tous les autres outils digitaux, il y a d’autres populations à aller chercher.

La capacité d’accueil de la Halle permet d’avoir un grand volume de visiteurs : la surface intérieure est à peu près similaire à la Porte de Versailles, mais il y a des extérieurs et des endroits pour accueillir davantage de monde. Si on arrive à faire ces 40 000 visiteurs, je serais content, à modulo le fait qu’à l’intérieur il faut avoir notre part de professionnels et qu’on réussisse à accueillir de nouveaux visiteurs.

A un moment donné, de toute façon, on ne pourra pas accueillir plus de monde. Ce n’est pas mathématique mais totalement empirique : il y a une corrélation entre le nombre d’exposants, la surface et le nombre de visiteurs. Le Salon de la Photo est un des salons grand public qui a la plus grande densité de visiteurs au m² et il faut aussi que le salon soit confortable à visiter. C’était aussi ce qui sous-tendait cette réflexion : comment faire pour que les personnes qui se déplacent aient un accès aux produits et aux contenus plus facile qu’avant.

Le Salon de la Photo est un des salons grand public qui a la plus grande densité de visiteurs au m².

Le nombre, c’est quelque chose que tout le monde regarde ; je trouve que ce n’est pas ce qui est le plus important, même si on ne veut pas que ce soit vide.

D’ailleurs, la baisse de fréquentation est moins forte que l’évolution du marché français de la photo, ce qui est un peu plus rassurant. En revanche, le taux de fidélité de nos coeurs de cible se dégrade d’année en année. Cela marque un intérêt moindre, par exemple en ne venant qu’une année sur deux. Est-ce que c’est parce qu’il y a moins de nouveautés, moins de choses à faire, une forme d’ennui ?

Si on arrive à ré-enchanter nos visiteurs historiques on trouvera une belle dynamique, puis il faudra aller en conquérir d’autres. D’où cette approche de studio éphémère, car l’idée ce n’est pas tous les ans de faire la même chose.

Est-ce qu’il y aura la présence de constructeurs de smartphone ?

EL : Non il n’y en aura pas. Ce genre d’événements n’est pas significatif pour les fabricants de smartphone en termes de volume et de visibilité. J’en veux pour preuve Huawei, qui est le seul vraiment à être venu au Salon de la Photo. Quand ils se sont lancé en France, ils sont venus deux ans au Salon de la Photo pour acquérir une forme de légitimité et de certification “photo de qualité” auprès du monde des photographes experts ou professionnels. Une fois qu’ils ont acquis leurs lettres de noblesse, Huawei est allé sponsoriser ou faire du mécénat sur des volumes beaucoup plus importants, c’est le produit smartphone qui veut ça.

Stand Huawei au Salon de la Photo 2014, pour le lancement du Huawei P8 – © R2 Stand

En revanche, à moyen terme et dans le cadre de cette idée de festival que l’on voudrait développer, il pourrait y avoir une opération autour de la photo parrainée par une marque de téléphone très grand public. C’est tout à fait s’envisager. Mais les attentes de ces marques sont complètement différentes. Ce que je regrette, c’est que le Salon photo n’intéresse pas les réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook.

C’est pour cela que le format Salon de la Photo, même sous la forme de studio éphémère, va garder son côté pointu, tout en restant bien entendu ouvert. On sera au coeur du dispositif.

Pour des gens intéressés par l’image ou la photo à travers leur smartphone, cela pourra se passer au même moment mais dans un format complètement différent. L’idée pourrait également d’amener les personne séduites par une opération très grand public à venir voir ce qu’il se passe dans la Grande Halle pour découvrir du contenu, des produits et des services avec davantage de valeur. C’est notre mission d’évangélisation.

Le format Salon de la Photo, même sous la forme de studio éphémère, va garder son côté pointu, tout en restant bien entendu ouvert.

Et puis si l’on regarde à plus long terme, dans quelques années il n’y aura plus de téléphones, ce seront les lunettes connectées. Et oui (rires). Je suis aussi le directeur du SILMO, le salon de l’optique et de la lunetterie en B2B, qui a lieu en septembre. On va ainsi présenter des lunettes connectées et des contenus et services qui tournent autour de ces lunettes. Pour moi, c’est la fin du smartphone à moyen terme.

Pour résumer, qu’attendre de cette nouvelle édition du Salon de la Photo ?

EL : J’espère c’est que les personnes qui vont venir auront pris du plaisir, auront appris quelque chose et passé un moment un peu différent de leur quotidien. Si cela fonctionne je serais le plus heureux car c’est finalement pour eux que l’on fait ça.

J’aimerai aussi qu’après le salon, dans les enquêtes, on nous en demande toujours plus de ce côté interactif. Je veux que les visiteurs soient acteurs, qu’ils prennent cet outil en main et qu’ils s’en servent au maximum à travers tout ce que l’on pourra proposer.

Ce sera complexe à présenter, parce qu’il va se passer des tas de choses dans tous les sens, l’information risque d’arriver un petit peu à la dernière minute cette année, mais s’ils perçoivent cette pluralité, qui existait bien entendu en partie avant, ce sera réussi. Je pense que ce qui manquait c’était notamment l’écrin pour accueillir tout ça.

Finalement, nous voulons que les gens viennent passer un bon moment. Pour les pros, il faudrait aussi que cet événement soit utile dans leur métier.


Merci Eric Lenoir d’avoir répondu à nos questions.

Comme chaque année, Phototrend est partenaire de l’événement et vous offre votre entrée gratuite pour le Salon de la Photo (au lieu de 12€). L’édition 2022, qui se tient du 6 au 9 octobre à la Grande Halle de La Villette, promet d’être riche en nouveautés, avec ce nouveau lieu et une nouvelle date.

Pour profiter de cette invitation offerte au Salon de la Photo et récupérer votre badge d’entrée, rendez-vous sur le site de la billetterie du Salon de la Photo et utilisez le code PTR22. Vous pouvez également suivre ce lien directement et le code sera automatiquement ajouté à la validation de votre enregistrement.