Sub Sole de Massao Mascaro : une odyssée photographique racontant les Ulysses contemporains

Avec Sub Sole, Massao Mascaro retourne à la Méditerranée de ses racines. Après Ramo, où le photographe capturait les bribes d’une Calabre natale, ce travail donne à voir la lumière crue, parfois ensablée, d’un littoral aux portes de l’Europe.

Mascaro suit l’itinéraire mythologique d’Ulysse, entre Espagne, Italie, Grèce et Turquie. Les villes sont protagonistes mais aussi toiles de fond des visages et des objets capturés, des récits qu’ils offrent à nos yeux, et des débris jonchés comme symboles de vies au jour le jour.

À l’hôte que doit-on ? Bon accueil s’il demeure, congé s’il veut partir.

L’Odyssée d’Homère
© Massao Mascaro

Sub Sole dépeint l’histoire de territoires au cœur de crises qui les dépassent, d’espaces publics éreintés par les maux de leurs usagers, mais aussi de sourires d’espoir ou d’ironie de jeunes de passage.

De passage, puisque la Méditerranée, souvent décrite comme une terre d’accueil de facto, est aussi un lieu d’étape où l’on se reconstruit après un voyage périlleux, souvent dans l’espoir de poursuivre l’odyssée vers le Nord.

Massao Mascaro illustre le caractère contradictoire de villes à la fois d’accueil et de transit, où pour l’hôte tout semble incertain et suspendu. Des espaces où la lumière chaleureuse, les rires et les voix chaudes se mêlent à la violence des jours de Scirocco, des accès de colère marins, et d’une végétation aride et épineuse.

© Massao Mascaro

Entre terres et mer : des identités négociées

L’objectif du photographe se faufile entre les pavés des rues ensoleillées, entre les barrières du front de mer, et nous révèle ce qui caractérise la construction identitaire de lieux où la perméabilité est reine.

Des identités qui se constituent au pluriel, parfois dans le conflit, entre tradition et modernité, entre des continents alliés et ennemis, entre terre et mer. Un marché local traditionnel côtoie les étalages d’un supermarché, les odeurs des épices s’entremêlent, l’air transporte Ras el Hanout et Zafferano dans une même bourrasque.

À travers les photographies, on suit les regards habitants ou passagers, tantôt vers un horizon embrumé semblant lointain, tantôt vers leurs terres intérieures, qui les rapportent à une appartenance continentale rassurante et parfois étouffante.

© Massao Mascaro

Sub Sole réussit ainsi le pari de la complexité : percer à jour la Méditerranée, ses paradoxes, sa beauté si composite. Sans simplification, sous une lumière éclatante, on parvient à sentir, voir, entendre ce que disent les rues, les angles, les regards en coin. On entend les cris et les pleurs des souvenirs et des embarcations, mais aussi les conversations légères des petites mains qui étendent le linge dans les rues étroites.

Le livre Sub Sole (168 pages, 24,6 x 29 cm, 40 €) de Massao Mascaro est édité chez Chose Commune.