Coiffure pour le soir. Les aigrettes de Rose Valois, rue Royale. Paris (VIIIËme arr.), 1944. Photographie de Janine Niepce (1921-2007).

« Au bonheur des dames » de Janine Niépce : une photographe française au service de la haute couture

La galerie Polka présente jusqu’à la fin de l’été une exposition consacrée à Janine Niépce à travers une sélection inédite de tirages argentiques d’époque. L’occasion de (re)découvrir une photographe qui a parcouru la deuxième moitié du vingtième siècle, brassant tous les pans de la société française. Ici, l’exposition se consacre exclusivement à son travail sur la haute couture et est à découvrir jusqu’au 3 septembre 2022.

Femme avec chien, tenant un atomiseur de sac Guerlain avec le parfum « Chants d’agrumes ». Paris, 1962. © Janine Niépce

Elle est l’une des premières femmes à exercer à la profession de photographe-reporter après la Libération, où elle témoignera des changements drastiques de modèle de civilisation dans une France d’après-guerre métamorphosée, une France tout en tâtonnement et en reconstruction.

La première télévision en 1963, en encore l’apparition des modes de transports de plus en plus rapides… Janine Niépce parcourt la France pour saisir ces transformations, l’Europe puis le reste du monde avant de revenir à Paris pour y couvrir les évènements de Mai-68, sensible et attentive à cette nouvelle société traversée par les crises économiques et les luttes sociales. À partir des années 1970, elle se consacre à ce qui deviendra le cœur de son travail : suivre l’évolution de la vie des femmes et de leurs droits, début de son engagement idéologique.

Robe noire en crêpe de Chine, collection Lanvin, 1950. © Janine Niépce

Lorsque les hommes photographient les femmes, ce qui les fascine ce sont leur corps, leur beauté et, depuis quelque temps, même leur laideur, c’est la mode ; en somme, toujours des femmes-objets. Je photographie les femmes dans leur trajectoire complète, de l’enfance à la vieillesse et dans tous les milieux.

Janine Niépce

Derrière les portes, loin des regards, se dessinent des portraits de femmes entre réalisme et poésie. « Au bonheur des dames », emprunté au roman d’Émile Zola qui dépeint les grands magasins parisiens, rend hommage à l’essor de la haute couture à la Française et à celles qui portent ces créations d’un nouvel art en train de se faire.

Les Guerlain, père et fils, créateurs de parfums. Les « nez », 1962. © Janine Niépce

Le privilège des photographes, dit-elle : s’immiscer là où personne ne va. Dans les coulisses, devant les miroirs où sont ajustées les robes, dans les ateliers où se conçoivent les parfums ou devant les coiffeuses pour se poudrer ou ajuster les dernières plumes d’aigrette, Janine Nièpce se faufile et immortalise ces scènes empreintes de nostalgie. Les visages sont maquillés au millimètre, selon la tradition, et sur les têtes, des capelines fleuries ou des chapeaux Lanvin.

Madame B., couturière en chambre, reçoit ses clientes qui apportent les modèles à copier dans « Elle » ou « Modes et travaux ». Nîmes (Gard), 1955. © Janine Niépce

« Au bonheur des dames », pour une mode à la française que Janine Niépce a su saisir avec cette joie qui lui est caractéristique, comme l’écrivait Marguerite Duras : « dans toutes ses photos, il y a du bonheur. »

Coiffure pour le soir. Les aigrettes de Rose Valois, rue Royale. Paris (VIIIème arr.), 1944. © Janine Niépce

Infos pratiques :
Au bonheur des dames, de Janine Niépce

Galerie Polka
Du 25 mai au 3 septembre 2022
12 rue Saint-Gilles, 75003 Paris
Du mardi au Samedi de 11h à 19h
Entrée libre