Le Monde de la Photo : le magazine disparait sur fond de crises multiples pour la presse

Mauvaise nouvelle dans le domaine des médias photo : le magazine Le Monde de la Photo (et le site internet lié) a arrêté ses parutions depuis le 11 février 2022. Vincent Trujillo, fondateur et directeur des publications, a publié un article sur le site pour expliquer cette décision.

Créé en 2007, le magazine mensuel Le Monde de la Photo, édité par la société de presse indépendante Image Média – qui publie également la revue trimestrielle Workflow – a pendant longtemps été une référence dans la presse papier pour les amateurs de photographie, avec notamment des dossiers techniques, de l’actualité, des tests terrain poussés ainsi des hors-série toujours bien ficelés. Les photographes attendaient notamment chaque année le hors-série spécial guide d’achat pour faire leur choix de matériel.

Page d’accueil du site Le Monde de la Photo

Après plus de 192 publications en kiosque, le magazine mensuel s’arrête pourtant, avec de multiples causes. « Depuis deux ans, notre société d’édition indépendante, subit une série de crises à répétition qui nous ont contraint à renoncer à cette aventure éditoriale unique et exaltante », explique Vincent Trujillo. En premier lieu, la crise des Gilets Jaunes, si elle n’a pas été évoquée par le média, a impacté la distribution de la presse avec la fermeture à répétition de certains commerces de détail, y compris les kiosques, durant les manifestations. Ensuite, la faillite du leader de la distribution de presse Presstalis, qui acheminait les magazines – dont Le Monde de la Photo – chez les marchands de journaux, a privé le magazine d’un important canal de distribution, et des ventes liées.

Enfin, on pourrait dire que la pandémie du Covid-19 a porté un coup de grâce à l’équilibre financier du média, déjà fragile, avec des confinements qui ont entrainé à la fois une baisse de fréquentation des kiosques ainsi qu’une diminution des budgets marketing et donc de la publicité.

Pour faire face à ces crises à répétition, l’éditeur de presse a du contracter un prêt garanti par l’état. « Nous savions à l’époque la gageure que représenterait le remboursement de ce prêt ; mais nous ne savions pas que 24 mois plus tard le Covid-19 continuerait d’influer sur l’activité économique et notre vie de cette façon » explique le directeur des publications.

Enfin, la hausse du coût des matières premières (+44% sur le papier et des risques de pénurie à venir) aura été le coup de grâce. Face au risque industriel grandissant, le média a préféré arrêter l’aventure. « Tous ces éléments mis bout à bout n’ont pas permis de trouver une solution viable pour notre magazine et notre site à court terme. Il fallait donc arrêter cette gabegie annoncée avant qu’il ne soit trop tard, avant que cela ne devienne trop déraisonnable », explique Vincent Trujillo. La liquidation judiciaire a été prononcée le 2 février dernier.

C’est ainsi que l’aventure Le Monde de la Photo se termine. Nous souhaitions remercier personnellement tous les membres de l’équipe d’Image Média, que nous avons côtoyé à de nombreuses reprises lors de festivals, événements photo, conférence de presse et autres rencontres.

Le Monde de la Photo manquera à de nombreux photographes, mais certains peuvent se réconforter en apprenant que le podcast Faut Pas Pousser les ISOs lancés en 2020, poursuivra son bout de chemin.

Lire l’article MDLP Clap de fin sur le site du Monde de la Photo.

Fondateur et rédacteur en chef

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  1. le monde de la photo sur papier , c’est terminé dommage.
    Faites le sur abonnement par internet comme certaines marques tel que Fuji ou Nikon en GB.

    Bonne chance en espérant de recevoir de bonnes nouvelle

    gb

  2. Un journal, un magazine, quels qu’ils soient, de quoi ils traitent, qu’on les aime ou non, c’est toujours un pan de l’histoire, de la démocratie, qui disparaissent.
    Rien n’est meilleure que la concurrence de points de vue, parfois divergents, pour se faire une opinion, pour apprendre, s’informer, se cultiver. sur tous les sujets qui régissent notre vie. En fait, la mort d’un média, n’est jamais une bonne nouvelle, et nous emplit de tristesse.Bien sûr en matière de magazines photos, il en existe d’autres. bien sûr il y a le numérique omniprésent dans notre quotidien. mais la presse papier permet une relation humaine simple:
    dire quelques mots au kiosquier, métier en voie de disparition…

  3. Même si cette annonce de fin est bien triste, je tenais à exprimer mon mécontentement quant à l’attitude du Monde de la Photo ! Ils ont laissé les utilisateurs commander des revues et des hors-série jusqu’au dernier moment sur leur site, ils ont encaissé l’argent et ils n’ont jamais honoré les commandes. Ceci est inacceptable et malhonnête ! Soit il fallait stopper la possibilité de commander, soit il fallait livrer les revues, soit il fallait rembourser les commandes non livrées. Honte à eux…

    1. Exactement !
      Le comportement du (des) responsable(s) est proprement scandaleux vis à vis des derniers clients piégés…Je me souviendrai du procédé pour en faire la publicité si ces « bons gestionnaires » devaient réapparaître.
      Le magazine CHASSEUR d’IMAGES reste le modèle du meilleur périodique sainement géré malgré le handicap lié à la disparition brutale de son fondateur, GMC.

    2. Bonjour,

      C’est exactement mon cas. J’ai découvert ce magazine fin 2021 par ma compagne photographe. Je lui ai donc souscrit un abonnement en décembre dernier pour lui offrir comme cadeau de Noel. Ne voyant aucun magazine déposé dans la boite aux lettres, j’ai tenté à plusieurs reprises des relances par mails et des tentatives de prises de contact téléphonique. Jusqu’à ce que je vois, ce jour, l’article du directeur sur leur site internet, annonçant la fin de ce magazine. En effet cela est bien triste, mais je trouve cela également très malhonnête de m’avoir permis de m’abonner à 2 mois d’une fermeture connue. Je vais donc m’assoir sur la somme d’un abonnement annuel, somme durement gagnée dans l’année et pourtant engloutie par des personnes sans scrupules.

  4. quel mépris pour les clients ayant payé un abonnement, aucune informations, je ne parle même pas d’excuses. Cela tient presque de l’escroquerie. Ce super magazine, ces « collaborateurs », ne méritaient pas ces dirigeants.
    Je n’avais pas vu le communiqué sur le site et naïvement , j’ai laissé un message pour avertir de la non livraison de mars.
    J’attendais ce magazine qui répondait parfaitement à mes besoins, je suis très déçu, mais déterminé a ne plus jamais m’abonner.
    Tant pis pour nous!

  5. La disparition du magazine est une triste nouvelle pour les passionnés de photographie. Personnellement je pense que c’était l’un des meilleurs , si ce n’est le meilleur.
    Mais quel manque de respect pour les abonnés ! Rien, pas un mot , pas un mail , rien, mais les abonnements ont été encaissés !
    Les abonnés ne recevrons rien dans la liquidation , comme toujours hélas , n’étant pas créanciers prioritaires.

  6. Bonjour, Le Monde de la photo était à mon goût trop dans un mélange des genres, entre publirédactionnels et rédactionnels, réduisant aussi progressivement les articles de fond, à valeurs ajoutées pour les pratiquants. A titre d’exemple, je publiais au début comme journaliste des dossiers de 8 pages qui se sont réduits ensuite comme une peau de chagrin à 3 à 4 pages. Ce qui pourrait se résumer à un survol à haute altitude pour des sujets qui méritaient mieux. Soi-disant, les lecteurs ne lisaient plus quand c’était plus long. Quand le sujet et son traitement les intéressent, bien évidemment qu’ils lisent. Et des études sur le web, le montre également. Des choix éditoriaux donc discutables, malgré un potentiel et des fonds financiers propres, dont ne bénéficient pas toujours des éditeurs de presse… Redondance également des sujets et manque de renouvellement. Une majorité des lecteurs attendent à mon avis autre chose. Sinon, si on se place du côté des salariés dont pigistes que j’ai été, un profond mépris, manque de considération des « petites mains » qui travaillaient pour ce titre. Je suis toujours officiellement en présomption de salariat, comme journaliste salarié à la piges, mais mon ex-employeur n’a pas assumé ses responsabilités avec une rupture conventionnelle, à l’amiable. Sinon, ce sont en premier les lecteurs qui font vivre un magazine, constitue le « ciment de sa pérennité », ses fondations, pas les annonceurs. Et avec la fonte des lecteurs, en général, ensuite les annonceurs fuient… Donc, je ne suis pas étonné d’apprendre cette nouvelle. Sans remise en question et avec une vision à court terme, il ne faut pas s’étonner de péricliter et de finir dans le mur.

  7. Je viens, après recherche sur internet, d’apprendre que le journal a dû se mettre en liquidation et disparaitre ce qui me navre. Cette publication était remarquable et je ne peux qu’avoir une pensée émue pour l’équipe éditoriale qui a été sans doute contrainte de se diriger vers d’autres voies, je leur souhaite bonne chance.
    Si ce journal devait renaitre, merci de me la faire savoir, je suis partant pour un nouvel abonnement.