Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation deTaka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Nobuyoshi Araki s’expose à la Bourse de Commerce de Paris

Inaugurée il y a tout juste un an, entièrement dédiée à l’Art contemporain, la Bourse de Commerce abritant la collection Pinault explore différents médiums, dont la photographie. L’exposition Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank propose au public parisien de découvrir une série de 101 clichés signés du maitre nippon de l’autofiction : Nobuyoshi Araki. L’occasion de découvrir sous un nouvel angle ce photographe contemporain à l’approche aussi personnelle que représentative des évolutions de la société japonaise.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Au-delà de l’explicite

Lorsque l’on pense au photographe japonais, viennent immédiatement en tête ses images de kinbaku, sorte de bondage nippon, ses natures mortes aux fleurs et prostitués présentées dans les années 80 à l’aide de photocopies : des images intimes ou aux mises en scène purement explicites. C’est ce pan de l’œuvre de Nobuyoshi Araki que Simon Baker, directeur de la MEP rattache à « son appétit vraisemblablement insatiable pour la photographie de la forme féminine ».

Zoom photographe : Nobuyoshi Araki

Admirateurs et critiques s’y accordent : la photographie de Nobuyoshi Araki ne se réduit ni à son érotisme ni à son esthétisme. N’oublions pas son Voyage Sentimental, journal intime avec son épouse et muse Yoko Aoki lors de leur voyage de noce, mis en parallèle avec la maladie puis le décès de sa femme.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank

Le photographe japonais a réalisé cette série en noir et blanc trois années après le décès prématuré de Yoko Aoki. On y découvre une mise en scène érotique alors que Nobuyoshi Araki capture son modèle féminin de la chambre au studio photo. Explicites, ces images se lisent en renfort de clichés pris au quotidien : ciel tokyoïte, chat adopté avec son épouse, natures mortes…

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Entre permanence et éphémère, banalité et suggestivité, ce qui semble une composition étudiée et ce qui parait déclenché sur le vif, la série nous entraine sur les pas d’un homme inlassablement rappelé à sa solitude. Simon Baker nous invite à prêter attention à la narration de la série, à l’ordre de ces clichés qui ramène le photographe comme son observateur à son point de départ.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Un journal moins intime qu’il n’y paraît

C’est en hommage à Robert Frank, que Nobuyoshi Araki prendra une grande partie de ses photographies de rue. Il dédiera lors de son exposition au musée de Yokohama cette série au photographe auteur du livre Les Américain (1958). Également intitulé 101 Works for Robert Frank, la série propose une double lecture et soulève de nouvelles interrogations.

La mise en valeur de son foisonnement d’abord : 101, un nombre palindrome riche de symboles dont la symétrie interpelle. Le monochrome traduit également une certaine noirceur, pour le désormais veuf photographe. Surtout, si Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank se veut un hommage au photographe qui a capturé le portrait d’une Amérique dans toute sa vérité, la série n’en est pas moins une confession — fiction dans le plus pur esprit de Nobuyoshi Araki investigateur de la I-Photography.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Pour Mathieu Humery, commissaire de l’exposition, sa démarche rapproche le photographe japonais des essayistes américains précurseurs du New Journalism plutôt que des reporters photo à l’approche plus détachée. Désir, deuil, perte… le travail de Nobuyoshi Araki prend source dans des expériences et des sentiments intimes, universellement partagés, que l’artiste médiatique transforme en fiction.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank, 1993 © Nobuyoshi Araki. Avec l’aimable autorisation de Taka lshii Gallery et de Pinault Collection.

Les éditions Delpire avaient ouvert leurs pages à Robert Frank en 1958, c’est tout naturellement ce même éditeur qui propose pour l’occasion un catalogue d’exposition comprenant l’intégralité du portfolio de la série (220 pages, 45 euros).

L’exposition Nobuyoshi Araki est à découvrir jusqu’au 14 mars dans la Galerie 3 de la Fondation Pinault. Réservations et informations sont disponibles sur le site de la Bourse de commerce Pinault Collection.

Informations pratiques :
Bourse de Commerce Pinault Collection
2 Rue de Viarmes
75001 PARIS
Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Tarif plein : 9 € ; tarif réduit : 7 €.