Sunset Selfies : les silhouettes humoristiques et créatives de John Marshall

Sunset Selfies est né de la rencontre dans le Maine, aux États-Unis, du hasard, de la créativité et d’un concept hilarant. Depuis, ce sont près de 15 000 followers qui suivent sur Instagram les comics photographiques de John Marshall. Grands classiques de la photographie, ses selfies sont pourtant uniques en leur genre. En effet, le silhouettage permet à ce créateur américain de développer un storytelling drôle, plein d’à-propos et déconcertant.

« Tu viens pour moi ? » j’ai demandé à la Mort. « C’est à cause du virus ? » « Oh, non » a répondu la Mort. « Je me suis dit qu’il était temps de tailler ces arbustes. » © John Marshall

Des selfies drôles et déconcertants au coucher du soleil

En reprenant un procédé phare de la photographie, John Marshall a créé un concept rocambolesque et nous invite au cœur de ses aventures. Qu’il discute avec la mort, aide une sirène à se défaire du plastique coincé autour de son cou, se fasse aspirer par un ovni, ou encore parte en date avec un zombie, John Marshall ne manque pas de ressources pour mettre en scène des sketchs fantasques dès que sonne l’heure du coucher du soleil.

Tout a débuté alors que le créateur des Sunset Selfies s’est trouvé un soir face au coucher du soleil sur son île du Maine. Par hasard, il était muni d’un carton de bières vide, d’une paire de ciseaux et de son appareil photo. « Sans aucune raison », se souvient-il, « j’ai découpé un masque d’alligator dans le carton. Je l’ai mis sur mon visage et j’ai sauté sur un rocher pour un moment selfie. La silhouette qui en a résulté m’a vraiment surpris et j’ai commencé à imaginer ce que je pouvais faire d’autre avec cette forme d’art. »

Je n’ai pas demandé à la petite sirène comment elle s’était retrouvée avec ce plastique de cannettes de bières autour du cou. J’étais juste heureux d’aider. © John Marshall
J’étais un peu nerveux en emmenant Helen au Bal des Zombie. Mais après quelques danses, plus on parlait et plus on riait, moins j’étais inquiet à l’idée qu’elle me dévore le cerveau. © John Marshall

Mêlant des thèmes poétiques et espiègles à des gags hilarants, à la façon d’un Jim Carrey, il ne recule pas devant l’auto-dérision et devient le personnage principal de ses images en silhouettage. S’opère alors la magie, par le biais d’interactions inattendues avec des personnalités, des situations fantastiques dans le but de déclencher le rire, de dénoncer ou encore de rendre hommage.

Éclairés par un regard lucide et détourné, les thèmes de la vie quotidienne et d’actualité sont transfigurés en situations cocasses. John Marshall nous confie que la part la plus importante du processus de création des Sunset Selfies est pour lui la recherche du concept. Une fois qu’il a l’idée, et qu’émerge le gag dans son esprit, il commence à réfléchir à la façon de le mettre en oeuvre.

S’en suit tout un processus de dessin et de découpage sur des planches en carton, à même le sol, comme on peut le voir sur les vidéos de ses making-off qu’il poste sur Instagram. Dépendant de la lumière du coucher du soleil,  il doit être prêt lorsque les plus belles nuances de couleurs sont déployées. Cela lui laisse approximativement une trentaine de minutes.

« Mon travail se déroule véritablement en collaboration avec la nature, et la nature peut changer du tout au tout en l’espace de quelques minutes. » « Parfois le coucher de soleil est couvert par les nuages ou trop ennuyeux. D’autres fois, il est extrêmement spectaculaire…une fois que j’ai tout remballé et que je suis sur le trajet du retour. »

Hey ! Qui a pris une bouchée de ma pomme ? ai-je demandé aux 3 Présidents. « Je ne sais pas mentir » a dit George « Ce n’est pas moi ». « On ne m’appelle pas « Honest Abe » pour rien » a déclaré Abraham. « Ce n’est pas moi non plus ». Puis, ce fut le tour de Trump. Il a avalé ce qu’il avait dans la bouche et a simplement dit « Obama ! ». © John Marshall

Premiers pas dans le comics photo

Aujourd’hui écrivain — avant un passage par la case production — John Marshall a eu dès son plus jeune âge un véritable coup de coeur pour la bande dessinée. Il pensait d’ailleurs en faire sa carrière. Alors fan de « The Far Side » de Gary Larson et de tous les artistes du MAD Magazine, c’est en quelques sortes un rêve d’enfance qu’il rejoint des années plus tard par le biais d’illustrations créées à partir de la lumière.

« Le corps médical pense que la chaleur peut affaiblir le virus, alors je garde toujours mon dragon près de moi » © John Marshall

Car c’est finalement la profession de producteur pour la télévision qu’occupera plusieurs années l’artiste en devenant adulte. Un chemin bien différent qui l’a finalement ramené à sa passion première. Et pour cause, c’est dans son environnement professionnel qu’il découvre l’image. Alors qu’il apprécie particulièrement travailler avec l’équipe caméra, et rechercher des cadres pour dépeindre une certaine vision, il poursuivra cette pratique par lui-même après avoir quitté son poste.

Ce qui intéresse le photographe de comics dans le médium, c’est davantage les visions qu’il peut véhiculer au travers de compositions que la technique et la performance. Il en résulte une astucieuse combinaison de couchers de soleils extraordinaires et de silhouettes — lui offrant de larges possibilités pour imiter les personnages réels ou bien personnifier ceux qui émanent de son imagination.

Humour et photographie pour véhiculer des messages

Jusqu’ici, John Marshall a réalisé plus de 250 images. « Mon image préférée est celle où je monte un cheval volant. Non seulement je trouve l’image magnifique mais en plus c’était une image très difficile à créer techniquement. Le lac où je shootais était bondé et on ne pouvait pas voir le coucher du soleil. Alors, j’ai failli laisser tomber. Mais ensuite je me suis dit : « considère ça comme un challenge. Trouve un subterfuge. » Alors j’ai assemblé les pièces et avec un travail de postproduction ça a fonctionné. »

Rien n’est un obstacle pour donner vie aux sketchs qu’il élabore. Cependant, certains représentent un challenge à cause des conditions qui se doivent d’être au rendez-vous. « L’image la plus difficile que j’ai jamais créée est celle où je suis aspiré par un UFO alors que je monte une vache. Cette fois non plus, il n’y avait pas de coucher de soleil. J’ai shooté les pièces et j’ai dû créer la totalité du fond avec Photoshop. Ça a été un long processus avec toutes sortes de défis techniques, mais au final, l’image raconte une histoire qui a vraiment bénéficié de tout ce travail supplémentaire. »

Après une semaine de découpage et une douzaine d’écorchures sur les doigts, tout ce que j’ai eu l’idée de faire est la bonne vieille blague « Paon sur la tête ». © John Marshall
Ruth Bader Ginsberg- On n’a pas besoin d’être grand physiquement pour laisser un immense héritage. © John Marshall

Coqueluche des réseaux, John Marshall utilise Instagram pour diffuser ses images. « Je me suis fait des amis provenant des quatre coins du monde et j’adore lire les commentaires que les gens laissent. J’essaie de répondre à chacun car j’apprécie vraiment qu’ils prennent le temps de le faire. L’attention que mes images ont reçu est incroyable. »

En véritable tremplin, Instagram lui a même permis de décrocher une interview dans le Kelly Clarkson Show, sur une chaine nationale « pour parler de mes petites silhouettes », s’étonne t-il. Car les comics rafraîchissants de John Marshall donnent la joie de vivre, et savent convoquer sourires et éclats de rire en même temps qu’ils peuvent être totalement déconcertants.

Finalement, cette notoriété sur les réseaux lui a donné envie de faire porter sa voix, et de se prononcer sur des sujets d’actualité. « La nuit où Ruth Bader Ginsberg est décédée, je voulais faire quelque chose. Alors j’ai créé une silhouette pour elle, je me suis levé tôt et j’ai pris une photographie de moi en train de lui serrer la main et de lui dire au revoir. C’était une icône de notre Cour Suprême et elle s’est battue sans relâche pour le droit des femmes et l’égalité pour tous. J’ai créé cette image comme un hommage pour toute les personnes qui seraient attristé par sa perte, et la réponse a été bouleversante. L’image a été partagée tellement de fois, cela me rappelle que tout n’a pas besoin d’être une blague. Parfois, l’expression artistique nous aide à mieux appréhender nos émotions »

John Marshall compte bien continuer à explorer et à développer son concept qui offre une multitude de possibilités. « See you at Sunset » est devenu sa devise, et c’est ainsi qu’il conclut. Pour découvrir plus de Sunset Selfies de John Marshall, rendez-vous sur son Instagram.

Aujourd’hui, j’étais en train d’apprécier une banane au coucher du soleil, au bord du lac, quand la chose la plus incroyable s’est produite. Tout à coup, cette brise chaude a commencé à souffler sur ma nuque et ça sentait justement comme de la banane. © John Marshall
Quand le Safari d’Impalas promet un « tour proche de la nature », ils ne plaisantent pas. © John Marshall
« De toutes les journées où j’aurais pu aller promener ma vache, il a fallu que je choisisse celle-ci. » © John Marshall
Si tu as l’intention de faire un château de sable, fais les choses correctement. © John Marshall
J’ai proposé de conduire pour notre date, mais Supergirl a dit qu’elle connaissait un raccourci. © John Marshall
« Qu’est ce que c’est que ce truc mou que tu as entre les dents ? » ai-je demandé au requin. « Un morceau de nageur lent. » a-t-il répondu. On s’est marré un temps. Ensuite je suis allé hors de l’eau. Vite. © John Marshall