Un manifeste de liberté : la jeune scène photographique chinoise exposée à la 193 Gallery

Si la transition démocratique chinoise n’a pas encore rempli les objectifs escomptés, la jeunesse aspire de plus en plus à s’exprimer. S’emparant des outils à sa disposition — tel la Toile — la nouvelle génération de photographes chinois et de Taïwan questionne la censure, la pression sociale et la brutalité d’une société. Un Manifeste de liberté qui célèbre la vie et la singularité est une exposition photo à découvrir du 2 septembre au 18 octobre 2020 à la 193 Gallery, dans le quartier de Filles du Calvaire de Paris.

© Ren Hang

Censure et photographie en Chine

Dans l’Empire du Milieu. la photographie chinoise a été depuis 50 ans un outil utilisé à des fins de propagande. D’ailleurs, seuls les membres du Parti étaient autorisés à posséder un appareil photo. Cependant, depuis le développement de l’East Village à Pékin dans les années 90, la photographie conceptuelle a pris de plus en plus d’importance chez les artistes chinois.

Ce collectif d’art avait été créé peu après les manifestations et mouvements contestataires de la Place Tian’anmen. Après une transition opérée également par des artistes activistes tel l’emblématique Aï Weï Weï, la nouvelle génération s’affirme dans une volonté de liberté et de questionnements en se délivrant de toutes restrictions.

Il n’en reste pas moins qu’exposer en Chine aujourd’hui relève d’un lourd parcours administratif, et nécessite d’envoyer à l’avance un contenu détaillé des oeuvres exposées pour les faire valider. Quand bien même l’exposition est autorisée, les autorités peuvent décider du retrait de certaines photographies.

Nourrie par les réseaux sociaux, l’imagerie internationale et la photographie de mode, cette nouvelle scène artistique acquiert une visibilité et une considération au travers notamment d’expositions internationales — même si des initiatives naissent aujourd’hui en Chine dans la volonté de développer la présence des galeries photo.

9 talents émergents pour ce Manifeste de liberté

Disparates et multiples, les formes de la nouvelle photographie chinoise renouvellent l’utilisation du médium. Intime et sans tabous, les clichés sont pop, crus dévoilant une certaine sensualité sans se préoccuper des restrictions.

De la génération des millenials, avec John Yuyi qui transpose les symboles quotidiens d’Internet et le culte de la Toile, à l’art technologique en quête de spiritualité de Li Hui, en passant par les images libérées des quartiers punks de Shanghai de Lao Xie Xie, l’exposition fait un tour d’horizon des talents émergents chinois et taïwanais.

© Ka Xioxi

Jeunesse, street-culture et mode sont au coeur des créations de Ka Xiaoxi, basé à Shanghai. L’exposition propose également une traversée documentaire au travers des photographies contemporaines de Yuyang Liu. Il image notamment la solitude et la distanciation provoquées par l’épidémie Covid-19. Il a également documenté la vie quotidienne de la Corée du Nord, le travail des pêcheurs du Sénégal ou encore les aspirations des adolescents ouïgours membres d’une équipe de football.

La jeune Su Yang est de Pékin et de Melbourne. Elle interroge la représentation de la féminité et la responsabilité sociale face aux enjeux contemporains tels l’antiracisme, les questions de colonisation, et la justice sociale. Pour cela, elle mêle peinture et vidéo au médium photo.

Les photographies de nu de Ren Hang qui a ouvert la voie à toute une génération en façonnant une écriture photographique sont également à découvrir au cours de l’exposition. L’artiste s’est suicidé à l’âge de 29 ans, alors que sa carrière était en pleine ascension.

Un tour d’horizon de la jeune scène artistique chinoise qui se déleste de la censure en affichant la nudité et la sexualité à des fins artistiques et questionne sa société. À découvrir jusqu’au 18 octobre 2020 à la 193 Gallery.

Pour plus d’informations sur l’exposition, rendez-vous sur le site de la 193 Gallery.

Informations pratiques :

Un manifeste de liberté, renouveau de la photographie chinoise
du 2 septembre au 18 octobre
193 Gallery
7 rue des Filles du Calvaire,
75003 Paris, France

Ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 19h30
le dimanche de 12h à 18h
Entrée libre