Après le Nikon D5 pour Rio 2016, place au D6 pour Tokyo 2020. L’année des JO est historiquement un moment privilégié par les constructeurs qui sortent leurs boîtiers professionnels de terre. 4 ans après le D5, Nikon dévoile ainsi officiellement le D6 après avoir annoncé son développement en septembre dernier. Que réserve le D6 pour les photographes sportifs ? C’est ce que nous allons voir ensemble.

Sommaire
- Capteur plein format 20,8 Mpx et Expeed 6 pour une sensibilité jusqu’à 3 280 000 ISO
- Autofocus plus véloce, détection de l’oeil et reconnaissance de scène avancée
- Ergonomie : le jeu des 0 différence entre le Nikon D5 et le Nikon D6
- Rafale à 14 i/s et obturateur à 1/8000s
- Construction robuste et tropicalisée, autonomie record
- Vidéo : la 4K à seulement 30 fps
- Double logement carte XQD et CFexpress, Wifi, Bluetooth et GPS intégrés et sécurité Kensington
- Prix et disponibilité du Nikon D6
- Notre premier avis sur le Nikon D6
- Galerie de photos réalisées avec le Nikon D6
Capteur plein format 20,8 Mpx et Expeed 6 pour une sensibilité jusqu’à 3 280 000 ISO
Après Canon et son EOS 1D-X Mark III, c’est donc au tour de Nikon de dévoiler son D6, le reflex vaisseau amiral de la marque. Le boîtier embarque un capteur CMOS plein format de 20,8 millions de pixels, une résolution identique au Nikon D5 sorti 4 ans auparavant. Nous ignorons si le capteur a reçu des modifications, mais Nikon – et Canon – semble avoir trouvé le bon équilibre entre résolution et taille de capteur sur leurs boîtiers professionnels, privilégiant la sensibilité plutôt que la course aux pixels.


Équipé du dernier processeur EXPEED 6, ce boîtier professionnel est ainsi capable de gérer le bruit de manière très efficace sur une plage allant de 100 à 102 400 ISO, extensible de 50 à 3 280 000 ISO. Ici encore, le D6 ne fait pas mieux que le D5 sur les chiffres bruts, mais Nikon indique avoir amélioré le traitement de l’image pour fournir des JPEG très propres en sortie de boîtier. Lors de la présentation du boîtier à la presse, Alain Mounic, photographe pour le journal l’Équipe, indique avoir réalisé ses photos sportives à 8000 ISO avec un résultat très convaincant.
Voici les caractéristiques principales du Nikon D6 :
- Capteur CMOS Full Frame de 20,8 Mpx
- Processeur Expeed 6
- Monture Nikon F
- Viseur optique : 100 % du champ, dégagement oculaire de 17 mm, grossissement 0,72x et OLED translucide
- Écran LCD tactile fixe de 3,2 pouces avec 2,359 millions de points
- Autofocus : 105 points AF en triple croix (dont 15 sensibles jusqu’à f/8)
- Plage de fonctionnement AF : de -4.5 à 20 IL
- Sensibilité du capteur : 100 – 102 400 ISO (extensible de 50 à 3 280 000 ISO)
- Rafale jusqu’à 14 i/s (avec suivi AF/AE) avec obturateur mécanique et jusqu’à 10,5 i/s avec obturateur mécanique / mémoire tampon de 200 images maximum
- Vitesse d’obturation de 900 s à 1/8000 s
- Vidéo : 4K jusqu’à 30 fps, Full HD jusqu’à 60 fps
- Stockage : double-emplacement compatible CF Express
- Connectivité:
- Sans fil : WiFi 802.11 a/b/g/n (2,4 Ghz), Bluetooth compatible SnapBridge
- Filaire : USB-C, HDMI Type C, prise casque 3,5 mm, prise micro 3,5 mm, griffe porte-accessoire, prise télécommande
- Port Ethernet Gigabit
- Batterie : EN-EL18c
- Autonomie photo : 3580 clichés (viseur optique)
- Autonomie vidéo : 120 min environ
- Rechargement via port USB-C : non
- Dimensions : 160 x 163 x 92 mm
- Poids : 1270 g (sans batterie et carte mémoire), 1450 g (avec batterie et carte mémoire)
De nouveaux paramètres de sharpening intégrés au Picture Control permettent, dans certains cas où la diffraction est présente, de redonner du pep’s à ses images JPEG créées dans le boîtier.
Nikon indique également avoir travaillé sur les algorithmes du boîtier avec notamment une meilleure mesure automatique de la balance des blancs pour davantage d’uniformité et des tons chair naturels, notamment lors des rafales.


Bien entendu, reflex oblige, le D6 dispose d’un viseur optique avec une couverture à 100% de l’image, un dégagement oculaire de 17mm, un grossissement de 0,72x et d’un écran OLED translucide au lieu du dépoli, permettant d’afficher des informations à l’écran.
À l’arrière, le D6 reprend l’écran LCD fixe de 2,359 millions de points du D5. Avec une diagonale de 3,2 pouces, cet écran tactile très défini permet de contrôler finement son image et la prise de vue en Live View.
Autofocus plus véloce, détection de l’oeil et reconnaissance de scène avancée
Le Nikon D6 intègre un tout nouveau système autofocus, plus performant que le D5 grâce à un nouveau module Multi-Cam 37K. Ce dernier permet une couverture AF large pour suivre de manière précise et rapide son sujet même en condition d’éclairage difficile.


Sur la fiche technique, on remarque qu’il y a moins de collimateurs AF que sur le D5 (105 points AF sur le D6 contre 153 pour le D5), mais la couverture AF est 1,6x plus dense grâce à une nouvelle conception de collimateurs qui sont tous en triple croix (dont 15 sensibles jusqu’à f/8). Sur ce point, le D6 fait bien entendu moins bien que les hybrides qui couvrent quasiment tout le capteur. La sensibilité AF est annoncée à -4,5 IL au centre et -4 IL pour le reste.


Déjà présente sur le D5, les fonctions d’AF zone groupée ont été enrichies avec 17 modes de paramétrages possibles (contre 2 sur le D5), offrant des options de mise au point pensés notamment pour le sport, avec des groupements de points AF de manière horizontale, verticale et centrale plus ou moins étendue.




Pour obtenir un autofocus véloce et précis, le D6 utilise une puce ASIC (Application Specific Integrated Circuit) pour l’autofocus, permettant de dédier des ressources à l’autofocus sans empiéter sur l’Expeed 6. Le D6 dispose bien entendu de ce qu’il se fait de mieux chez Nikon en suivi du sujet, avec le suivi 3D.
La mesure d’exposition est effectuée grâce à un capteur RVB d’environ 180 000 photosites, soit autant que le D5. Le miroir dispose également d’une nouvelle conception permettant de réduire les vibrations lors du déclenchement.


Parce qu’il est important que l’appareil puisse reconnaitre le sujet photographié en pleine action, Nikon a travaillé sur un nouveau système de reconnaissance de scène tirant profit du capteur d’image et du capteur RVB. Ainsi, l’appareil est capable de détecter différentes caractéristiques de l’image, comme notamment la présence de flicker, de hautes lumières, de sources de lumière différentes, d’un mouvement dans l’image, ou bien encore d’un cadrage sur la partie supérieure d’un corps, proposant ainsi des réglages d’images adaptés.
Tout comme Canon et son dernier EOS 1D-X Mark III, Nikon a réussi la prouesse d’intégrer dans le viseur optique la mise au point sur l’oeil du sujet (Eye AF) en autofocus automatique et suivi 3D, preuve que la visée optique des reflex n’a pas encore dit son dernier mot.


Ergonomie : le jeu des 0 différence entre le Nikon D5 et le Nikon D6
Ne cherchez pas, le boîtier du D6 ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du D5, dans un design monobloc qui semble être arrivé à maturité chez Nikon. On retrouve ainsi les mêmes boutons et mis à part quelques petites modifications, notamment concernant la hauteur du trèfle sur l’épaule gauche du boîtier, ce dernier est identique.




Le boîtier dispose ainsi toujours de deux joysticks, d’un second écran de contrôle sur le bas de l’appareil ainsi que de tous les boutons nécessaires pour opérer rapidement le boîtier. On notera également que certaines touches sont toujours rétroéclairées, utile pour la photo en faible luminosité.
Sur le côté du boîtier, les prises sont plus accessibles, notamment lorsque le module Wifi est connecté.


Nikon propose une personnalisation poussée de son boîtier avec 14 boutons personnalisables auxquels il est possible d’assigner l’une des 46 fonctions utiles.
Le boîtier affiche un poids de 1450 g (avec batterie et cartes XQD) pour des dimensions de 160 x 163 x 92 mm, soit 35 g de plus que le D5 et quelques millimètres supplémentaires.
Rafale à 14 i/s et obturateur à 1/8000s
Le Nikon D6 offre une rafale continue haute vitesse à 14 i/s avec suivi AF/AE jusqu’à 200 vues en JPEG Fine, paramétrable de 1 à 14 i/s, avec un mode Q (discret) de 1 à 5 i/s. En mode Live View, l’appareil est également capable de réaliser une rafale jusqu’à 10,5 i/s en suivi AE et de manière totalement silencieuse, là où l’1D-X Mark III et l’A9 II sont capables de 20 i/s…


L’appareil est également capable de réaliser une rafale spectaculaire de 60 i/s en mode visée écran vidéo… mais avec une résolution de 2 Mpx. Un mode rafale 30 i/s à 8 Mpx est également disponible.


L’obturateur monte jusqu’à 1/8000s en obturation mécanique et peut descendre à 900 secondes en mode manuel.
L’appareil est capable d’enregistrer une photo en deux formats JPEG+JPEG de manière simultanée, permettant par exemple de stocker une version haute définition et d’envoyer une version plus légère via le réseau pour publication immédiate.
Construction robuste et tropicalisée, autonomie record
Marque de fabrique des boîtiers D de Nikon, la robustesse et construction tropicalisée sont bien sûr présentes sur le D6. Il est ainsi constitué d’un alliage en magnésium résistant et dispose de nombreux joints d’étanchéité – notamment autour des boutons et molettes – pour le protéger de la poussière et de l’eau. Nul doute que ce boîtier saura résister aux éléments.




Côté autonomie, Nikon indique avoir travaillé sur la consommation énergétique pour conserver une autonomie record, avec 3580 vues en visée optique (norme CIPA) à l’aide de la batterie EN-EL18c, jusqu’à 8670 vues en rafale selon les mesures de Nikon et jusqu’à 105 min d’enregistrement vidéo. On est ici en présence du boîtier à l’autonomie la plus importante, même s’il perd 200 vues par rapport au D5 qui avait déjà mené une belle cure d’amaigrissement. En guise de comparaison, le Canon EOS 1D-X Mark III dispose d’une autonomie de 2850 vues.
Vidéo : la 4K à seulement 30 fps
Lors de la présentation du D6, Nikon n’a pas du tout abordé la vidéo, indiquant implicitement que ce boîtier n’était pas forcément pensé pour les vidéastes à premier abord. Le D6 reprend ainsi les spécifications vidéos du D5.
Il filme ainsi toujours en 4K avec un recadrage 1,5x par rapport au capteur en 30p/25p/24p et jusqu’à 60p en Full HD et dispose d’un mode VR électronique en vidéo, au prix d’un nouveau recadrage. L’appareil fait cependant toujours l’impasse sur un mode slow-motion, c’est ballot pour de la capture d’événements sportifs. Maigre consolation, Nikon intègre désormais le focus peaking en vidéo et l’enregistrement au format MP4 en plus des zebras et du timecode.
L’appareil intègre un mode timelapse intégré et dispose également d’un mode Focus Shift permettant de réaliser des focus stacking (grâce à un logiciel, le boîtier ne générant pas l’image en interne).
Double logement carte XQD et CFexpress, Wifi, Bluetooth et GPS intégrés et sécurité Kensington
Véritable évolution en 2016 sur le D5, le D6 reprend le double slot mémoire XQD (désormais compatible avec le nouveau format CFexpress) qui permet d’offrir des vitesses rapides en lecture, écriture et transfert.


Niveau connectique, le D6 dispose de prises mini micro et casque 3.5 mm, d’une prise Ethernet, d’une sortie HDMI Type C, d’une prise télécommande ainsi que d’un port USB Type C.
En termes de transfert, le D6 intègre désormais le Wifi et Bluetooth, un ajout bienvenu qui permet au boîtier d’être compatible avec SnapBridge afin de transférer facilement ses images JPEG ou RAW vers un smartphone ou une tablette.
Pour transférer ses photos en FTP ou HTTP via un réseau existant, il faudra cependant toujours passer par l’accessoire WT-6/A/B/C Wireless Transmitter, compatible IEEE802.11a/b/g/n sur des distances jusqu’à 200m. Le boîtier dispose d’une prise réseau câblé Ethernet compatible Gigabit Ethernet et offrant des débits de 1 000 Mbit/s. Nikon annonce une vitesse de transfert 15% plus rapide que sur le D5 et le support de la bande de fréquence 5 GHz.
Une fonction intéressante fait son apparition pour le transfert de photos : lors d’un transfert automatique, il est possible de faire remonter une photo dans la file grâce à une fonction coupe-fil accessible grâce à un glissé du doigt, permettant par exemple de faire remonter la photo réussie en priorité pour les éditeurs photo lors de la couverture d’un événement très médiatisé.


Enfin, pour sécuriser son matériel photo, Nikon a intégré à son boîtier un connecteur Kensington, permettant d’attacher son appareil grâce à un câble, pratique lorsque vous devez quitter votre matériel photo des yeux lors d’une rencontre sportive – notamment en plaçant l’appareil en déclenchement à distance – même si bien entendu l’optique reste amovible.


Le D6 intègre désormais une puce GPS permettant de se passer d’un accessoire comme le GP-1A qui a d’ailleurs été retiré de la vente alors que c’est pourtant le seul accessoire Nikon compatible avec les derniers hybrides Z 6 et Z 7 pour ajouter le GPS.




Prix et disponibilité du Nikon D6
Le Nikon D6 sera disponible au printemps 2020 au tarif de 7299 € nu.
Notre premier avis sur le Nikon D6
Avec le D6, Nikon dévoile le successeur au D5, très apprécié des photographes sportifs et documentaires – le D5 était le premier boîtier Nikon parmi les lauréats du World Press Photo 2019. Il y avait beaucoup de rumeurs sur les technologies que le D6 pouvait embarquer, comme un capteur stabilisé ou bien la vidéo 4K 60p. Malheureusement, le D6 est davantage une belle amélioration du D5 qu’une véritable révolution sur ce point – certains parlent déjà d’un D5s.


Malgré tout, le D6 propose de meilleures performances autofocus et de suivi du sujet, grâce à un nouveau type de collimateurs en triple croix, une détection de scène avancée ainsi qu’un processeur dédié à l’autofocus. L’appareil s’offre même un suivi Eye AF sans quitter le viseur optique, prouesse annoncée récemment par son rival Canon. La qualité d’image, grâce au nouveau processeur EXPEED 6, est également annoncée en hausse pour des JPEG définis et propres prêts à être envoyés depuis les bords du stade.
Le boîtier offre également plusieurs options intéressantes afin d’accélérer le workflow du photographe sportif ou d’événements, comme le coupe-fil pour envoyer des images importantes en priorité, l’enregistrement JPEG+JPEG ou encore les options de partage Wifi et LAN. L’apparition de SnapBridge ravira les photographes qui souhaitent partager rapidement des images sur mobile ou les réseaux sociaux.
Dommage que Nikon n’ait pas fait davantage d’avancées sur la vidéo 4K, en se contentant du strict minimum là où Canon n’a pas peur de cannibaliser (un peu) sa gamme de caméras professionnelles. Peut-être que Nikon garde en tête la vidéo pour ses boîtiers Z, qui sait.
En tout cas, en 2020, la guerre Nikon / Canon est déclarée pour qui sera le plus visible sur les bords du stade lors des JO de Tokyo cet été.


Galerie de photos réalisées avec le Nikon D6

















