Mise à jour : le DVD « l’Histoire du regard » de Gilles Caron sort le 8 septembre 2020 avec, en bonus une conversation avec le photographe Edouard Elias.
« Histoire d’un regard », documentaire sur Gilles Caron réalisé par Mariana Otero sort aujourd’hui sur les écrans. Co-écrit avec Jérôme Tonnerre, il retrace la construction du regard du photographe français, son histoire et ses itinéraires à partir des rouleaux de pellicule des reportages qu’il a couvert avant sa disparition mystérieuse au Cambodge en 1970.
Le documentaire met en scène les recherches et découvertes de la réalisatrice au coeur de son travail d’enquête et de reconstitution. Mariana Otero tente de faire vivre « la dimension narrative, romanesque et cinématographique » des photographies de Caron qu’elle perçoit « même au coeur des évènements les plus dramatiques. »
Mariana Otero finissait le montage de son film À ciel ouvert (2013) lorsque le scénariste Jérôme Tonnerre — intrigué par la destinée romanesque du photographe — lui fait parvenir le livre biographie de Gilles Caron. C’est ainsi qu’elle découvre le photo-reporter ayant couvert les plus grands conflits de la seconde moitié du XIXème siècle : la guerre des 6 jours, Mai 68, le conflit nord-irlandais et la guerre du Vietnam.
Durant six mois, Mariana Otero remet en ordre les photographies numérotées aléatoirement et jamais classées des rouleaux qu’elle a entre les mains. À partir de ces découvertes, elle entame un projet d’enquête et de documentation sur chacun des personnages et évènements imprimés sur la surface de la pellicule. Une immersion et un travail de reconstitution révélant la présence du photographe au travers de ses photographies.
Réunissant 100 000 clichés pris au cours de sa carrière, mis à disposition par la famille, le film déchiffre les images du photographe, reconstituant parfois son parcours sur des plans de villes pour comprendre en fonction de sa position et de son parcours ce qui attirait son regard.
Né le 8 juillet 1939 à Neuilly-sur-Seine, Gilles Caron n’a jamais étudié la photographie. Il passe 22 mois en tant qu’appelé pendant la guerre d’Algérie qui lui permettent de photographier les situations du conflit en immersion, avec promiscuité et talent. Figures passives photographiées pendant la guerre des Six Jours et au Vietnam : militaires ou policiers vacant à leurs activités personnelles ou à l’ennui ; il accompagne les lanceurs de pavés et de cocktails Molotov lors de mai 68 et en Irlande du Nord. Il a travaillé également sur les plateaux de Godard ou Truffaut, et comme photographe de mode.
Un film à la narration spécifique, du point de vue de la réalisatrice à visionner à partir de ce Mercredi 29 janvier pour découvrir « l’Histoire du regard » de Gilles Caron.