© Jose Toro

Jose Toro, le flâneur de Séville et son ode photographique aux passants

Une rue, un ou plusieurs passants et passantes, un moment : c’est ainsi que l’on pourrait résumer les images graphiques et pleines de vie de Jose Toro, photographe espagnol versé dans la photographie de rue de sa ville natale, Séville.

© Jose Toro

Depuis de nombreuses années maintenant, il arpente les moindres recoins de cette ville d’Espagne, à l’ambiance andalouse, et traque ses acteurs du quotidien : les passants, les marcheurs, les habitants, les visiteurs. Bref, celles et ceux qui vont vibrer ses pavés de leurs pas ! Chaque jour, souvent tôt le matin, il part en quête de ces personnages, généralement avec son Canon 6D et un objectif de 28mm ou 40mm. Il les immortalise, souvent un par un, seul dans leur décor, ou parfois en groupe ; mais toujours selon la même perspective, le passant, en action, est vu de profil, longeant des façades colorées, des vitrines, des peintures murales, des portes d’églises ou encore des niches de saints.

Les images de Jose Toro font se rencontrer deux sujets, le flâneur et la ville elle-même. D’égale importance, tous deux semblent entrer en harmonie l’un avec l’autre, le sujet faisant l’environnement et inversement. Et parce qu’il répète un modèle de composition identique pour chaque image, les passants semblent appartenir au même monde tout en étant différent et unique à leur façon.

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Les travailleurs pressés disparaissent dans les ombres, les bonnes soeurs marchent d’un bon pas près des églises, les robes imprimées des vieilles dames jurent avec les couleurs des devantures, les bouquets de fleurs se baladent de passant en passant, dissimulant leur visage, et les danseuses de flamenco paraissent tanguer avec leurs silhouettes sombres et effilées éclaboussant les murs.

Car, dans les compositions du photographe, c’est aussi le jeu entre la lumière et l’ombre qui aide à construire la scène. Comme au théâtre, d’un côté la lumière met l’accent sur un passant le figeant dans son action, sur son attitude, sur ce qu’il ou elle porte et symbolise, et de l’autre des coins de rue ou des moitiés de silhouettes disparaissent dans la pénombre. Jose Toro fait discuter les couleurs et les nuances entre elles, de manière intuitive et sensible. Il révèle des moments certes, toujours anodins, mais aussi drôles, charmants, poétiques, étonnants.

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Ainsi, Jose Toro va plus loin que la photo de rue, il fait de ses images une ode visuelle à sa ville d’origine et de coeur. Et parce qu’il la connaît si bien, il parvient à la fois à capter cet “instant décisif”, cher à Henri Cartier-Bresson, dans chacune des scènes dont il est témoin, et à extraire une certaine poésie du quotidien, un peu à la manière George Perec. Il cherche à explorer la façon dont les gens (ici les passants) occupent l’espace (ici urbain), en faisant un arrêt sur image d’un bref moment de leur trajet, de leur parcours, de leur histoire.

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Avec ses photos de marcheurs, c’est aussi un peu son propre statut de “flâneur” qu’il représente, remettant au goût du jour la simplicité du Wanderlust dans les environnements familiers, la (re-)découverte de l’ordinaire, la quête du sublime dans le prosaïque.

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