Revue de livre : Annie Leibotvitz au travail

Traduit de la version anglaise Annie Leibovitz At Work 10 ans après sa publication, le livre Annie Leibovitz au travail aux éditions PHAIDON est loin d’être le premier sur la célèbre photographe Annie Leibovitz. Mais celui-ci est écrit par la photographe elle-même et retrace avant tout son parcours photographique à travers des images phares, mais aussi des images plus intimes.

Des Rollings Stones à sa mère, il n’y a qu’un pas dans ce beau livre qui nous amène à comprendre l’évolution et la vision de la photographie d’Annie Leibovitz. Découverte de ce livre photo qui marquera plus d’un photographe.

Une grande partie du travail d’Annie Leibovitz, de ses débuts à aujourd’hui est recensé dans ce livre, introduit tout en sobriété par trois images des membres de sa famille et légendées par une phrase simple mais forte : « A ma famille, mes premiers modèles ». Voilà comment débute ce beau livre qui dévoile ensuite la première aventure de la photographe avec un appareil photo à travers l’ascension du mont Fuji, leçon de détermination et de modération pour la photographe.

Nous le comprenons donc tout de suite, dans ce livre la photographe se confie, parle de son expérience, raconte ses images, nous en dévoile les dessous, le processus. Le livre est ainsi segmenté en plusieurs chapitres, tels des moments clés de la carrière d’Annie Leibvitz et non nécessairement par chronologie. Ces chapitres traduisent un événement particulier, une période de sa vie de photographe, une anecdote et bien entendu des images qui illustrent ses propos ou qui permettent d’en comprendre l’origine, l’impact qu’elles ont eu dans son métier de photographe et comment elles l’ont amené à une telle carrière.

Plus ou moins longs, ces chapitres sont illustrés avec les images correspondantes. Nous distinguons d’ailleurs très nettement si elles ont été réalisées à l’argentique ou au numérique. Pour les images Polaroid et les pellicules, les bordures noires des films, le crantage et le nom de la pellicule apparaissent. Les images numériques sont quant à elles nettes et sans cadre. Ces images ne figurent jamais en pleine page et sont distillées ci et là telles des sources pour illustrer les propos de la photographe. La photographe ne cherche pas ici à montrer sa production photographique, image par image comme une oeuvre unique, mais bien à raconter son parcours, à travers l’ensemble de son travail.

Un parti pris intéressant qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Dans ce livre, il faut aimer la lecture, prendre le temps de revenir en arrière sur une image ou sur un chapitre. Les chapitres peuvent toutefois être lus de façon indépendante, même si certaines références sont dévoilées précédemment.

Du photojournalisme au portrait, ce livre nous révèle beaucoup sur Annie Leibovitz, mais aussi sur ses modèles, la manière dont elle a pu travailler librement pour le magazine Rolling Stone, sa tournée avec les Rolling Stones en 1975, ce portrait intimiste de John Lennon et Yoko Ono, sa première photographie en couleur, ses premiers pas difficiles dans la pub, son amour pour la danse, l’impact du portrait dit choquant de Demi Moore, son appréhension face à la photographie sportive, son reportage de guerre en 1982, son entrée dans la mode, sa compréhension de la photogénie, sa préférence pour les clichés pris sur le vif, son passage au numérique, etc. Toute cette palette, dominée par le portrait, qu’il soit documentaire ou créatif n’est finalement autre que le portrait d’Annie Leibovitz elle-même.

Nous apprécions beaucoup ces confidences simples et ces petites anecdotes formatrices pour quiconque souhaite faire de la photographie son métier. Annie Leibovitz ne se vante pas, mais raconte avec honnêteté comment elle est devenue au fil des années une photographe célèbre.

Pour clôturer ce livre, Annie Leibovitz répond une nouvelle fois aux 10 questions qui lui sont le plus souvent posées permettant d’en savoir encore un peu plus sa sa manière de travailler, sur son rapport au modèle lors de la réalisation de ses portraits de célébrités et dans lequel elle donne toujours plus de précieux conseils.

A la fin du livre, toutes les images sont regroupées dans un historique de publications indiquant le nom de chaque image, le lieu, la date, le support de publication ainsi que la pellicule et l’appareil photo utilisé, permettant de constater l’évolution du matériel utilisé pour ses prises de vues. Elle consacre d’ailleurs un chapitre sur le matériel, dans lequel elle explique l’importance des assistants et son adaptation au numérique. Elle cite justement Arnold Newman selon qui, « la photographie c’est 1% de talent et 99 % de déplacement de meubles ».

Une chronologie évoque ensuite son parcours personnel de sa naissance à aujourd’hui et recense les nombreux livres qu’elle a publiés ou encore les prix qu’elle a reçus au cours de sa carrière.

A la fin de ce livre, nous avons la sensation d’en avoir appris beaucoup sur la vie d’Annie Leibovitz, sur sa manière d’aborder la photographie, de la travailler, sur ce que ses images représentent pour elle via une narration simple et personnelle.

Annie Leibovitz au travail (Phaidon) est un très beau livre mesurant 18,3 x 24 cm, avec 259 pages et 113 illustrations, dont la première édition française a été éditée en novembre 2018. On le trouve sur le site de Phaidon, ainsi que dans toutes les librairies photo. En ligne, vous pouvez trouver le livre sur Amazon ou Fnac au tarif de 45€.

Ce livre est idéal pour tous les passionnés qui souhaitent en savoir plus sur les grands noms de la photographie, dont Annie Leibovitz fait partie.

Contenu du livre
8.5
Mise en page et impression
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Rapport qualité/prix
8.5
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