La série « Homes at night » de Todd Hido présente sans ambiguïté son sujet : des maisons vues de nuit. Des photos qui jouent sur leur banalité, des photos de choses que nous connaissons tous, et qui amènent ainsi le spectateur à se construire son propre récit. « Une chose qu’il est important de savoir sur mon travail est que tout n’est pas à propos de moi ou de choses que j’ai rencontrées… beaucoup de récits viennent de choses que j’ai vues chez d’autres », précise d’emblée Todd Hido.
Le photographe Todd Hido s’est forgé une carrière en créant des images qui semblent familières, à la manière d’un voyeur du quotidien. Ses paysages uniques – souvent dépourvus de figures humaines, mais néanmoins imprégnés d’énergie – résonnent parce qu’ils nous donnent l’impression d’être tirés directement de souvenirs de notre mémoire.
Dorothea Lange a déclaré : « C’est la tâche du photographe de décrire ce qui existe et qui prévaut. » J’ai compris ce message grâce au travail de Robert Adams, qui a clairement fait cela magnifiquement et avec précision pendant presque toute sa carrière.
Une précision du réel auquel le photographe tient, de par un travail sur la lumière ; fan de Edward Hopper, il s’inspire de ses oeuvres au niveau des jeux d’ombres et de lumière pour créer des atmosphères familières.
Aucune silhouette humaine ni habitants dans les maisons, en raison du fait qu’« il s’agit d’une coquille vide, le spectateur peut y placer ses propres souvenirs ou créer un récit qui serait autrement bloqué par la réalité de ce qu’il contient réellement. »
En tant que spectateur, il est possible de voir comment ces images peuvent potentiellement faire apparaître des idées inconfortables sur la maison et la famille. Est-ce intentionnel ? Aussi, y a-t-il un récit qui fonde la série Homes at Night ? Il est difficile de répondre à ces questions tant Todd Hido se place en retrait de ses photos : « Dans mon esprit, le sens ou les récits dérivés d’une œuvre d’art résident dans le spectateur. Il y a toujours de multiples interprétations, mais l’une des choses les plus curieuses que j’entends de ma série « Homes at night » est que les gens me disent qu’ils se connectent à mon travail parce que cela leur rappelle quelque chose de leur propre passé. »
La mémoire et la familiarité (cette fameuse impression de « déjà-vu ») apparaîssent ainsi comme la ligne de son travail.
Retrouvez le travail de Todd Hido sur son site.