Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Alessandra Calo : entre l’intimité, le passé et les sentiments

La photographe italienne Alessandra Calo nous présente sa série Kochan qu’elle expose au festival Circulation(s) jusqu’au 6 mai 2018.

Depuis toujours, Alessandra est passionnée par la photographie : « C’était ma façon de garder mes souvenirs près de moi, j’avais peur de les oublier », nous explique-t-elle. Cependant, il y a seulement deux ans qu’elle a décidé de se lancer dans la photographie.

Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Comme on peut le voir dans ses travaux, l’humain est omniprésent. Les portraits, qu’ils soient récents ou anciens, sont utilisés avec délicatesse par l’artiste. Ainsi, Alessandra ne se définit pas comme une photographe mais comme une créatrice d’images.

Son sujet de prédilection, comme elle nous l’explique si bien, est le souvenir, « un état d’esprit combiné à la réalité qui n’est pas simplement une évocation nostalgique du passé. » Pour l’artiste italienne, « les souvenirs sont conçus comme une ambiance combinée à la réalité, au lieu de l’intention d’évoquer un temps perdu pour toujours. Cette méthode est communiquée à travers un langage destiné à suggérer des émotions sans avoir besoin de trop de mots. »

Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Pour pouvoir montrer au mieux le souvenir, rien ne vaut l’archive, avec par exemple la « photographie vintage ou négatif original en verre, des documents, des fragments de matériaux, des herbiers vintages faits à la main, les rayons X… » On le voit parfaitement dans ses séries Secret Garden, Les Inconnues et Kochan qui réutilisent des archives, qu’elles soient cartographiques ou photographiques, ainsi que des herbiers et des vieilles plaques.

« Ré-élaborer et poursuivre les liens entre le passé et le futur est ma métaphore pour communiquer avec les spectateurs et partager avec eux un message; sans reconnaître le passé (nos origines) il n’y a pas d’avenir (pas de personnalité) », nous confit l’artiste.

Circulation(s) Alessandra Calo
Secret Garden © Alessandra Calo

Pour sa série Secret Garden débutée en 2014, Alessandra Calo a écouté sa passion pour les archives et les vieux matériaux photographiques : « Le résultat donne une image déjà existante qui devient une nouvelle image en constante évolution. C’est le regard humain qui rend possible la création et la communication d’un sentiment. »

Circualtion(s) Alessandra Calo
Secret Garden © Alessandra Calo

La même année, Alessandra présente sa série au festival de sa ville italienne, Reggio Emilia, et remporte le prix Fotografia Europea. « Ce n’était pas un prix prestigieux mais j’ai eu l’impression d’avoir transmis au jury toute la passion de concevoir et de réaliser le projet. »

La série continue puisque grâce à une résidence d’artistes en Espagne, elle a pu récupérer des archives photographiques qui lui serviront à augmenter sa collection. Elle la présentera à l’Institut italien de la Culture à Madrid dans peu de temps.

Circulation(s) Alessandra Calo
Les Inconnues © Alessandra Calo

Pour sa série Les Inconnues, l’artiste a voulu faire un travail beaucoup plus symbolique avec le jardin pour matérialiser une sorte de fort intérieur ou de jardin secret. Cependant, les portraits ne désignent personne à proprement parlé : « Il n’y a pas une référence biographique dans chaque portrait. Chacun est libre d’imaginer l’identité et l’histoire des personnages du projet. »

Comme pour les deux séries, Secret Garden et Les Inconnues, la photographe a voulu mettre en lumière l’univers féminin et tout ce qui y a trait : « la fragilité, la nature, le secret, le mystère, la sensualité, la genèse. »

Alessandra Calo Circulation(s)
Les Inconnues © Alessandra Calo

Venons-en maintenant à la série Kochan présentée à Circulation(s). Alessandra Calo nous explique qu’elle a essayé d’imaginer le voyage sur soi-même pour découvrir son corps, comme s’il s’agissait d’un territoire complexe et étranger : « Ce n’était pas un voyage simple, car la relation avec notre corps est complexe et le voyage que nous faisons n’est jamais simple. »

Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Kochan est inspiré d’un livre japonais intitulé Confession d’un Masque et qui traite aussi du voyage vers soi-même. Ce roman autobiographique écrit par Yukio Mishima en 1949 raconte sous le personnage de Kochan les difficultés de l’auteur à être un homme et ses rapports à la sexualité et à l’homosexualité.

Pour Alessandra, « c’est une sorte de carnet de voyage qui accompagne le lecteur dans la découverte de l’identité et du corps du protagoniste. »

Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

L’artiste nous explique que des parties de la carte ont été supprimées pour permettre de souligner les concepts « d’exploration » et de « recherche », nous transportant dans « un non-lieu pour laisser le spectateur libre de s’imaginer ailleurs. »

Les photographies en arrière-plan sont des autoportraits. Alessandra a voulu se mettre en danger en se déshabillant devant la caméra au lieu de faire appel à un modèle habitué ou bien en prenant de vieilles photographies d’archives. Le thème de l’intime et de la découverte du corps a donc tout son sens.

Circulation(s) Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Au niveau technique, l’artiste nous explique son processus : « La première étape du travail est numérique. Ensuite, j’ai créé des négatifs et ai réalisé les empreintes en utilisant une ancienne méthode d’impression : le calotype. Au festival Circulation(s) j’ai apporté deux images créées avec cette méthode ainsi qu’un livre d’artiste fait à la main. »

Elle était équipée d’un Canon 5D Mark II pour pouvoir se prendre en photographie.

Circulation(s) Alessandra CaloKochan © Alessandra Calo
Kochan © Alessandra Calo

Si vous avez apprécié le travail d’Alessandra Calo, vous pouvez venir au festival Circulation(s) au 104 et vous rendre sur le site de l’artiste. Si vous voulez voir plus de photographes européens qui circulent, rendez-vous sur notre longue liste d’articles et faites votre choix.