Shahre Farang Farhad Berahman
© Farhad Berahman

Farhad Berahman : la nostalgie sous toutes ses formes

Originaire d’Iran et vivant au Royaume-Uni, Farhad Berahman est invité au festival Circulation(s) pour retracer l’histoire des ses compatriotes exilés à travers la série Shahre Farang.

Né en 1981, Farhad s’intéresse à l’art dès son plus jeune âge, d’abord avec la sculpture puis à travers la photographie. Dès l’âge de 12 ans, il prend des photos quotidiennement sans s’en rendre compte : « J’ai découvert la photographie un peu par hasard, mais depuis j’en suis tombé amoureux ». En 2007, le photographe intègre l’Associated Press, lui permettant de collaborer avec d’importants journaux américains, anglais et français tels que la BBC, le New York Time et le Figaro.

Shahre Farang Farhad Berahman
Shahre Farang © Farhad Berahman

Spécialiste des Émirats arabes unis, il parcourt ce pays avec son appareil photo et immortalise les actualités sportives, culturelles et sociales principalement. Ses clichés lui valent une nomination au World Press Photo de 2009 dans la catégorie des jeunes photographes du Moyen-Orient. En 2013, il obtient une bourse lui permettant d’étudier le photojournalisme à l’Université des Arts de Londres. Il quitte alors le Moyen-Orient et l’Iran pour le Royaume-Uni.

Uncertain Farhad Berahman
Uncertain © Farhad Berahman

Ses séries personnelles sont centrées plus particulièrement sur le quotidien difficile des travailleurs, mais également sur l’avenir et le passé en Iran. La série Uncertain est composée par exemple de portraits d’Iraniens et d’Iraniennes dont on ne voit pas le visage. Ce projet a été réalisé avec des Iraniens exilés au Royaume-Uni, dont le futur est plus certain que le passé.

Uncertain Farhad Berahman
Uncertain © Farhad Berahman

La série Sonapur est composée de clichés des travailleurs de Sonapur, la « Cité d’or » en Hindi, qui est en réalité un quartier de Dubai rassemblant des travailleurs immigrés du Bangladesh, du Pakistan, de l’Inde et de la Chine. Loin de rouler sur l’or, cette population vit entassée dans des taudis et travaille jusqu’à l’épuisement.

Sonapur Farhad Berahman
Sonapur © Farhad Berahman

The Wonderland of Iran est une série sur le pays d’origine de Farhad. Dans la description, il exprime les problèmes que l’Iran rencontre, avec la pression internationale qui pèse économiquement sur les familles, mais également la pression sociale qui oppresse les jeunes, largement majoritaires dans le pays. On compte en effet 32% d’Iraniens de moins de 25 ans, contre 5% de personnes de plus de 65 ans. De par ce joug de la République islamique sur les jeunes, ces derniers ont tendance à se révolter dans l’excès de drogue, d’alcool et de sexe. D’autres quittent leur pays en sachant qu’il sera difficile d’y revenir ensuite.

Farhad Berahman
Wonderland of Iran © Farhad Berahman

La série présentée au festival Circulation(s) est nommée Shahre Farang, signifiant « Cité européenne » ou « Cité française » en persan. Nostalgique, le photographe a rassemblé des clichés de l’Iran pour ne pas oublier son passé : « Je vis avec mes souvenirs d’enfance et souvent je fais des rêves d’un endroit où j’ai grandi. Je voulais refléter ce qui se passe dans mon esprit et le transformer en un projet artistique. »

Shahre Farang Farhad Berahman
Shahre Farang © Farhad Berahman

Pour réaliser cette série, Farhad a demandé à ses amis iraniens de Grande-Bretagne le lieu qu’ils aimeraient revoir en Iran s’ils pouvaient y retourner. Ne pouvant pas lui-même faire le voyage, il a demandé aux réseaux de photographes locaux de prendre des clichés d’endroits précis : « L’œuvre fournit un portrait intime, mais nostalgique de l’Iran réalisé de loin. »

Shahre Farang Farhad Berahman
Shahre Farang © Farhad Berahman

C’est à travers un « Peep Box » que l’on peut admirer ces photographies. Cet appareil ancien permet de visualiser les clichés par des petites ouvertures dans une boîte. « Shahre Farang » est également le nom du Peep Box en Orient. Le photographe nous raconte l’histoire de ce concept : « Le roi Mozaffar a assisté à une exposition internationale à Paris au 19e siècle où il a vu une sorte de boîte de peep et il a décidé d’en avoir une en Iran, évidemment avec des dessins persans. »

Ce choix de support n’est pas anodin. Farhad a toujours voulu mélanger différents arts avec la photographie pour pouvoir délivrer au mieux son message :  « La photographie est mon principal média en art, mais je m’intéresse aussi à la peinture et à la sculpture. »

Grâce à ce Peep Box ou Shahre Farang, il allie la photographie et la sculpture et accentue l’effet nostalgique : « J’aimerais que les visiteurs aient une relation intime avec des souvenirs. Je vise à rapprocher les demandeurs d’asile iraniens de chez eux ou à revisiter leurs souvenirs à travers un processus plus intime et sans l’utilisation de la technologie de pointe moderne. »

Shahre Farang Farhad Berahman
Shahre Farang © Farhad Berahman

Si vous aussi vous avez apprécié le travail de Farhad Berahman et que vous êtes intrigués par le Peep Box, vous pourrez le rencontrer prochainement au festival Circulation(s) en compagnie entre autres d’Alma Haser, de Guillaume Hebert et de Camille Lévêque. L’artiste sera présent sur place le 16, 17 et 18 mars pour l’ouverture du festival.