© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou

Les « Exils » de Josef Koudelka vous font voyager avec le Centre Pompidou

Depuis près de 30 ans, le photographe tchèque Josef Koudelka n’avait pas été exposé sur Paris. Le Centre Pompidou a remédié à cette absence avec l’exposition « La Fabrique d’Exils », ouverte entre le 22 février et le 22 mai 2017, en incluant les 75 photographies de la série originale, « Exils », ainsi que des autoportraits inédits.

Cette exposition ne présente pas seulement les images finales sélectionnées par Josef Koudelka mais aussi ses planches sur lesquelles il organisait les photos par thèmes ou critères techniques. C’est tout son processus de travail qui est dévoilé ici, processus tout autant marqué par la frugalité de son style de vie, quand on sait qu’il n’a isolé qu’une soixante-dizaine de photos pour sa série sur un total de 300 000 prises de vues.

© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
Exposition photo « La Fabrique d’Exils » sur Josef Koudelka – Centre Pompidou

Ses photos sont exposées pour la première fois à Paris en 1984 puis rassemblées dans un ouvrage, le fameux Exils, publié en 1988. Mais c’est en 2016 que Josef Koudelka accepte de faire don de la totalité de sa série photo au Centre Pompidou, comme un cadeau à ce pays qui lui a beaucoup donné. Pour l’occasion, le musée décide d’exposer une rétrospective qui va cependant plus loin que le livre original.

La petite Galerie de photographies du Centre Pompidou peut sembler insuffisante pour contenir cette quête photographique réalisée sur une vingtaine d’années entre les années 1970 et 1980. Mais elle parvient à en faire une présentation complète et à communiquer toute la mélancolie et l’authenticité de cette poursuite du « nomadisme permanent », devenu bien plus qu’un sujet mais « le mode de vie » de Josef Koudelka.

© Josef Koudelka - France, 1986
© Josef Koudelka – France, 1986

L’exposition vous plonge dans cette atmosphère vagabonde par un premier grand tirage de la photo de l’invasion de Prague en 1968 représentant en arrière-plan la place où s’avançent les chars soviétiques et en premier plan le bras du photographe montrant ostensiblement l’heure sur sa montre. Cette photo peut jouer le rôle de compte-à-rebours marquant les débuts de l’aventure itinérante de Josef Koudelka. Car, c’est après ce travail de reporter en Tchécoslovaquie, en 1970, qu’il quitte le pays, devenant alors apatride.

© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
Exposition photo « La Fabrique d’Exils » sur Josef Koudelka – Centre Pompidou

Il se lance à travers les chemins d’Europe et son exil ne s’entrecoupe que de quelques périodes de repos à Paris ou à Londres où il développe et édite ses photos pendant les mois d’hivers jusqu’à la fin des années 1980. Sans possession ni domicile fixe, il devient le témoin errant d’autres exils, de séparations, du quotidien des gens du voyage qu’il photographie de manière simple et sincère, en révélant à la fois la beauté et le drame du monde : que ce soit sur les déchirements de l’Irlande, ses errements en France, en Grèce, en Espagne, en solo ou aux côtés des gitans, ou l’énergie vibrante des rues du Portugal, ses images sont celles d’un observateur libre.

© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – « La Fabrique d’Exils » – Centre Pompidou – Portugal, 1974
© Josef Koudelka - "La Fabrique d'Exils" - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – « La Fabrique d’Exils » – Centre Pompidou
© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – La Fabrique d’Exils – Centre Pompidou

On se laisse porter par l’aisance avec laquelle Josef Koudelka joue avec les lumières et les ombres, compose des diagonales et des symétries et dirige notre regard vers tout ce qui a participé de ce qu’il appelle « son expérience du monde ». Cette expérience personnelle d’exil se retrouve dans les autoportraits jamais exposés auparavant, et que Josef Koudelka a pris au fur et à mesure de ses pérégrinations, souvent juste avant ou après le coucher : on le voit dormir à la belle étoile, à même le sol, dans son sac de couchage, dans les bureaux de Magnum à Paris, etc.

© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – « La Fabrique d’Exils » – Centre Pompidou
© Josef Koudelka - La Fabrique d'Exils - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – « La Fabrique d’Exils » – Centre Pompidou

Une belle symbolique de cet exil que le photographe tchèque explique ainsi : « Être en exil, c’est tout simplement le fait d’avoir quitté son pays et de ne pas pouvoir rentrer. Chaque exil est une expérience individuelle, différente. Moi je voulais voir le monde et photographier. Cela fait quarante-cinq ans que je voyage. Je ne suis jamais resté nulle part plus de trois mois. Quand je ne trouvais plus rien à photographier, il fallait que je parte. »

© Josef Koudelka - "La Fabrique d'Exils" - Centre Pompidou
© Josef Koudelka – « La Fabrique d’Exils » – Centre Pompidou

Pour aller plus loin, vous pouvez également visionner le documentaire « Koudelka Shooting Holy Land » (Koudelka photographiant la Terre Sainte), d’une durée de 71 minutes, ayant été diffusé sur Arte le 21 mars 2017. La vidéo complète du documentaire est disponible sur Arte+7 jusqu’au 18 juin 2017.

Informations pratiques
La Fabrique d’Exils – Josef Koudelka
Centre Pompidou, Galerie de photographies
Tous les jours, de 11h à 21h
Entrée libre