Mise à jour : Nikon a annoncé le Nikon D850.
Lors d’un récent voyage en Islande, j’ai pu tester le dernier Nikon D810 et voir ce qu’il avait dans le ventre pour affronter des conditions pas forcément toujours très faciles. Pour ceux qui ne le savent pas, je possède un Nikon D800 donc j’ai pu apprécier les évolutions entre ces deux modèles.
Sorti en juin 2014, le Nikon D810 est un boîtier professionnel plein format qui reprend de nombreuses caractéristiques du Nikon D800/E, qui lui est sorti début 2012. C’était le premier boîtier à disposer d’une résolution de 36 millions de pixels et aujourd’hui, ça n’a pas l’air de déranger les constructeurs qui semblent être sur le point de le doubler.
Alors que Nikon possède désormais 5 (!) boîtiers dans sa gamme full frame (D610, D750, Df (notre test), D810 et D4S), est-ce que le Nikon D810 peut se faire une place dans le coeur et l’esprit des photographes ? Ce test complet va essayer de vous aider à y voir plus clair.
Prise en main et ergonomie
Mis côte à côte, difficile de différencier le Nikon D810 du Nikon D800(E). Le boîtier garde en effet la même allure et la même ergonomie, avec exactement les mêmes boutons.

Seule la position de certains boutons change, mais on parle ici de quelques millimètres à droite ou quelques millimètres plus gros. La fonction bracketing est désormais positionnée sur le côté du flash, la rendant plus accessible. Le choix de la mesure d’exposition est quant à elle reléguée sur la roue de réglages en haut à gauche de l’appareil. Il semblerait donc que Nikon a raffiné le design du D800 qu’il trouvait déjà suffisamment réussi.
Encombrement et préhension
Avec le D810, on est ici en présente d’un reflex « encombrant » qui ne passera pas inaperçu. La poignée est un peu plus creusée par rapport au D800, rendant sa préhension encore plus plaisante.
La prise en main générale est toujours aussi bonne pour ce type de boîtier, qui respire la solidité et l’endurance. Nikon a allégé son boîtier de 20 grammes, avec un poids total de 980 g.
Design et finition
Pas de gros changements côté design, et les finitions sont toujours exceptionnelles. Son châssis en alliage de magnésium lui confère une résistance exemplaire.

Sa tropicalisation renforcée permet de résister sans problème à l’humidité et à la poussière (à condition d’avoir des objectifs également tropicalisés). Et sur ce point, on peut dire que j’aurai éprouvé la bête, car l’appareil a résisté au vent, à la pluie battante et ruisselante sur le boîtier durant toute la journée, ainsi qu’à une forte humidité durant mon voyage en Islande.


La viseur 100% de ce boîtier full frame est toujours aussi agréable (j’ai désormais du mal à repasser sur des viseurs de reflex APS-C…) et les informations affichées sont plus lumineuses et plus claires grâce à une couleur d’éclairage différente (plus blanche alors qu’elle était plutôt jaune/verte sur le D800).
Fonctionnalités
Pour terminer cette présentation, rappelons que le D810 dispose d’un flash pop-up intégré, d’un écran LCD de 3,2 pouces de diagonale (8,1 cm) qui dispose d’une définition plus poussée que le D800 (1 229 000 pixels contre 921 000 pixels), d’une connectivité complète (USB 3.0, prise micro et casque, HDMI, synchro flash) ainsi que de deux slots pour cartes mémoires (1 SD et 1 CF, Nikon n’ayant pas voulu proposer 2 SD comme sur les D610 et D750).
En terme de connectivité, pas de Wifi ni de GPS, mais sur ce genre de boîtier ce n’est pas forcément ce que les photographes recherchent (quoi que).
Le déclenchement du D810 est beaucoup plus silencieux que sur le D800. Et si je n’ai pas de mesure& précise, en tant qu’utilisateur du D800 j’ai réellement senti une différence. Le D800 claque aux oreilles, alors que le D810 est beaucoup plus discret. Malgré tout, on est loin du silence absolu. Ce nouveau déclencheur génère également moins de vibrations que l’ancien modèle, permettant d’éviter le problème de flou que rencontrent certains utilisateurs du D800 à des vitesses relativement lentes comme 1/50.

Performances et qualité d’image
Passons maintenant aux performances et à la qualité d’image du Nikon D810. A sa sortie, le Nikon D800 a impressionné tout le monde avec son capteur de 36 Mpx, et aujourd’hui, le Nikon D810 utilise un capteur de 36 Mpx amélioré et sans filtre passe-bas, comme c’était déjà le cas pour le Nikon D800E.


Pourquoi Nikon se passe-t-il désormais du filtre passe-bas ? Ce dernier était jusqu’alors nécessaire pour se débarrasser de certains effets indésirables comme le moiré, mais au prix d’une image un peu moins nette. Avec les améliorations logicielles, les derniers boîtiers reflex de Nikon sont donc dépourvus de filtre passe-bas et produisent une image d’une bien meilleure netteté.
Un boîtier qui évolue bien par rapport au D800
Pour son D810, Nikon a mis les petits plats dans les grands, et on retrouve des composants utilisés dans le vaisseau amiral de la marque, le Nikon D4s : dernier processeur de traitement d’image Expeed 4, autofocus à 51 points Multi-CAM 3500 FX qui est désormais équipé d’un mode groupé pour fusionner cinq collimateurs adjacents, la mesure matricielle couleur 3D III à 91 000 points.
Ce boîtier emprunte donc de belles caractéristiques du D4s, pour délivrer de meilleures performances.
Si vous voulez photographier du sport ou du reportage, le D810 n’est pas forcément le meilleur boîtier, mais sa rafale passe à 5 images/sec en plein format et à 7 images/sec en crop DX (contre 4 et 6 i/s sur le D800).
Le D810 dispose du nouveau format sRAW, qui lui permet d’enregistrer des fichiers RAWs (NEF dans le cas de Nikon) au quart de la résolution du boîtier, soit 9 Mpx au lieu de 36 Mpx. Le résultat, c’est un fichier bien moins lourd à traiter (2 fois plus petit en Mo), et suffisant pour toute personne qui ne fait pas de recadrage à foison ou n’imprime pas ses images en grand format. Dommage malgré tout que Nikon n’ai pas proposé un format plus intermédiaire, avec par exemple un sRAW à 18 Mpx, résolution idéale pour bon nombre de photographes qui n’ont parfois pas besoin d’autant de pixels.
En terme de performance, le D810 est très réactif, mais on en demandait pas moins à un reflex full-frame de qualité professionnelle.
La batterie du D810 est la même que celle du D800 (EN-EL15) mais l’autonomie est en forte hausse par rapport au D800, avec 1200 vues contre 850 vues (norme CIPA). Ce D810 est donc beaucoup plus efficace dans sa gestion de l’énergie, même si les gros photographes n’oublieront pas de prendre une seconde batterie avec eux pour la route.
Il est bon de noter que le D810 a une plage ISO en natif qui commence à ISO 64, et la vitesse d’obturation maximale est 1/8000s.

Des fonctions vidéos améliorées
En vidéo, ce boîtier permet de filmer en Full HD jusqu’à 60 fps à partir de 64 ISO, et propose quelques fonctions utiles comme un profil vidéo FLAT, utile pour les vidéastes qui retravaillent leurs vidéos en post-prod (c’est un peu le RAW de la vidéo d’une certaine manière). Le D810 dispose aussi de deux micros avant pour enregistrer le son en stéréo (mais pour une qualité professionnelle il est recommandé d’avoir un micro externe).
Au niveau logiciel, ce boitier est toujours plus taillé pour la vidéo avec le mode zebra qui permet d’afficher les zones de surexposition durant la vidéo sur l’écran LCD.
Durant mon test, j’ai eu plusieurs fois un petit problème lors du passage au mode Live View pour la vidéo : l’écran devenait vert ou rose. Désactiver et réactiver le mode Live View a corrigé ce problème, et Nikon ne semblait pas au courant de ce genre d’anomalie, qui ne m’est arrivé que quelques fois.
Si vous utilisez un Picture Control spécifique pour la vidéo, comme par exemple le profil FLAT, notez qu’il n’est pas possible de choisir un profil différent pour la vidéo, et donc lorsque vous repassez en mode photo, il faut sélectionner à nouveau votre profil vidéo, au risque d’avoir des photos un peu… plates (pour le profil FLAT).
Une qualité d’image toujours en hausse
Passons maintenant à la qualité d’image du Nikon D810. Comme précisé plus haut, ce boîtier ne dispose pas de filtre passe-bas, ce qui lui permet de produire des images plus nettes.
En Islande, j’ai pu le tester dans toutes les conditions d’éclairage possible : grand ciel bleu, petits nuages, faible luminosité de fin de journée, tempête de pluie et nuit. Voici une sélection de quelques unes des images réalisées avec ce boîtier. Etant donné que j’ai shooté en RAW, je les ai passé sous Lightroom pour améliorer le contraste et corriger un petit peu la balance des blancs qui était tout le temps en auto (mais au final, l’appareil s’en sort vraiment bien).
















Le D810 dispose d’une excellente plage dynamique, qui m’a même étonné tant il est possible de récupérer du détail dans les zones sous exposées ou sur exposées d’une image. Par image, sur l’image ci-dessous, j’étais en contre jour et ai volontairement exposé ma photo pour le ciel, et dans Lightroom j’ai pu récupérer de très bons détails dans les zones sombres de l’image.


La montée en ISO du Nikon D810 est excellente, comme c’est souvent le cas avec les full frame de Nikon. Lors de ma nuit où j’ai capturé une magnifique aurore boréale en Islande, j’en ai profité pour faire monter les ISO et voir comment se comportait le boîtier. Résultat : jusqu’à ISO 6400 on ne voit pas grand chose, et après par contre ça bruite rapidement. A voir dans les images ci-dessous :






Certains diront que ce D810 bruite plus que d’autres, mais à ce niveau, je pense que l’on s’en moque.
De manière générale, la qualité des photos générées par le Nikon D810 est excellente, et par rapport au D800 il y a un grand pas qui a été franchi. Les personnes venant d’un Nikon D800E ne verront quant à eux pas une énorme différence de qualité.

Le Nikon D810, un full frame pour photographe exigeant
A sa sortie, nous avions peur que le D810 ne soit qu’une petite amélioration du Nikon D800/E. Mais ce n’est pas le cas, et ce boîtier s’améliore dans de nombreux domaines, à la fois en terme de réactivité, de qualité d’image mais aussi de gestion du bruit, d’autonomie et propose de nouvelles fonctionnalités vidéos.
L’abandon du filtre passe-bas et l’amélioration du déclencheur font que les images sont désormais bien plus nettes que celles du D800, sans forcément avoir à utiliser des vitesses rapides.
Malheureusement, si ce boîtier fut l’une des bonnes nouvelles en milieu d’année, l’arrivée du Nikon D750 pourrait changer la donne. Pensé pour combler le trou entre le D610 et le D810, il est fort possible qu’il séduise de nombreux acheteurs potentiels du D810 qui n’ont peut-être pas besoin d’autant de pixels et surtout cherchent un boîtier full frame performant, mais plus léger et surtout ne veulent pas casser leur tirelire (le D750 est positionné à 1000 euros de moins que le D810).
Proposé actuellement à la vente à 3200 euros sur la Fnac, le Nikon D810 a pour lui quelques avantages de taille par rapport au D750 comme une meilleure construction, un déclencheur plus endurant, une énorme résolution, et les formats sRaw et TIFF. Mais le Nikon D750, plus léger et positionné à 1000 euros de moins, risque de lui faire de l’ombre.
En conclusion, le Nikon D810, tout comme c’était le cas pour le D800, reste un boîtier spécialisé qui s’adresse aux photographes exigeants et à la recherche de la qualité optimale.