Vous avez un vieil appareil photo, ou un appareil « vintage » que vous avez retrouvé au fond d’un grenier, sur une étagère chez la grand-mère, ou au fond du garage d’un voisin ?
Quel excitement, quel bel objet, mais il ne fonctionne plus et quand bien même s’il fonctionnait encore, personne n’est capable de vous dire quel type de pellicule utiliser.
En résumé vous venez de récupérer un magnifique presse-papier.
A l’heure où l’argentique vintage n’a jamais été autant à la mode grâce entre autre à la lomographie, que diriez-vous d’utiliser cet appareil avec votre reflex, et ainsi prendre de magnifiques photos numériques vintages ?
C’est possible, vous l’avez même sans doute déjà utilisé sans savoir que cette technique s’appelle TtV, Through the Viewfinder, « à travers le viseur » dans la langue de Molière.
Dans quel but ?
Recycler ou utiliser un vieil appareil photo avec viseur de poitrine, sans pour autant qu’il soit fonctionnel (déclenchement, avance de pellicule, cellule). Ou tout simplement car vous aimez l’effet produit et voulez vous lancer dans ce genre de projet relativement économique.
L’idéal étant tout de même que les éléments optiques ne soient pas endommagés (moisisure, grosses rayures ou autre), afin de ne pas trop détériorer la qualité d’image, et surtout que s’il est complètement fonctionnel vous puissiez l’utiliser pour prendre des photos en mettant une pellicule dedans.
Quel matériel nécessaire ?
Il vous faut donc un vieil appareil photo, les modèles les plus connus sont les Kodak Rolleiflei ou Duaflex ou encore les Brownie Starflex. Bref, de préférence un qui a un verre de visée sur le dessus, ce qui permettra une meilleure maniabilité et une meilleure qualité d’image car le viseur est plus grand et plus accessible. Mais cela fonctionne aussi avec un reflex classique, même si l’effet final est beaucoup moins parlant.
Comme vu en introduction, cela peut être un appareil de récupération, ou si vous êtes vraiment interessé par le procédé vous pouvez en acquérir à moins de 20€ sur ebay ou dans une brocante (foire photo de Bièvre les 4 et 5 juin).
En fonction du style final de l’image désiré, et surtout de l’état initial du boitier que vous avez récupéré, vous pourrez avoir envie de laisser la poussière présente dans le boitier. Si cela vous dérange beaucoup jetez un oeil à la page de Russ Morris au sujet du nettoyage de ce type d’appareil.
Il faut ensuite un reflex muni d’un zoom ou d’un objectif macro, mais ça peut très bien fonctionner avec un compact évidemment.
Comment faire ?
La méthode, aussi simple qu’elle puisse paraître, ne l’est pas forcément. A ce stade de l’article nous n’en sommes encore qu’au stade de la découverte et cela sous-entend tenir deux appareils photos : cadrer le sujet avec le premier, et cadrer et faire la mise au point sur le viseur de ce dernier avec le numérique ce qui n’est pas toujours très facile.
Vous obtiendrez un meilleur rendu en approchant au maximum votre appareil numérique du verre de visée (d’où l’intéret d’avoir un zoom ou un objectif macro), pour essayer de cadrer au plus près des bords du verre de visée.
Comment simplifier et améliorer le système ?
Vous remarquerez rapidement que pour augmenter la qualité du résultat il faut minimiser le plus possible la lumière indésirable circulant entre les deux appareils.
Pour répondre à cette problématique de lumière, simplifier le cadrage avec les deux appareils, et améliorer la maniabilité de l’ensemble le plus simple est d’utiliser un tube de carton aux dimensions de votre l’appareil (si vous avez un duaflex vous pouvez utiliser ce pdf comme patron).
Bien entendu vous trouverez toute l’inspiration nécessaire sur internet et en particulier sur ce fil de discussion flickr. Le système de tube s’appele « contraption » en anglais.
Y a t’il des avantages ?
Vous possédez un objectif à zoom mais il ne fait pas macro ? Aucun probleme, vous allez pouvoir faire de la macro vintage.
Etant donnez que vous photographiez ce que vous voyez à travers le verre de visée, vous pouvez approcher votre vieil appareil au plus près du sujet, et ainsi prendre la photo du sujet magnifié par le verre de visée.
Vous pouvez aussi utiliser cette technique pour faire des photos volées en tournant l’appareil à 90°, vous permettant de prendre en photo ce qui se trouve à droite ou à gauche de manière assez discrete (même si ce n’est pas si discret que ça de se promener avec deux appareils photos l’un au dessus de l’autre).
Doit-on faire du post-traitement ?
A priori oui. Tout du moins un minimum car une fois que vous avez pris vos photos il est préférable de finaliser le rendu en éditant les photos pour les recadrer et supprimer les bords de l’appareil qui n’ont pas grand intérêt.
D’autres utilisations ?
Maintenant que vous savez comment utiliser cette technique à l’air libre, imaginez que vous vouliez prendre une photo sous-marine, mais sans investir dans le caisson dédié à votre boitier numérique.
Vous pouvez reprendre le principe du tube de carton (celui qui évite les interférences de lumière entre le verre de visée et votre appareil numérique), mais cette fois avec un matériau étanche (boite de balle de tennis, boite de pringles, ou n’importe quoi d’autre tant que c’est cylindrique, étanche et noir à l’intérieur).
Plongez votre Brownie ou Rolleiflei dans l’eau et prennez vos photos. Attention à ne pas mouiller votre appareil numérique !
Si vous ne voulez pas abimer votre appareil argentique vous pouvez toujours utiliser un sac en plastique transparent pour l’isoler de l’eau, surtout s’il est encore fonctionnel, ou dans un état cosmétique particulièrement bon. Quelques exemples sur flickr.
Pour découvrir :
Je vous conseille de jeter un oeil sur le site de Russ Morris dont il est fait allusion plusieurs fois déjà dans cet article mais aussi les discussions dans le groupe principal sur Flickr. Et un petit best of pour vous donner envie de vous lancer dans le projet
Conclusion : c’est tellement mieux de faire ça à la main plutot qu’avec un plugin LR ou photoshop 😉
Vous connaissiez ? Vous aimez ? Vous avez déjà essayé ? Faites-nous part de vos retour.