Le rêve de nombreux photographes : être invisible pour pouvoir prendre à volonté tous ces portraits et ces situations exceptionnelles que l’on croise. Pouvoir ainsi s’approcher aussi près que l’on souhaite de son sujet sans jamais rien changer à son attitude ou à son action. En effet, combien de fois pendant nos voyages avons nous hésité à prendre les gens en photo de peur de les déranger ou car la situation était délicate ?
Voici quelques techniques, rarement écrites, pour prendre les gens en photo sans les déranger.
Sommaire
- Demander l’autorisation
- Accepter de payer de temps en temps
- Si la personne refuse ?
- Technique du faux sujet
- Technique du faux sujet avec complice
- Utiliser un télé-objectif
- Techniques avec un smartphone
- La photographie à la ceinture
- Comment camoufler le son du déclencheur ?
- Conclusion : et l’éthique dans tout ça ?
Demander l’autorisation
C’est la plus simple est la plus élégante des solutions. On oublie souvent de le faire et pourtant rares sont les fois où l’on vous dira « non ». Pour maximiser vos chances, vous pouvez engager la conversation par un « bonjour » dans la langue du pays, avec un sourire, suivi de deux ou trois phrases pour faire connaissance. Ensuite, demandez si vous pouvez prendre une photo en mimant le geste, puis sortez votre appareil. Une fois terminé, montrez le résultat à la personne et proposez d’envoyer la photo par email si la personne à une adresse. La carte de visite est alors bien pratique.
Attention, assurez vous de faire vos réglages avant de rencontrer la personne, car vous n’aurez pas son attention indéfiniment.
Accepter de payer de temps en temps
Il est courant que les personnes vous proposent de l’argent contre des photos et dans le fond c’est de bonne guerre (même si cela alimente des débats pour des peuples qui s’habituent à vivre de ce tourisme de l’image). De même si la personne que vous souhaitez prendre en photo tient un petit commerce, avant de lui demander, montrez lui que vous allez acheter un petit quelque chose dans sa boutique. Ce n’est bien sûr pas indispensable, mais c’est toujours plus convenable.
Si la personne refuse ?
Quand la demande est faite avec le sourire, il est rare que les gens refusent. Cependant, si le cas se produit, gardez votre bonne humeur et respectez son choix, d’autres occasions se présenteront et il faudra vous y faire, vous ne pouvez pas prendre tout ce que vous voulez.
Il existe des situations où il est délicat de demander la permission. De même, si vous ne voulez pas interrompre une action comme un travail manuel, une scène entre des habitants, demander la permission casserait la situation que vous souhaitez capturer. Les techniques suivantes permettent de prendre les gens en photo sans rentrer en contact avec eux.
Technique du faux sujet
Ce que j’appelle le faux sujet est le fait d’inclure une personne dans le cadrage sans qu’elle s’en rende compte, pensant que vous photographiez autre chose. Pour que cette technique fonctionne, il faut d’une part faire semblant de fixer votre faux sujet, qui se trouve à proximité de la personne que vous souhaitez photographier : une rue, un ciel, etc. D’autre part, il vous faut un objectif plutôt grand angle : 28mm, 35mm ou 50mm maximum.
Une fois votre faux sujet en visé, la personne pensera quelle n’est pas sur la photo, or votre recul et le grand angle fait qu’elle est dans le cadrage. Elle adoptera alors une attitude plus naturelle. Si votre sujet n’est pas assez centré, vous pouvez pivoter rapidement l’objectif pour prendre la photo quand le sujet ne vous regarde pas. Il est important de ne jamais regarder son vrai sujet, restez concentré sur votre faux sujet.
Technique du faux sujet avec complice
En faisant croire que vous souhaitez prendre en photo votre ami, c’est en fait ce qui se passe derrière, ou juste à coté, qui vous intéresse. Il s’agit de la même technique que précédemment mais cette fois, le faux sujet c’est votre complice.
Pour ce faire, il faut d’abord placer votre complice de façon à ce que sa tête soit à la même hauteur de votre vrai sujet, car par exemple si votre ami se tient debout et que votre sujet est près de ses pieds, les gens verront bien que vous ne cherchez pas à prendre votre ami en photo. À la différence de la technique du faux sujet, il est préférable d’avoir un zoom pour ne pas inclure la tête de votre ami dans le cadrage.
Utiliser un télé-objectif
Cela dépendra évidemment du matériel que vous avez, et naturellement la taille d’un zoom ne passe pas toujours inaperçue, mais c’est une bonne façon de vous éloigner de votre sujet et ainsi de ne pas montrer que vous le prenez en photo.
Si vous prenez un portrait, les zoom haut de gamme f/2,8 auront l’avantage d’une grande ouverture, vous permettant de détacher fortement le fond du sujet ou de prendre dans des conditions de lumière difficiles. Mais cela se fera au prix d’un objectif encombrant, lourd et coûteux.
Techniques avec un smartphone
Avec un smartphone, c’est presque trop facile, surtout s’il y a une caméra avant et arrière. Vous pouvez faire semblant de vous prendre en photo ou avec votre ami, en tenant l’appareil à bout de bras. Faites un grand sourire et c’est en réalité ce qui se passe devant vous que vous prenez en utilisant la deuxième caméra. Attention bien sûr à ne pas déclencher le flash !
Vous pouvez également prendre des photos tout en prétextant écrire un message, écouter de la musique (ne pas oublier de mettre les écouteurs) mais dans tous les cas, pour que ça soit crédible, il ne faut jamais regarder votre sujet dans les yeux.
La photographie à la ceinture
Souvent considérée comme la meilleure façon de prendre sans être remarquée, certains photographes en ont fait leur spécialité. C’est aussi celle qui requiert le plus de maîtrise. Cette technique consiste à laisser son appareil autour du coup, en bandoulière, près de la ceinture. Le bras peut éventuellement reposer sur l’appareil, tout semble normal. En réalité, votre autre main est sur le déclencheur et prend des photos.
Il est clair qu’il vous faudra apprendre à viser sans viser. Faites des essais avant, prenez conscience de votre hauteur, de l’angle de votre objectif et de votre proximité avec ce que vous désirez photographier. Il est important de ne pas regarder votre sujet au moment où vous prenez la photo.
Attention de bien régler au préalable votre appareil. Il est conseillé de se mettre en hyperfocale ou au moins avec une vitesse élevée et un diaphragme assez fermé de façon à éviter tout flou lié à vos mouvements et conserver une profondeur de champ suffisamment grande. Enfin, ne regardez pas vos photos sur le moment, de toute façon ça ne changera rien, vous pourrez les regarder plus tard. Dites vous bien que seulement une ou deux photos seront bonnes dans toute votre série.
Comment camoufler le son du déclencheur ?
À moins de mettre un gros pull dessus vous ne pouvez pas. Certains appareils ont une option pour réduire le son mécanique, mais personnellement je n’entends pas la différence, c’est tout aussi bruyant. Dans ce contexte les reflex Canon par exemple ont une certaine avance sur Nikon, avec un mode silencieux bien plus efficace. Sans parler des hybrides dont l’absence de miroir permet un vrai silence de prise (comme les compacts).
Dans tous les cas ce bruit ne posera de problème que si vous êtes dans un lieu très calme, vous devrez alors prendre moins de photos et si vous sentez que ça a gêné, vous pouvez toujours prétexter d’avoir appuyé malencontreusement sur le déclencheur : votre bras s’appuyant sur l’appareil, c’est tout à fait plausible 🙂
Conclusion : et l’éthique dans tout ça ?
Nous laissons à chacun le soin d’apprécier le caractère éthique de ces pratiques. Elles existent, et le caractère éthique n’est qu’à l’image de ce que vous en ferez : il est tout à fait possible de photographier une personne à la ceinture et de lui demander après coup si vous pouvez garder la photo. D’un point de vue photographique, il est souvent difficile de savoir comment une image a été prise et souvent seul le résultat compte. Nous sommes déçus de penser que le baiser de Doisneau ait pu être préparé tout comme nous sommes heureux, en voyant cette photo, d’imaginer autant de beaux moments que Doisneau a su capturer.