Sorti en 2012, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 est souvent cité comme l’une des plus belles réussites du système Micro 4/3. Compact, lumineux et offrant une focale équivalent 150 mm, il reste aujourd’hui encore une référence pour les amateurs de portrait et de bokeh.
Mais que vaut réellement cet objectif en 2025 sur les boîtiers hybrides d’OM System ? Les acclamations de l’époque justifient-elles encore de l’avoir dans son attirail photographique ?
C’est ce que nous allons voir dans ce test terrain complet de l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8.
Sommaire
Présentation du M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8
Le M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 d’Olympus est un téléobjectif à focale fixe équivalent 150 mm en plein format. Sa grande ouverture de f/1,8 le destine avant tout au portrait, où il excelle pour isoler le sujet grâce à une profondeur de champ très réduite et un flou d’arrière-plan doux et progressif (le fameux “bokeh”). Mais il se prête aussi très bien à la photo de concert, au mariage ou même au paysage, lorsque l’on recherche un rendu plus « compressé » et singulier.
En termes de construction optique, l’objectif est composé de 10 éléments répartis en 9 groupes dont 3 lentilles ED (dispersion ultra faible) qui doivent corriger l’aberration chromatique et 2 lentilles HR (haute réflectivité) qui corrigent l’aberration sphérique. Le diaphragme à ouverture circulaire se structure en 9 lamelles et ouvre à f/1,8.
Toutes les lentilles profitent du traitement ZERO d’Olympus (Zuiko Extra-low Reflection Optical) pour minimiser le flare et les artefacts (à contre-jour par exemple). Côté autofocus, l’optique mise sur un moteur MSC (Movie and Still Compatible) à mise au point interne, censé offrir une mise au point rapide et silencieuse.
En revanche, l’Olympus 75 mm f/1,8 fait l’impasse sur la tropicalisation et la stabilisation. Ce premier point peut être un frein pour certains photographes aventureux. Pour le second, heureusement, on pourra toujours compter sur l’excellent système de stabilisation des boîtiers Olympus et OM System.
Voici la liste des caractéristiques de l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 :
- focale : 75 mm (150 mm équivalent plein format)
- objectif à monture micro 4/3
- ouverture min : f/1,8
- ouverture max : f/22
- angle de champ : 16°
- construction optique : 10 éléments et 9 groupes (3 lentilles ED et 2 lentilles HR)
- diaphragme : 9 lamelles (circulaire)
- distance minimale de mise au point : 84 cm
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : non
- grossissement max : 1:5
- mise au point : AF MSC
- diamètre du filtre : 58 mm
- dimensions : ø 64 x 69 mm
- poids : 305 g
- accessoires fournis : bouchons avant et arrière
- prix au lancement : 999 €
Prise en main de l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8
Dès la première prise en main, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 séduit par sa qualité de fabrication. Le fût entièrement métallique inspire confiance et l’ensemble respire la solidité. C’est du sérieux et ça se voit !
Côté mensuration, l’optique mesure 6,4 cm de diamètre et 6,9 cm de long, avec un poids relativement contenu de 305 g. On aurait certes pu s’attendre à une optique plus légère compte tenu de son gabarit et de son appartenance au système micro 4/3. Cela étant, il s’accorde parfaitement avec des boîtiers comme les OM-5 / OM-5 Mark II ou OM-1 / OM-1 Mark II.
Le diamètre de filtre est de 58 mm. La lentille frontale, particulièrement large, produit son petit effet. Mais il conviendra de la protéger, car elle sera très exposée aux poussières ou aux gouttes d’eau. D’autant que le pare-soleil n’est pas fourni avec l’objectif, ce que nous regrettons.
La bague de mise au point manuelle est située au centre du fût. Elle est large et sa course linéaire est souple sans être trop molle, conférant ainsi une prise en main rapide, précise et agréable à utiliser. Elle actionne un moteur interne et ne possède donc pas de butée.
En revanche, contrairement à la gamme Pro des objectifs Olympus, on regrette l’absence de bouton personnalisable ou de commutateur AF/MF.
Au final, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 est particulièrement réussi et séduit par sa qualité de fabrication.
Mais sur le terrain, la qualité d’image est elle au rendez-vous ? C’est ce que nous allons voir dans la partie suivante.
Qualité d’image de l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8
Nous avons pu tester l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8, sur plusieurs boîtiers : un Olympus OM-D E-M5 Mark II (capteur 16 Mpx), Olympus OM-D E-M1 Mark II (capteur 20 Mpx) et enfin un OM-System OM-1 (capteur rétroéclairé et empilé de 20 Mpx). De quoi rendre compte de son comportement par rapport à ces 3 capteurs.
Vous pouvez cliquer sur les images pour les voir en meilleure qualité.
Sensation de piqué
Après plusieurs mois d’utilisations, de shooting en mariages, en portraits ou en pleine nature, le constat est clair et sans équivoque : l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 offre une très bonne qualité d’image.
Dès la pleine ouverture, la sensation de piqué est très bonne. La restitution des détails est chirurgicale. L’homogénéité est également très convaincante. Du centre au bord de l’image, la netteté est remarquable. C’est une optique conçue pour travailler à pleine ouverture et ça se sent.
Sans surprise, dès que l’on ferme le diaphragme, les performances sont encore meilleures. Typiquement dès f/2 la restitution des détails est excellente en tout point du centre aux extrémités de l’image.
La diffraction devient assez notable à partir de f/11, et le piqué baisse assez sensiblement. Les lois de la physique sont immuables, même dans l’univers de la photographie. Dans tous les cas de figure, que l’on soit sur un capteur d’ancienne génération ou sur le capteur empilé de l’OM-1, l’optique répond parfaitement et le résultat est excellent.
Aberrations chromatiques
Les aberrations chromatiques sont très bien maitrisées de manière générale grâce au traitement Zuiko. En contre-jour, les aberrations deviennent plus marques – mais il est difficile d’y échapper dans ces conditions. Ce type de défaut est facilement traitable en post-traitement.
Avec une longueur focale de 75 mm (équivalent 150 mm en FF), l’angle de vue est réduit à 16°, rendant les conditions favorables pour éviter le flare dans la plupart des situations. Néanmoins, lorsque l’on cadre à contre-jour avec le soleil dans le coin du cadre, le flare apparaît dès la pleine ouverture. En fermant le diaphragme à f/8, le flare est toujours présent avec l’apparition prononcée de ghosting plus ou moins esthétique.
Prendre des images à contre-jour induit également une légère perte de contraste dans l’image. En portrait à l’heure dorée, cette contrainte peut s’avérer être l’effet recherché pour créer une ambiance singulière.
Dans tous les cas, pour limiter le flare au maximum, l’acquisition d’un pare-soleil s’avère judicieuse…
Distorsions
En termes de distorsion, cet objectif est un bon élève, avec une distorsion très bien maîtrisée, voire même inexistante dans la plupart des situations.
Vignettage
À f/1,8, le vignettage est visible, mais reste léger. Il disparaît dès f/2,8 Sur le terrain, cette caractéristique intrinsèque permet cependant de légèrement « encadrer l’image » à pleine ouverture, ce qui peut être intéressant dans la composition.
Et le bokeh, dans tout ça ?
Le bokeh est l’un des grands points forts de cet Olympus 75 mm f/1,8. Le diaphragme circulaire à 9 lamelles produit des bulles régulières et un flou d’arrière-plan particulièrement doux. Le rendu très agréable à l’œil, avec une transition progressive entre la zone de netteté et le flou. De quoi ravir les photographes de portrait, notamment;
Le léger vignettage à f/1,8 se traduit par un léger effet « œil de chat » sur les bords de l’image. Mais cela reste très discret visuellement et ne perturbe pas la vision globale de l’image. L’effet d’onion ring est absent.
La longueur focale de 75 mm (équivalent à 150 mm en FF) combinée à une grande ouverture du diaphragme permet de vraiment détacher le sujet du fond et d’obtenir un beau flou d’arrière plan.
Une fois que l’on y a goûté, il est difficile de ne pas toujours vouloir déclencher à pleine ouverture pour donner à ses images un subtil concentré de rêverie et de poésie.
Performance de l’autofocus
Avec les progrès de ces dernières années sur les modes de détection AF basés sur l’IA, à quoi peut-on s’attendre en termes de performance avec cet objectif datant de 2012 ?
L’optique est dotée d’une mise au point interne avec un mécanisme d’entraînement à vis MSC (Movie and Still Compatible). L’autofocus est plutôt réactif – même s’il y a une différence notable avec la gamme PRO et leur AF précis et très rapide.
En effet, connaissant cette gamme, il est certain que l’AF de cet Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 est moins véloce lorsqu’il s’agit de capter des scènes qui demandent à la fois de la précision et de la rapidité d’exécution. Pour autant, dans la plupart des situations, l’autofocus ne souffre pas d’effet de pompage et accroche bien le sujet. Globalement, l’AF est précis et silencieux.
Pour le suivi AF, l’objectif a été testé en condition de suivi de sujet avec le mode AFC et la détection des yeux. Lorsque les mouvements du sujet sont assez doux, l’autofocus de l’objectif se débrouille plutôt bien. En revanche, pour la photo d’action, il était difficile de ne pas rater sa cible, surtout quand le sujet est rapide. La longueur focale n’aide pas et l’objectif souffre d’effet de pompage par moment, car le moteur AF ne suit pas toujours.
Le moteur AF de cette optique, conçu avant l’ère de la détection par IA, ne permet pas d’exploiter pleinement les capacités de suivi des boîtiers récents. Ce décalage montre à quel point la réactivité de l’objectif reste un maillon essentiel pour que l’AF boosté aux algorithmes puisse s’exprimer réellement.
Distance minimum de mise au point
La distance minimale de mise au point est de 84 cm. Soit une valeur plutôt classique pour ce type d’objectif… mais qui s’avère limitante dans les petits espaces, ou lorsque l’on souhaite s’approcher du sujet sans vouloir changer d’objectif.
Pour du portrait ou des séances lifestyle par exemple, on cherche souvent à multiplier les prises de vue d’une même scénographie en gardant la même optique. Dans ce cas, la distance de MAP de 84 cm peut être perçue comme une réelle contrainte. Il faut donc toujours garder à l’esprit ce paramètre pour anticiper et ainsi être plus efficace.
Malgré cette distance minimum de mise au point, du fait de la longueur focale, le cadrage serré est aisé dans la plupart des situations.
Face à la concurrence
Si l’on regarde de plus près, dans le monde du micro 4/3, cette optique n’a pas de concurrence directe et peut se targuer d’être le seul téléobjectif à focale fixe avec une ouverture aussi lumineuse.
Pour autant, nous pourrions tout à fait citer le Sigma 56 mm f/1,4 DC DN Contemporary qui une fois monté sur un boîtier micro 4/3 équivaut à un 112 mm f/1,4. Sa focale lui permet de rester dans le même esprit du petit téléobjectif : la comparaison est donc pertinente.
D’autant plus que le Sigma a des arguments à faire valoir : presque deux fois moins cher (429 €), plus léger, plus compact, plus grande ouverture, distance de mise au point plus courte… et pare-soleil inclus. Que demander de plus ?
Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 : séduisant, mais pas sans concessions
Plus de dix ans après sa sortie, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 conserve toute sa superbe, avec un piqué remarquable dès f/1,8, une excellente qualité d’image, des aberrations bien maîtrisées et une construction tout métal du plus bel effet. Compact et léger pour un téléobjectif, il s’emporte facilement partout.
Malgré ses qualités optiques indéniables, quelques concessions subsistent, surtout au regard de son tarif. L’autofocus est efficace pour des sujets statiques (ou aux mouvements très doux). En revanche, ses performances en suivi ne peuvent égaler celles des optiques plus récentes. Avec un boîtier comme les OM-1 / OM-1 Mark II, la motorisation AF peine à suivre la cadence.
De même, l’omission de la tropicalisation, d’un bouton programmable ou d’un commutateur AF/MF, peuvent décevoir. On regrette aussi l’absence de pare-soleil inclus, pourtant présents sur la gamme Pro. D’autant que son tarif aurait (largement) justifié une appellation « Pro ».
Pour autant, par son positionnement unique, sa compacité et ses performances optiques, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 reste un excellent choix pour compléter votre parc optique. Photographier avec ce caillou, c’est partir en quête d’images spécifiques et évocatrices. L’objectif, malgré son âge, conserve sans conteste son statut de must-have pour du portrait au micro 4/3.
L’OM System M.Zuiko Digital ED 75 mm f/1,8 est proposé (neuf) au tarif de 999 €. En occasion, il est proposé à partir de 349 €. Notez que les versions brandées Olympus et OM System sont strictement identiques.
