À l’occasion du Salon de la Photo 2025, nous avons rencontré Nicolas Gillet, directeur marketing et communication de Nikon France. Il revient sur la Nikon ZR, première caméra issue du rapprochement entre Nikon et RED, le nouveau zoom 24-70 mm f/2,8 S II ainsi que les atouts de la monture Z, notamment en termes de parc optique.
Place à l’interview.
Quel a été votre plus gros succès de ces 12 derniers mois ?
Nous avons quatre produits qui sont assez proches les uns des autres. Le Z50 II, le Z5 II, le Z6 III et le Z8 sont assez proches en volume/valeur. C’est intéressant d’avoir cet équilibre dans une gamme où ces quatre produits trouvent chacun un public différent, évidemment complémentaire pour nous.

Un certain nombre d’utilisateurs de smartphones, notamment de la jeune génération, envisagent d’acquérir un boîtier (neuf ou d’occasion) pour la photo/vidéo. Quels arguments pour les convaincre d’acheter Nikon ?
C’est justement cette gamme qui commence sur des prix relativement abordables.
On a des modèles plus que sérieux en APS-C, avec notamment le Z50 II, qui bénéficie de toutes les technologies modernes d’un Z8 ou d’un Z9 : le processeur, l’autofocus intelligent, etc. Cela permet de faire des choses vraiment différentes de ce qu’on peut faire avec un smartphone.
Évidemment, cela ouvre la porte à la dimension des objectifs interchangeables, et donc à la richesse créative.
Au-delà des produits, il y a aussi tous les services proposés via la Nikon School, un lieu où l’on accompagne ceux qui découvrent la photo – j’allais dire la vraie photo – et qui reste ouvert à tous. On peut aussi venir simplement au Nikon Plaza pour découvrir, discuter avec les équipes, tester les produits ou même les emprunter lors de campagnes de prêt.
Sur le plan de la connectivité, on propose désormais le Nikon Imaging Cloud, qui apporte des fonctions pratiques comme la mise à jour automatique des firmwares, sans même télécharger quoi que ce soit.
Ce cloud permet aussi de stocker ses images via le Wi-Fi, avec un espace de stockage illimité pendant 30 jours. C’est pratique en voyage ou en reportage pour sauvegarder une grande quantité d’images avant de les transférer ailleurs.
Autre aspect intéressant : pour ceux qui ne veulent pas shooter en RAW ni passer du temps en retouche, on propose des profils d’image créatifs (les Picture Control), téléchargeables directement depuis le Nikon Imaging Cloud. Ces profils, appelés désormais recettes d’images, sont proposés par des créateurs. En France, on a désormais ceux de François Lamoureux (chaîne Explique-moi encore), Guillaume Lemaire (Eyes of Belga) et d’autres à venir d’ici la fin de l’année. Il y en a déjà une cinquantaine disponibles.

Enfin, la monture Z reste très ouverte, avec une large gamme d’optiques, qu’elles soient Nikon, compatibles via adaptateurs, ou issues de marques tierces. C’est une vraie richesse.

Nikon a racheté RED il y a un an et a dévoilé la ZR : quel a été le premier accueil par les vidéastes (et boutiques) qui ont pu le prendre en main ? Quelles sont les caractéristiques les plus appréciées sur ce boîtier ?
L’accueil a été très positif. Le rachat de RED, il y a un an et demi, avait suscité beaucoup d’attentes et de fantasmes… et on les a concrétisés assez vite.

La Color Science intégrée à la ZR, avec le REDCODE et le LOG Red, donne accès à une image de qualité cinéma pour un prix vraiment imbattable. Ça ouvre de nouvelles façons de travailler, notamment en RAW, pour profiter de toute la puissance du boîtier.
C’est un peu comme à l’époque de la 4K : au début, on disait “c’est trop lourd, ça prend trop de stockage, je préfère filmer en Full HD, personne n’a besoin de 4K”. Aujourd’hui, on ne se pose plus la question.
Demain, on filmera tous en RAW pour bénéficier de la qualité, de la flexibilité et de la richesse des images, avec des fichiers plus lourds, certes, mais tellement plus confortables à traiter. D’ailleurs, ça ne nécessite pas forcément des machines plus puissantes et c’est plus efficace en termes de compression et de débit que du ProRes RAW.
L’autre point marquant, c’est l’écran très confortable, à la fois grand, très lumineux et très bien défini. Certains font le rapprochement avec des smartphones haut de gamme.

La caméra a aussi des capacités inédites en audio, avec du 32 bits flottant en interne et dispose d’une griffe digitale pour aller encore plus loin. Même sans accessoire, tout fonctionne déjà de manière hyper performante.
Et puis, la monture Z est un atout majeur : c’est la plus courte en tirage mécanique et la plus large du marché. On peut y adapter n’importe quelle optique, que ce soit en monture PL ou des montures concurrentes, avec simplement une bague d’adaptation, et ça fonctionne très bien.

Cela facilite la conversion pour les vidéastes déjà équipés chez RED ou ailleurs, qui veulent garder leur parc optique. Beaucoup de cinéastes utilisent d’ailleurs encore des anciennes optiques Nikon AIS pour leur caractère unique. Sur la monture Z, tout est adaptable : c’est un énorme avantage.
Nikon a renouvelé son zoom Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S avec une v2 plus légère et compacte : quelles sont les autres améliorations pour la photo ?
Elles sont nombreuses ! Ce n’est d’ailleurs pas qu’un objectif photo : il a été amélioré sur tous les plans. D’abord, il est plus léger et compact, avec une nouvelle formule optique plus performante et de nouveaux moteurs autofocus, plus rapides et plus précis.
Il bénéficie aussi de nouveaux traitements, notamment le traitement mésoamorphe, qui corrige les rayons incidents pour une meilleure gestion des aberrations et des images fantômes.

C’est aussi désormais un zoom interne, plus résistant aux intempéries. Il y a moins de zones potentielles où la poussière ou l’humidité peuvent rentrer. Enfin, sur un gimbal c’est plus équilibré car le centre de gravité ne bouge quasiment pas. On a une nouvelle bague cliquable pour la bague de contrôle qui est paramétrable et désactivable via un simple interrupteur. C’est assez confortable à l’usage.
L’optique a aussi un diamètre de filtre plus petit à 77 mm, ce qui permet d’utiliser des filtres un peu moins chers et peut-être plus commun.
Enfin, le diaphragme de l’optique passe à 11 lamelles au lieu de 9, pour un bokeh plus doux et harmonieux.
C’est donc une belle évolution, à la fois pour la photo et la vidéo, d’autant que le moteur est non seulement plus rapide mais aussi plus silencieux.
Le Nikon Zf est désormais disponible en version silver. De son côté, le Zf c commence à dater, la relève est-elle prévue ?
Je ne peux pas donner de détails sur les évolutions à venir. Chaque chose en son temps : on se concentre aujourd’hui sur le lancement de la ZR, et le Z5 II qui est encore tout récent.

Côté optiques, on note une ouverture progressive de la monture Z, avec notamment Tamron, Laowa, Viltrox, Sigma (APS-C seulement), etc… : quelle est la stratégie pour Nikon ?
Ce développement du parc optique est une très bonne chose. C’est évidemment complémentaire à notre propre gamme, mais aussi rendu possible grâce aux bagues d’adaptation qui peuvent se monter sur la monture Z.

On a aujourd’hui un système Z qui est sans doute celui qui offre le plus grand nombre d’optiques potentielles utilisables. C’est positif pour le consommateur, qui a ainsi un choix plus large.
Je n’ai pas de détails à partager sur les échanges industriels ou les brevets entre Nikon et les autres marques, mais je vois d’un bon œil cette ouverture : plus de possibilités pour les utilisateurs, c’est toujours bénéfique.
L’arrivée d’optiques “tierces” vient créer des bizarreries, comme le nouveau 70-180 mm G2 lancé par Tamron qui se positionne frontalement face au Nikkor Z 70-180 mm. Cet objectif a-t-il encore du sens sur la monture ?
Nikon a innové avec la série des Z 17-28 mm f/2,8, Z 28-75 mm f/2,8 et Z 70-180 mm f/2,8, des ouvertures constantes qu’on n’avait pas du tout sur la monture F.
C’est tout l’intérêt de la monture Z : elle nous permet d’avoir un spectre de gamme optique plus large, grâce à sa conception plus souple en termes de construction. Elle permet de faire des conceptions optiques plus efficaces.
On peut donc proposer des optiques différentes, plus variées, même si la gamme reste en construction – la monture F a 60 ans d’histoire, la Z n’en a que 7.
Ces objectifs à ouverture constante f/2,8 sont très abordables, un bon compromis pour ceux qui veulent une ouverture constante. C’est un compromis par rapport aux versions S, notamment par rapport au 24-70 mm f/2,8 S II. C’est aussi un gain de poids, et on observe un compromis assez modeste en termes de qualité : ce sont des optiques performantes, avec un très bon rapport qualité-prix en monture native.
Le fait que plusieurs marques proposent des optiques proches, ce n’est pas nouveau : c’était déjà le cas à l’époque des reflex.
Au final, c’est le consommateur qui choisit selon ses besoins et ses critères. On assiste aujourd’hui à une évolution des gammes qui rappelle un peu cette époque-là, avec une diversité d’offres bénéfique pour tous.
Merci à Nicolas Gillet d’avoir répondu à nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Nikon France pour cette interview.
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